Le Cinévog, récemment lancé par Moncef Dhouib, pourrait fermer ses portes. Pour trouver une solution, les nombreux appuis et amis de cet espace culturel se réuniront le samedi 18 février à partir de 11h. Messages solidaires et promesses de soutien ont ponctué ces derniers jours laissant entrevoir une sortie de crise qui pourrait être accélérée grâce à une intervention du ministère des Affaires culturelles... La nouvelle est tombée dimanche dernier par le biais d'un post sur le réseau facebook. Moncef Dhouib annonçait jeter l'éponge et ne plus pouvoir mener à son terme son projet d'espace culturel au Cinévog du Kram. Tenaillé par une gestion plus lourde que prévu et une relative désaffection du public pour toute offre fondamentalement culturel, Dhouib, amer, rappelait tout le monde à l'ordre en soulignant que la culture véritable n'était pas seulement une question de média mais bel et bien un travail de terrain. Faudrait-il répéter que ce travail de proximité est harassant, peu rentable matériellement et toujours remis en question? Un lieu de proximité pour quel public? Diriger un espace culturel n'est pas une sinécure, loin de là! Et lorsque cet espace évolue dans le secteur privé, les seuils de rentabilité sont souvent difficiles à atteindre, quelque soit le soutien engrangé. Dhouib voudrait faire de l'espace qu'il anime un lieu de proximité. La question reste ouverte: peut-on envisager un espace de proximité dans la banlieue du Kram? Le public doit-il être recruté parmi les résidents du quartier? Existe-t-il des options de rayonnement plus larges? Toutes ces questions et bien d'autres seront discutées au cours d'une journée portes ouvertes qui aura lieu ce samedi 18 février à partir de midi au Cinévog. Cette initiative de réunir amis et soutiens a été prise par Moncef Dhouib le 14 février et trouve son origine dans l'expression des nombreux appuis qui ont émis le voeu que le Cinévog continue son aventure. En effet, l'annonce de Dhouib avait été suivie par un très grand nombre de réactions qui toutes allaient dans le sens du soutien à l'espace culturel qu'il a créé. Se pose maintenant la question: comment concrétiser effectivement ce soutien et le matérialiser? Les pistes sont nombreuses et dépendent aussi des capacités techniques et matérielles de l'espace et il est certain que les discussions qui se dérouleront ce samedi permettront de défricher le terrain pour que perdure l'initiative de Moncef Dhouib. Le soutien annoncé du ministère des Affaires culturelles Très rapidement, le ministère des Affaires culturelles avait réagi et offert son soutien tout en assurant par la voix du ministre en personne qu'il n'était pas question de laisser couler le Cinévog. Cette réaction du département de la culture est à saluer et devrait apporter du grain à moudre pour le projet en difficulté. La réactivité du ministre est en soi un bon signe qui confirme que l'institution tutélaire veille à la continuité de tous les projets. récemment, le ministère apportait son soutien à une autre entreprise en difficulté, en l'occurrence le festival Jazz à Carthage et ce dans le cadre d'un projet de partenariat public-privé. Il est possible que pour le cas du Cinévog, on s'oriente vers une formule similaire, d'autant plus que le ministère des Affaires culturelles avait depuis quelque mois annoncé sa volonté d'apporter un soutien fort aux initiatives privées dans le domaine culturel. Encore faudrait-il aussi réfléchir en termes de statut de tous ces commerces culturels dont certains sont plus budgétivores que d'autres. Ainsi, même si les difficultés sont souvent les mêmes, une librairie ou un café culturel n'ont pas la même approche et les mêmes contraintes qu'un espace multifonctionnel comme le Cinévog. Il importe aussi de se pencher sur les initiatives qui sont plutôt couronnées de succès à l'image d'El Teatro depuis trente ans ou plus récemment de l'Agora. Il convient aussi de tirer la leçon de l manière dont les artistes de théâtre ont pu reprendre les cinémas en difficulté et ont parvenu à y inscrire leurs projets dans la durée. Les exemples sont nombreux avec El Hamra ou Le Mondial qui font preuve de dynamisme et d'ingéniosité malgré les difficultés. Identifier les conditions de continuité du projet Enfin, l'expérience de Habib Belhedi au Rio est également digne d'intérêt. Avec un profil proche du projet de Dhouib, le Rio s'en sort plutôt bien même si encore une fois, les écueils sont nombreux. Enfin, le cas de Madart à Carthage est à distinguer puisque les animateurs actuels ont bénéficié d'un espace quasiment clés en main alors que Dhouib a du consentir des investissements lourds pour remettre le Cinévog - alors fermé depuis quinze ans - dans le circuit culturel. Qui peut le plus peut le moins, dit-on dans ces cas! Et il est vrai que Moncef Dhouib a réalisé le plus difficile soit faire renaître une salle et sauver un espace tout en l'équipant convenablement. Il s'agit maintenant d'étudier et trouver les conditions de la continuité de ce projet. Cette journée portes ouvertes s'annonce comme une bonne occasion de le faire. En tout état de cause, cette crise par laquelle passe le Cinévog aura déjà eu un impact positif en permettant à Dhouib de mobiliser ses appuis et alerter les autorités culturelles. Le reste est maintenant affaire de concertation et de suivi pour que le Cinévog trouve le projet qu'il pourra le mieux porter et, aussi, que le public comprenne que lui également a des responsabilités dans le vécu d'une salle ou d'un centres qu'ils soient publics ou privés. Un dossier à suivre en attendant les solutions adéquates...