Le déficit commercial est passé du simple au double, soit de 507,2 millions de dinars (MD) en janvier 2016 à 1221,8 MD en janvier 2017, soit un écart de 714.6 MD Un des maux dont souffre, actuellement, l'économie tunisienne est, sans conteste, le problème du surendettement et du déficit de la balance commerciale, ce qui se répercute, négativement, sur les grands équilibres budgétaires du pays. Or, parmi les principales causes de cette situation, que les experts qualifient d'alarmante, on cite, en premier lieu, le grand boom enregistré par les importations faisant grimper le déficit commercial à des niveaux records. Qu'on en juge. Selon les dernières statistiques officielle de l'INS, rendues publiques le 13 février 2017, concernant l'évolution des échanges commerciaux avec l'extérieur, le déficit commercial est passé du simple au double, soit de 507,2 millions de dinars (MD) enregistrés en janvier 2016 à 1221,8 MD au cours du même mois de cette année, soit un écart de 714.6 MD. Il en est de même pour le taux de couverture des importations par les exportations qui a régressé de plus de 15 points de pourcentage passant de 80,2% en 2016 à 64,8% cette année. Il faut dire que la frénésie des importations s'est poursuivie à un rythme vertigineux au cours de ce début d'année en enregistrant une hausse de 35,6% pour un volume de 3474,8 MD contre une baisse de 18% enregistrée une année auparavant. Ce qui a fait dire aux économistes avertis qu'il s'agit d'un seuil alarmant qui justifie l'appel lancé par la Banque Centrale de Tunisie (BCT) dans sa dernière note d'analyse pour limiter les importations improductives. On est en train de subir une spirale sans fin, avertissent les spécialistes. En ce début d'année 2017, la situation est plutôt catastrophique. D'après BCT, les réserves en devises se sont établies, le 10 février courant, à 11,867 milliards de dinars, soit l'équivalent de 100 jours d'importations. Les réserves de change, au cours du mois dernier, étaient à 12,1 milliards de dinars contre 13,3 milliards à fin janvier 2016, ce qui nous ramenait, déjà, à 105 jours d'importation (contre 121 jours d'importation en janvier 2016). Le repli, en à peine quelques semaines, est spectaculaire ! A rappeler qu'à fin décembre 2016, les réserves en devises couvraient 114 jours d'importations contre 127 jours à la même période en 2015. C'est dire qu'il y a vraiment urgence à relancer sérieusement le tourisme et les exportations, notamment le phosphate, et à freiner les importations pour reconstituer le matelas de devises. Ce qui aurait, aussi, automatiquement pour effet la réduction substantielle du recours à l'emprunt extérieur ... Pour revenir à ces importations, il est à souligner que la Chine reste le pays avec lequel la Tunisie enregistre le déficit commercial le plus important (-3.151,4 MD), suivie par l'Italie (-1.335,6 MD), la Turquie (-1.156,5 MDT) et la Russie (-1.052,4 MD). Une telle situation a amené plusieurs experts à soulever des points d'interrogation, à savoir : Pourquoi encourage-t-on les importations en textiles et autres produits superflus de la Chine alors que les entreprises tunisiennes croulent sous les dettes à cause entre autres du commerce parallèle et de la crise aigue et trouvent ainsi des difficultés pour écouler leurs produits sur le marché local. Certains pays comme la Turquie protègent leurs marchés. Ce dernier n'admet pas nos produits textiles et les bloquent par des conditions normatives strictes. Par ailleurs, il est légitime de se demander qui se trouve derrière le dérapage du déficit avec la Chine passé de 1,990 milliard de dinars en 2011 à 3,474 milliards en 2016 ?! Il est inadmissible, également, qu'on enregistre un déficit aussi grave avec la Turquie dont on importe des produits, souvent, inutiles, sachant que l'évolution négative vis-à-vis de ce pays ne cesse de se détériorer depuis l'avènement de la Troïka en 2012. Cette dernière ayant accordé un régime de faveur à ce pays et des privilèges, économiquement, à sens unique. Ainsi, des cris d'alarme sont lancés depuis des mois déjà quant à la nécessité de réviser les accords d'échanges commerciaux avec certains pays auxquels on n'a hésite pas à accorder des avantages pour une raison ou une autre, sans oublier de relever l'opacité qui enveloppe les intermédiaires chargés d'effectuer des opérations dont les importations. En tout état de cause et abstraction faite des considérations de toutes sortes, les experts économiques s'accordent à souligner l'urgence d'une action ferme pour faire toute la lumière sur les transactions commerciales avec certains pays afin de les limiter conformément au principe de la réciprocité et de la nécessité de l'équilibre, car il y va de la pérennité de notre économie et de nos entreprises dont certaines souffrent le martyre de cette situation qui perdure...