Quel système éducatif idéal pour faire face aux défis du XXIème siècle ? Il est certain que ce système remettrait en question beaucoup de piliers sur lesquels repose le modèle ancien. L'école est encore une fois remise en question et fait l'objet de critiques nombreuses. Au nombre de ces constats, il a été beaucoup question de décrochage et de retard scolaires. Il a également été question de la piètre qualité de la formation à la fin du parcours secondaire. On a aussi mentionné le faible transfert des connaissances, la difficulté des élèves à réinvestir leurs apprentissages. Les choix de la réforme des cursus éducatifs étaient au centre d'un séminaire national qui a réuni durant trois jours hier à Hammamet, des inspecteurs de l'enseignement et des conseillers en orientation pour réfléchir sur la réforme scolaire, notamment, les domaines d'apprentissage, le temps alloué à chaque matière, les coefficients et l'orientation. Il est bon de rappeler à cette occasion que pas moins de 8.000 tribunes de dialogue ont été organisées sur la réforme du système éducatif. Ce énième colloque national donc a porté sur plusieurs grands axes, notamment les programmes et les outils de l'apprentissage en primaire et en secondaire, les horaires scolaires, les coefficients, l'orientation scolaire ainsi que la préscolaire. A partir de ces axes, des commissions de réflexion composées d'experts, d'inspecteurs, d'instituteurs ont été formées qui vont donner une vision globale de la réforme qui sera par la suite appliquée. M. Adel Hadded, directeur général du Centre international de formation des formateurs et de l'innovation pédagogique a indiqué à ce propos que tous les Tunisiens sont d'accord à dire que l'école est en nette dégradation. La concertation a travaillé à l'émergence d'un nouveau modèle éducatif. « Mieux vaut une tête bien faite qu'une tête bien pleine, dit–il et là l'objectif du ministère de l'Education est de réformer l'enseignement en allégeant tout d'abord les programmes et en les rénovant. La réforme vise aussi une meilleure répartition du temps scolaire actuel qui est souvent peu motivant pour les élèves, anxiogène pour les parents et frustrant pour les professeurs, auxquels il ne laisse que peu d'autonomie. Il faudrait aussi repenser en même temps les contenus, les pratiques d'enseignement et l'organisation pédagogique pour répondre aux enjeux du collège. Nous devons en finir avec les modalités d'apprentissage rétrogrades et laisser libre court à la créativité et l'inventivité. Nous devons mettre en place une école qui tienne compte des besoins des élèves et qui est propice à leur épanouissement. La baisse des performances des diplômés, l'abandon scolaire, la violence scolaire et d'autres phénomènes montrent que ce système éducatif nécessite une révision et une réforme globale. Plus que jamais, l'école doit former une génération d'un haut niveau de qualification pour bâtir le modèle de développement social, économique, environnemental de demain. Refonder, c'est changer dans chaque école, dans chaque établissement, dans chaque classe, le quotidien de l'élève : modalités d'apprentissage, rythmes, évaluation, doivent être au service de la réussite et de l'épanouissement de tous ». Inégalité accrue A l'école, les inégalités entre les élèves se renforcent. Peut-on inverser cette tendance ? L' ‘école tunisienne sait produire de bons élèves .En revanche elle ne réussit pas à faire progresser les mauvais élèves. Ces derniers comme le souligne Adel Hadad seront incapables de continuer leurs études. « L'inégalité face à l'éducation est la première des injustices contre lesquelles il faut lutter. Or elle s'est accrue ces dernières années. Pour inverser la tendance, la réforme s'est fixé un objectif : réduire les écarts de réussite scolaire entre élèves. L'intelligence est une mais elle est multiple. Face à l'hétérogénéité des élèves, souvent présentée comme un frein aux apprentissages, le prisme des intelligences multiples peut apporter un éclairage nouveau et enrichir les pratiques de différenciation. Il ne s'agit pas d'un modèle à suivre de façon impérative mais d'un cadre permettant d'organiser son projet d'enseignement. On peut donc adapter la théorie des intelligences multiples à toute situation d'apprentissage et à tout contexte de classe. La différence est non pas dans le degré de l'intelligence mais dans les types d'intelligence. Le grand intérêt pédagogique d'utiliser l'approche des intelligences multiples, c'est que l'on s'intéresse avant tout aux forces de l'enfant en s'appuyant sur ses intelligences fortes et non à ses déficits en mettant l'accent sur ses faiblesses, comme c'est trop souvent le cas. Cela permet de sortir de nombreux enfants d'un échec scolaire plus ou moins profond. » Selon une étude américaine, 80% des échecs scolaires sont dus à des intelligences fortes jamais sollicitées. Et une fois que l'enfant a renoué avec la réussite, on utilisera ses intelligences fortes pour développer ses intelligences faibles. L'utilisation des intelligences multiples favorise l'interdisciplinarité, autant dans le contenu des cours que dans le travail avec une équipe de collègues ayant des intelligences fortes complémentaires. Par exemple, on pourra étudier la musique en utilisant l'intelligence logique-mathématique, et l'on pourra étudier les mathématiques en utilisant l'intelligence musicale-rythmique. Ce qui est dommage, c'est que cette pédagogie riche en intelligences se rétrécit progressivement au fur et à mesure que l'enfant avance dans sa scolarité. On peut pourtant enseigner dans un esprit "intelligences multiples" jusque dans les universités ou dans la formation des adultes!