Le mouvement de Nidaa Tounes vient de publier un communiqué pour annoncer que l'ancien ministre des Affaires religieuses, Abdeljalil Ben Salem, l'homme d'affaires Ali Hafsi Jeddi ainsi que l'homme d'affaires et expert économique Sofiene Ben Nasser ont officiellement rejoint les rangs du mouvement. Trois recrutements qui viennent complémenter le bal lancé il y a quelques semaines avec l'arrivée de Majdouline Cherni, Mohsen Hassen et Brohen Bessaies. On l'a bien compris, Nidaa Tounes et son directeur exécutif, Hafedh Caïd Essebsi, font tout pour nous faire croire que contrairement à ce que se dit, Nidaa Tounes n'est pas encore fini ; mieux encore, il continue de séduire...certains. Le grand point d'interrogation avec ce nouvel arrivage est relatif à l'ancien ministre des Affaires religieuses Abdeljalil Ben Salem. En novembre dernier, ce dernier a en effet été évincé du gouvernement d'union nationale par son chef, Youssef Chahed. Un limogeage survenu après que le concerné ait tenu des propos désobligeants envers l'Arabie Saoudite. Jugé indiscipliné par rapport aux lignes politiques du gouvernement, Abdeljalil Ben Salem a rapidement été mis à l'écart. Moins de cinq mois plus tard, il est recruté et recyclé au sein du mouvement dont Youssef Chahed fait justement partie. Cela nous renvoie, automatiquement, vers les enregistrements fuités de la fameuse réunion du Comité politique de Nidaa Tounes où l'on a entendu plusieurs dirigeants du mouvement, dont, surtout, Hafedh Caïd Essebsi, se plaindre de l'attitude de Youssef Chahed qui aurait tourné le dos à ses camarades une fois au palais de la Kasbah. Cela nous renvoie, aussi, à la proposition faite à Youssef Chahed et qui consistait à ce qu'il prenne en charge la gestion et la direction du mouvement afin d'essayer d'atténuer les tensions qui y règnent depuis maintenant plus que deux ans. Bien que le chef du gouvernement n'ait toujours pas répondu à cette invitation, par une affirmation du moins, il n'en demeure pas moins qu'il est toujours considéré comme étant un dirigeant phare de Nidaa Tounes. Tous ces éléments nous amènent à poser de sérieuses questions sur le réel objectif de ce nouveau recrutement ; s'agit-il d'une réelle envie d'élargir et de diversifier au maximum les Nidaïens ou est-ce plutôt une simple pincette pleine de provocation à l'adresse de Youssef Chahed et de son équipe ? Dans tous les cas, entre Farid El Béji et Abdeljalil Ben Salem, on ne retrouve plus le Nidaa qui dénonçait, en 2012 et en 2013, l'attitude de son rival de l'époque, le mouvement d'Ennahdha, qui faisait (et continue de faire d'ailleurs) de la politique en se basant essentiellement sur la religion. Il n'a donc pas suffit à Nidaa Tounes de perdre sa crédibilité et la moitié de ses dirigeants, le voilà qu'il continue aujourd'hui de traîner dans cette désillusion d'un parti qu'on qualifiait, à une certaine époque, de parti miracle !