Le professeur universitaire en sciences économiques, Ridha Chkoundali, est intervenu vendredi 2 avril 2025 sur les ondes de Jawhara FM afin de commenter la révision à la baisse des prévisions de croissance économique en Tunisie. Répondant à une question de l'animateur Zouhaier El Jiss, qui évoquait un impact potentiel des taxes douanières imposées à la suite d'une décision du président américain Donald Trump, M. Chkoundali a déclaré : « Je pense que ce recul reflète une des inquiétudes et une anticipation d'une récession économique, d'autant plus que Trump n'a pas encore dit son dernier mot à ce sujet. Les taxes douanières ne sont d'ailleurs toujours pas effectives. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que chaque point de croissance perdu par l'économie européenne entraîne automatiquement un recul de 0,6% de la croissance tunisienne. » Il a ensuite rappelé que les prévisions du Fonds monétaire international (FMI) tablaient initialement sur une croissance de 1,4%, avant d'être révisées à 1,9%. Il a qualifié ces prévisions de plus réalistes que d'autres, en précisant que les institutions concernées ne se basent pas sur les mêmes critères d'évaluation. « Si nous considérons que ces prévisions constituent une ingérence ou une atteinte à notre souveraineté, alors la Tunisie peut retirer son adhésion au FMI », a-t-il poursuivi sur le plateau de l'émission Politica. Ridha Chkoundali a ensuite expliqué la faiblesse des taux de croissance en Tunisie par rapport à ceux des pays voisins du Maghreb, citant notamment le Maroc, qui a atteint 3,9%. Selon lui, les mesures prévues par la loi de finances 2025 manquent de courage et d'ambition. Il a illustré ses propos par plusieurs exemples : « est-il logique de réaliser cette année plus du double des prévisions de l'an dernier avec une loi de finances aussi timorée ? » Il a rappelé qu'en 2024, une croissance de 2,1% avait été prévue, mais que le pays n'avait finalement atteint que 1,4%, soit un écart de 0,7%, ce qui s'est traduit, selon lui, par une perte de deux milliards de dinars au niveau de l'assiette imposable. Il a ajouté que la politique de « compter sur soi » devient caduque face au recours croissant aux emprunts bancaires. Pour 2025, alors que les prévisions tablaient sur une croissance de 3,2%, le FMI prévoit seulement 1,4%. Cela entraînera, d'après lui, des pertes fiscales encore plus importantes que celles de 2024, obligeant l'Etat à recourir davantage à l'endettement, fragilisant encore davantage la politique d'autonomie. Abordant les solutions, Ridha Chkoundali a estimé que, pour un pays de douze millions d'habitants, il est possible de créer de la richesse facilement, en misant sur le secteur privé. « Ni l'Etat, ni les sociétés communautaires ne peuvent créer de la richesse », a-t-il affirmé, tout en soulignant que les sociétés communautaires représentent une nouvelle expérience intéressante, mais qu'elles ne pourront pas remplacer le rôle moteur du privé. « En plus des facteurs économiques que j'ai évoqués, il faut également tenir compte des facteurs politiques et sociaux », a-t-il conclu, en rappelant que la société tunisienne est divisée et qu'il est indispensable de s'unifier pour assainir le climat entrepreneurial. « Quand nos partenaires économiques développent une perception négative de notre système judiciaire, cela affecte directement le climat des affaires », a-t-il averti. « Nous disposons d'un climat des affaires marqué par des politiques économiques exécrables », a conclu Ridha Chkoundali en pointant le système administratif.