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Est-on sûr qu'on n'échappera pas à l'importation ?
Crise dans le secteur du lait
Publié dans Le Temps le 24 - 11 - 2007


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*On va importer 5 millions de litres, sur les quatre semaines à venir...Mais, c'est une quantité négligeable pour un pays qui produit plus d'un milliard de litres...Quelque chose ne colle pas...Et voilà qu'on nous raconte que le secteur informel a toujours été le « régulateur invisible ».
Le secteur du lait a vécu dernièrement une crise passagère. L'offre a été sensiblement inférieure à la demande.
Plusieurs mesures ont été adoptées pour faire face à cette crise passagère qui s'est traduite par un déséquilibre entre la demande croissante de ce début d'hiver qui coïncide avec le cours de l'année scolaire et l'offre décroissante dûe au cycle de la lactation. En effet, les prix à la production ont enregistré une augmentation de 50 millimes, les industriels ont été invités à privilégier l'emballage du lait aux dépens de la production des dérivés. En plus, il a été décidé de procéder à l'importation ! Pourtant, le secteur a démontré des capacités suffisantes de production. Il parvient même à produire de la poudre de lait pendant la haute lactation. Les industriels tunisiens du secteur ont procédé, même, à l'exportation. Elle était certes passagère mais dénotait une autosuffisance évidente. Donc, quelque chose ne tournait pas rond. Selon quelques professionnels, il y a eu une perturbation dans l'affectation du lait produit. Les fromageries ont demandé un surplus de lait frais. Elles ne travaillent plus avec la caséine importée dont les prix ont triplé sur le marché international. Ce dérivé du lait était à la base d'une bonne quantité des fromages blancs mis sur le marché. Personne n'est plus intéressé par son importation. Du coup, les fromagers se replient sur le lait frais. Cette nouvelle demande a influé sur le marché, en cette période de basse lactation. D'autre part, l'augmentation du prix du concentré a influé aussi sur le marché, déjà en situation précaire. Il paraît que les professionnels contestent aussi l'influence du réseau informel sur le secteur et exigent sa mise sous contrôle. Donc, il paraît nécessaire que ce dossier soit définitivement débattu et d'une manière rationnelle. En attendant, le Temps a fait parler les professionnels :
M.S.

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Dr. Abdelhamid Sakli, directeur général de Givlait (Groupement interprofessionnel des viandes et du lait) au Temps
« Nous sommes fiers qu'en Tunisie, nous n'avons pas importé de lait et le prix est resté toujours le plus bas malgré la conjoncture internationale défavorable depuis 2005. »
Depuis quelques semaines, on ne parle plus que du lait et du manque d'approvisionnement de cette matière considérée vitale essentiellement pour les familles qui ont des enfants en bas âge, les malades et les personnes âgées. Nous avons déjà évoqué ce sujet sur nos colonnes et nous avons donné la parole aux professionnels du secteur qui ont lié ce manque essentiellement à la hausse des prix de la matière première, l'orientation des éleveurs vers les colporteurs qui leur offrent, disent-ils, un prix plus attrayant et bien sûr à la période de basse lactation qui devra se poursuivre jusqu'aux premiers mois de l'année prochaine.
Dans le cadre du suivi de ce sujet, nous avons contacté Dr. Abdelhamid Sakli, directeur général de Givlait (Groupement interprofessionnel des viandes et du lait) qui a bien voulu nous répondre.
Dr. Sakli a souligné que d'ici quelques semaines la situation reviendra à la normale puisque un programme d'importation de 5 millions de litres de lait a été décidé et a démarré depuis cette semaine en recevant quelque 45 mille litres. Le rythme sera croissant au cours des semaines à venir jusqu'à atteindre toute la quantité décidée. « En cas de besoin, nous importerons encore plus, mais normalement les 5 millions de litre devront nous suffire », affirme Dr. Sakli.
Notre interlocuteur a ajouté que d'autres indices sont aussi révélateurs de l'amélioration de la situation puisque le pic de la période de basse lactation est déjà passé et la décision annoncée récemment de réviser le prix du lait au niveau de la production encouragera les éleveurs à produire davantage.

Hausse de la consommation de 12% contre 5% en 2006
Expliquant les raisons de ce manque, Dr. Sakli a souligné qu'annuellement la consommation moyenne de lait augmente de 2 à 3%, en 2006 elle a augmenté de 5% et en 2007 elle a grimpé à 12%. Le stock régulateur qui a lui-même baissé par rapport à l'année dernière et la production d'usine qui a baissé aussi vu que les éleveurs se sont orientés vers la vente directe n'ont pas suffi pour satisfaire les demandes additionnelles et c'est ce qui a provoqué cette défaillance. « Ceci en plus de la conjoncture internationale et la forte demande de consommation des pays émergents comme la Chine et l'Inde ce qui a causé une pression au niveau des stocks qui n'ont pas répondu. La crise internationale a même ramené l'Union Européenne à réviser le système du quota laitier. D'ailleurs, je pense le problème est structurel et non pas conjoncturel. A cet effet, nous sommes fiers qu'en Tunisie et ce, malgré cette conjoncture internationale, depuis 2005, nous n'avons pas importé et le prix du lait est resté toujours le plus bas », souligne notre interlocuteur.

« Nous n'avons pas de problèmes au niveau de la gestion du stock »
Pour ce qui est de la gestion du stock, Dr. Sakli a indiqué qu'il n'existe pas de problèmes à ce niveau puisque les centrales laitières et les industriels ont une prime de 40 milimes par litre et par mois pour la constitution de stock. « Nous avons aussi une unité de séchage qui a été remise en marche et a permis cette année de produire 1000 tonnes de poudre de lait à partir de 12 millions de litres de lait contre 8 millions de litres en 2006. La part du lion de cette poudre de lait a été absorbée par l'industrie agroalimentaire », ajoute Dr. Sakli.
Concernant l'exportation, notre source a indiqué que c'est un mécanisme très important pour garder notre place sur le marché international. Toutefois l'exportation doit être rationnelle. En 2007, 6 millions de litres de lait ont été exportés.

Encourager la production des génisses
S'agissant de la stratégie future le directeur général de GIVLAIT souligne : « Actuellement, il s'agit de rationaliser la consommation, d'accroître notre production en augmentant le cheptel soit en important des génisses ou en encourageant la production de la génisse locale, et c'est l'idéal, tout en revoyant les mesures incitatives pour ce type de production. Il convient aussi d'améliorer la productivité des vaches et surtout le cheptel de race pure qui est aujourd'hui au nombre de 203 mille têtes. Ceci en plus de l'intensification des programmes habituels de suivi technique, sanitaire et d'encadrement. L'éleveur doit savoir que l'alimentation doit être rationnelle. Il faut réduire au minimum l'aliment concentré qui est un complément et non une ration de base. Cette matière influe directement sur le prix du lait. Pour cela, il convient de développer les cultures fourragères et d'intensifier l'élevage dans les périmètres irrigués pour ne pas dépendre du concentré ».
Afef BEN ABDELJELIL


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Du côté des gérants des centres de collecte
Mongi : « Il faut réglementer le secteur informel. La moitié de la production nationale échappe à tout contrôle.»
Les 252 centres de collecte du lait constituent le pivot du ramassage organisé en Tunisie. Ils sont les principaux pourvoyeurs des centrales laitières. Leur travail répond à un cahier de charges et respecte les normes d'hygiène dans le transport et la conservation de cette denrée alimentaire fondamentale. La situation dans ce segment de la production laitière en Tunisie connaît des hauts et des bas en fonction de la phase de lactation, de l'offre et de la demande, des cours des dérivés du lait sur le marché international, etc...Lors de cette dernière crise passagère, les centres de collecte ont été fortement sollicités. Mais, ils affirment que la réglementation ne leur accorde pas les moyens pour réussir leur tâche. Mongi explique : « La Tunisie dispose largement de son autosuffisance en matière de lait. La moyenne de production journalière qui avoisine les trois millions de litres/jour couvre largement les besoins du marché, normalement. Mais, le problème, c'est que seules, près de 45% de cette quantité vont dans les usines. Le reste est distribué par le circuit informel. Il va dans les crèmeries, les fromageries artisanales et les ménages. Ce sont les colporteurs qui assurent ce transit. Ils assurent une activité qui échappe à tout contrôle. Leurs prix ne sont pas administrés. Aucun contrôle n'est exercé sur la qualité micro biologique et physique-chimique du lait. Pourtant, la vente du lait cru a été interdite en France depuis 1970 parce qu'il constitue un vecteur principal de transmission de la tuberculose et de bricélose. La vente à travers ce circuit empêche de suivre la traçabilité du produit offert au public. Pourtant, ils approvisionnent des commerces légaux. Ces colporteurs n'ont aucune charge et échappent à tout contrôle. Les normes exigent la nécessité d'établir des cartes professionnelles et d'accorder un agrément sanitaire du produit écoulé sur le marché pour attester l'origine du lait et la situation sanitaire du cheptel. Comment voulez-vous qu'on ne soit pas bousculé par ces intrus qui constituent de redoutables concurrents pendant la basse lactation. Ils peuvent offrir un meilleur prix aux agriculteurs car ils vendent sur le marché informel qui ne dispose pas de prix homologués. Ils obéissent à la loi du marché et exploitent les crises et les pics de la demande pour sévir. Donc, nous ne disposons pas des mêmes armes. Les agriculteurs vendent au plus disant. En plus, nous rappelons aux structures administratives que le communiqué annonçant la dernière augmentation manque de clarté concernant la distinction entre le prix à la ferme et le prix au niveau des centres de collecte, ainsi qu'entre le lait réfrigéré et non réfrigéré comme il est d'usage. Une clarification serait la bienvenue. »


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