«Pourquoi toute cette injustice contre Bizerte ? On a réclamé des solutions sportives et non pas des mesures de sécurité ! » C'est ainsi que les supporteurs du Club Athlétique Bizertin ont manifesté leur colère après l'injustice et la violence qu'a subies le club à Tataouine. Ce sont les blessures physiques et morales conséquentes à ce tristement célèbre match qui ont poussé les supporters cabistes à manifester publiquement et pacifiquement leur colère, juste après la fin du match. Mais ce qui devait être une manifestation de protestation a vite dégénérée. Il y a eu des sit-in dans plusieurs points du centre-ville et devant le siège du gouvernorat. Des jeunes, trop impulsifs, avaient carrément bloqué la circulation à l'entrée du pont mobile. Puis des intrus ont profité de l'occasion pour détruire et voler des biens privés. La grande surface donnant sur l'avenue Habib Bourguiba, a dû baisser ses rideaux avant l'heure de peur d'être saccagée. Arrivés en grands renforts les agents de l'ordre a fini par ramener le calme à coups de bombes lacrymogènes. Ils se sont aussi positionnés dans plusieurs points de la ville et ce à titre préventif. En effet et comme ils s'y attendaient, le lendemain soir quelques quartiers de l'ancienne ville à savoir entre autres « el ksiba, el rahba et la medina » ont été pris d'assaut par des intrus, qui n'ont aucun rapport avec le CAB, et qui ont arrosé les policiers de pierres et autres projectiles inflammables. « Ces personnes ne représentent ni le sport, ni le CAB ni les supporteurs de l'équipe. Leur but était de semer le chaos et de créer le vide dans la ville pour profiter de l'occasion pour voler et détruire les biens privés et publics... » nous ont affirmé des habitants de la ville. La réaction des forces de l'ordre ne s'est pas fait attendre et cinq jeunes ont été arrêtés. La question que se posaient hier par les Bizertins était de savoir d'où venaient « ces délinquants » « C'est le fruit de la marginalisation de notre région et de notre ville » disent certains. « C'est à cause du chômage et de l'oisiveté des jeunes » estiment d'autres, mais tous condamnent énergiquement le recours à la violence comme moyen d'expression et quelle que soit la raison. Victimes de l'injustice, les bizertins le pensent et n'hésitent pas à le crier et fort. C'est que le CAB n'est pas, pour eux, une simple équipe sportive, mais c'est toute une culture, une identification, une représentation, un symbole... Et ce qui s'est passé à Tataouine n'a été que la goutte qui a débordé le vase. Pourquoi y a-t-il célérité et sévérité dans l'application de la loi quand il s'agit d'un match à Bizerte et rien ou presque s'agissant des graves dépassements et de la violence qui ont eu lieu à Tataouine ? Un sentiment d'injustice exprimé clairement par Mehdi Jbelia, chargé des médias au CAB. Un sentiment partagé d'ailleurs par plus d'un, alors que le calme s'était réinstallé, hier, et la vie a repris son cours normal.