Pour la 2e saison consécutive, les Cabistes sont écartés du titre, sous couvert d'une décision administrative Au vu des prestations fournies par les Cabistes ces derniers temps, sur le double plan national et continental, il est incontestable qu'ils méritent largement leur place dans la poule du play-off. Avec un goal différence de treize buts sur l'ensemble des 14 matches joués, une attaque qui a mis 18 buts (2e) et une défense qui n'en a encaissé que 5 (la meilleure de sa poule), le CAB est l'équipe le plus en forme du moment. La vérité du terrain est le seul instrument de mesure qui doit, en principe, départager tous les clubs, la plupart d'entre eux ayant longtemps souffert de décisions partisanes prises par les autorités de tutelle qui se sont succédé dans la gestion de notre football. Tout était fait en faveur des plus nantis afin de ne pas contrarier les camarades. Et pendant ce temps, les «petites» équipes font de la figuration, jouant pour du beurre. En sport et malgré la révolution, les pratiques sont restées les mêmes, notamment en football. Sinon comment expliquer cette décision de la Lnfp de classer le CAB à la 3e place sur la base de l'article 22 des règlements généraux de la FTF alors qu'il y a deux interprétentions possibles du texte. «C'est la honte», nous dit Emir Jaziri, président de la section football du CAB, fou furieux, après la «sentence» de la Lnfp. Et d'ajouter : «Les confrontations entre les 3 équipes concernées place le CAB en 2e position avec un goal différence +1 pour l'EST, O pour le CAB, et -1 pour CA. Les 3 équipes ont toutes 29 points et doivent être traitées les trois en même temps sans faire sortir l'EST du lot».A la suite de cette décision jugée profondément injuste par tout Bizerte, le comité directeur du CAB a opté donc pour le gel de toutes ses activités sportives dans l'immédiat dans toutes les catégories sportives sur le double plan national et continental. C'est-à-dire, on ne jouera pas le match contre El Ahly d'Egypte ce week-end pour le compte de la Ligue des champions africaine selon le premier responsable du club, M.Mehdi Ben Gharbia. On ne fera pas appel ! Lésé, frustré, écarté injustement du play-off, suivant les responsables cabistes, le CAB n'ira pas jusqu'au recours. «Nous refusons la décision de la Lnfp, car elle n'est pas juste», nous dit le président du club nordiste et il propose même au président de la FTF d'organiser un match d'appui même au stade Radès pour départager les deux clubs. «Nous avons trop souffert des décisions administratives qui se prennent dans les bureaux et qui, par hasard, sont toujours à notre désavantage. L'année passée, on nous a ‘‘piqué'' le titre de cette manière. Alors, nous disons «basta» et nous appelons à un congrès national pour épurer notre football». Sur le plan purement sportif, le coach Mondher Kbaïer affirme : «Le CAB joue merveilleusement bien sur le terrain et mérite largement de passer au play-off. C'est l'équipe la plus en vue cette saison et sa place naturelle est la poule du play-off. Pour le reste, le côté juridique ne m'intéresse pas, il est l'affaire des spécialistes». Nous estimons que toutes ces déclarations faites à chaud pourront évoluer. Le CAB a le droit de faire appel et aller dans un deuxième temps à la commission nationale d'arbitrage sportif et pourra obtenir gain de cause, rien n'était encore officiel et définitif. Tache d'huile Dès cette nouvelle apprise sur les ondes, des milliers de supporters cabistes ont manifesté leur mécontement dans le centre de Bizerte. Ils ont investi les principales artères de la ville, brandissant des slogans «Tarek Dhiab démission», «FTF démission» et «Lnfp démission». Le sentiment d'injustice se lisait sur tous les visages des Bizertins. Et comme dans toute manifestation pacifique, il y a toujours des intrus qui exploitent la situation pour passer à des actions de vandalisme et des opérations de vols. Les forces de l'ordre ont procédé à des jets de bombes lacrymogènes pour disperser la foule, car foule il y avait. La ville était comme dans un état de guerre à cette occasion. «Il y en a marre de ces décisions venues d'en haut. On pensait que l'ère Chiboub était révolue, mais on remarque, malheureusement, qu'il y a d'autres Chiboub dans notre football. La Lnfp était cernée par des supporters clubistes pendant que ses membres se réunissaient. Il y a tout lieu de penser qu'ils étaient influencés et qu'ils avaient peur pour leur peau», nous disait ce supporter cabiste en colère, descendu manifester, lundi dernier, après la décision de la Lnfp, d'une manière pacifique. Il n'empêche qu'il y a eu de la casse à Bizerte, condamnée par tous les responsables du CAB dans tous les médias. Nous dénonçons, à notre tour, ces actes de violence et de vandalisme qui sont venus émailler une manifestation pacifique au départ. On n'éradique pas l'injustice supposée par la destruction de nos biens. Moralité de l'histoire, l'ascension de clubs très peu huppés sur le plan matériel, mais riches au niveau du jeu et des résultats, dérange. La réussite n'est pas le monopole de trois ou quatre équipes, toujours les mêmes. On nous a «matés» pendant de longues années et on nous a fait comprendre qu'on doit se plier à ces traditions. Le résultat est que, aujourd'hui, on a du mal à accepter un concurrent qui a les dents longues et qui menace «la chasse gardée», considérée comme inabordable, sacrée. Rien n'est aussi dangereux que la certitude d'avoir toujours raison. Et l'absence de tolérance conduit à la haine de l'autre. Alors de grâce, apprenons à accepter des concurrents aussi petits soient-ils et laissons de côté cette arrogance permanente et insupportable de certains responsables qui se reconnaîtront. Le CAB est une victime de cette suffisance déplacée. A méditer !