« La défunte, que Dieu l'accorde dans sa Miséricorde. Mais moi aussi j'ai subi des pertes Si Sami. Mon fils est en prison. Je souffre de diabète depuis le drame et même que notre diner a brûlé ce soir-là alors qu'on était en plein ramadan.. » Prononcée à la télé par la mère du jeune homme au quad qui a, involontairement d'après le verdict des juges, causé la mort d'une mère de famille l'été dernier à Nabeul, cette tirade aussi inconsciente qu'horrifiante fait froid dans le dos. Les réactions, bien souvent cinglantes et agressives, face à cette sortie médiatique ne se sont pas fait attendre. Le tout, dans son ensemble, témoigne d'une grave crise de valeurs dans le pays. Que ne ferait une mère pour son enfant ? Près d'un an après le funeste accident de quad qui a coûté la vie à Dr Hager Chaker, jeune mère de deux enfants et causé de graves traumatismes à son mari, qui a sombré plus d'une semaine dans le coma, la mère du jeune homme de 18 ans qui conduisait l'engin était présente avant hier sur le plateau de Sami Fehri pour raconter sa version des faits. D'après son témoignage, son fils aurait était frappé par un estivant qui a lancé un objet noir dans sa direction, lui faisant ainsi perdre l'équilibre et causant sa chute du quad. Le véhicule, sans conducteur, aurait continué sa trajectoire et percuté Hajer et son mari, plongeant ainsi une famille dans le chagrin. Qu'il en soit ainsi et en supposant que cette version soit la vraie, pourquoi cette maman, plongée elle même dans le chagrin, n'a pas fait preuve d'une réelle compassion envers la famille endeuillée ? Pourquoi a-t-elle pointé du doigt le mari de la défunte en clamant haut et fort qu'elle s'attendait au pire de sa part une fois son fils sorti de prison ? Pourquoi l'a-t-elle traité de menteur alors qu'il affirmait dans un extrait vidéo que le jeune homme au quad avait, dans un premier temps, failli percuter son fils qui jouait sur le sable ? Pourquoi a-t-elle tenté de justifier l'inconscience de son fils, à elle qui, selon les témoins de la scène, avait déjà été appelé, à maintes reprises, à quitter les lieux car il dérangeait les estivants ? Pourquoi a-t-elle tout fait pour occulter et minimiser la faute de son fils en affirmant que tous les jeunes hommes aimaient les grosses motos y compris lui, Sami Fehri, l'animateur de l'émission, qui en possédait une? Pourquoi a-t-elle exhibé sa peine pour son fils emprisonné et aucune réelle empathie, à part des mots lancés furtivement, envers ces deux enfants privés à vie de leur mère ? Pourquoi n'a-t-elle pas demandé pardon tout simplement dès le début et orienté son témoignage vers l'apaisement ? Pourquoi a-t-elle mentionné les médisances des voisins à son égard et son diner qui a brûlé le soir du drame alors qu'en face, il y a perte humaine ? Pourquoi ne comprend-elle pas que pour une famille qui pleure encore sa fille, sa femme, sa mère, il est inconcevable d'accepter un jugement d'un an d'emprisonnement pour celui qui, même involontairement, a causé la mort de leur proche ? Aussi immense soit sa douleur de voir son fils en prison, la douleur de l'autre famille est, elle, incommensurable. Le jeune homme sera libéré en juin prochain mais Hajer ne reviendra jamais et rien que pour cela, tous les mots de la Terre n'ont plus aucun sens sauf peut-être le mot pardon. Une crise morale sans fin Suite au passage télévisé de cette dame, les réactions des Tunisiens se sont multipliées. Sur les réseaux sociaux, les internautes, pour la plupart choqués de ses propos et de son manque d'empathie et de compassion, ont largement commenté son témoignage et exprimé leur indignation. Mais souvent, bien trop souvent, des mots crus, des insultes, des gros mots ont été utilisés pour la qualifier ou pour commenter ses dires. En effet, si certains se sont dits sidérés et offusqués de son intervention à la télévision et ont prié pour que la défunte repose en paix, d'autres ont laissé libre cours à leur colère en usant de mots insultants, blessants et injurieux. Des commentaires pour le moins violents qui ont alimenté la polémique et fait basculer le débat. Pourquoi bon nombre de Tunisiens ne peuvent-ils s'empêcher de proférer des mots grossiers et irrévérencieux quand il s'agit de commenter des faits ? Pourquoi font-ils preuve d'un manque de civisme à toute épreuve et piétinent-ils tous les codes de la bienséance dès qu'il s'agit de donner leur avis ? La violence n'appelle-t-elle pas la violence ? En traitant la mère du jeune homme de tous les noms, résolvent-ils le problème ou allègent-ils la souffrance de la famille de feue Hajer ? Contribuent-ils à faire régner la paix sur terre en débitant de telles ignominies verbales ? Sont-ils seulement conscients de l'impact de leurs mots agressifs et insultants ? Peu sûr...