Avec le retour du mois de Ramadan, la médina retrouve toutes ses couleurs et ses espaces culturels. Ce mouvement de retour vers la médina a commencé dans les années 1980 et se poursuit de nos jours avec la création de nouvelles associations... Le paradoxe actuel de la ville de Tunis, c'est que l'activité culturelle tend de plus en plus à se déplacer vers la médina alors que le centre-ville connaît des difficultés grandissantes. Ce mouvement de retour vers la médina a commencé à la fin des années 1980 avec l'ouverture de la première galerie d'art privée à Dar Bouderbala. Un tissu culturel dans la Médina Initiée par Alia Beschaouch, cette galerie a en quelque sorte engagé le mouvement et, depuis, plusieurs espaces culturels privés ont vu le jour dans la ville historique. Evidemment, les pouvoirs publics avaient anticipé le mouvement en créant par exemple le club culturel Tahar Haddad dans les années 1970. Cette dynamique s'est poursuivie depuis au point où de nos jours, la médina regorge de lieux culturels qu'ils soient privés ou relevant du ministère de la Culture et de la Ville de Tunis. On peut pêle-mêle citer les medersas Slimania, Achouria ou Bir Lahjar. On peut aussi songer aux maisons de la culture qui se trouvent un peu partout dans la médina qui compte aussi des espaces comme le Palais Kheireddine, la Khaldounia ou la Rachidia. Du côté des privés, ils sont tout aussi nombreux avec des initiatives qui se caractérisent par leur richesse et leur diversité. Parmi ces espaces, la Bibliothèque diocésaine accueille chercheurs et débats d'idées et abrite une importante collection de livres. Pour sa part, Dar Bach Hamba est le siège de l'Association L'Art Rue qui a initié le concept Dream City. Cette association qui définit la médina comme un territoire de travail et d'investigation apporte via les résidences d'artistes une touche internationale au sein de la médina culturelle. Dans cette optique, Dream City et plus récemment Interférences sont des événements mobilisateurs qui brassent un public jeune et soulignent ce retour vers la médina. Ce retour culmine avec le mois du Ramadan lorsque tous les regards seront tournés vers la cité historique. A cette occasion, le festival de la médina et les festivals de la Rachidia et du club Tahar Haddad réunissent un public important et, un mois durant, la médina ne désemplit pas. Bien sûr, les questions reviennent et évoquent la manière de pérenniser cette animation. Mettre en valeur les monuments historiques Sur l'autre versant de la ville, les initiatives reprennent peu à peu et grâce aux privés, on retrouve des cinémas reconvertis en théâtres ou en centres culturels. C'est le cas du Rio, du Mondial ou d'El Hamra qui comptent de nos jours parmi les espaces les plus en vue. Il n'en reste pas moins que le centre-ville a perdu de sa superbe culturelle depuis la fermeture de ses principales galeries d'art et le recul des cinémas. De plus, les problèmes urbanistiques comme l'accès ou le parking compliquent davantage encore la fréquentation des espaces culturels. Signe positif, la médina connaît des restaurations et des rénovations et s'enrichit de nouveaux espaces culturels. C'est un indice qui ne trompe pas et ouvre de nouvelles perspectives à l'action culturelle. Un dernier point: il conviendrait d'améliorer la signalétique dans la médina en mettant en valeur certains espaces culturels comme par exemple la Bibliothèque du Diwan qui est installée dans un monument du seizième siècle. En effet, si de nos jours, le public répond présent et que l'offre culturelle est conséquente, certains espaces nécessitent des restaurations en profondeur.