«Notre décision est motivée par un différend interne qui altère les principes et les valeurs sur lesquelles est fondée la démocratie», explique le président de l'Isie, Chafik Sarsar «La démission du président et de deux autres membres de l'ISIE risque de retarder les élections municipales d'un an», déplore le président de l'observatoire Chahed pour le contrôle des élections, Salah Riahi «C'est une manœuvre politique orchestrée par le mouvement "Ennahdha", estime le coordinateur général de l'Organisation 23-10 de soutien au processus démocratique, Sami Ben Slama «Un consensus sur le remplaçant du président démissionnaire de l'ISIE sera difficile à atteindre et cela va inéluctablement retarder l'organisation des élections municipales », souligne le secrétaire général adjoint de l'UGTT, Sami Tahri Le président de l'Instance supérieure indépendante des élections (ISIE), Chafik Sarsar, a annoncé, hier, sa démission ainsi que celle de Mourad Ben Mouelhi, (vice-président) et de Lamia Zargouni (membre du conseil de l'instance) a environ sept mois des élections municipales. «Nous avons été obligés de prendre cette décision après avoir constaté que le différend au sein du conseil de l'instance ne concerne pas la méthode du travail, mais altère même les principes et valeurs sur lesquels est fondée la démocratie», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse. M. Sarsar a également fait savoir que cette décision se situe dans le cadre de l'engagement qu'il avait pris lors de sa prestation de serment au cours de laquelle il s'est engagé à respecter les dispositions de la Constitution et à garantir des élections libres et transparentes. Selon lui, le différend interne qui traverse le conseil de l'instance remonte au 10 février dernier, jour de passation de fonctions entre les membres sortants de l'instance et les nouveaux membres. «Malheureusement, les tensions ont été rapidement attisées allant jusqu'à la réclamation de l'annulation du détachement dont bénéficient certains cadres de l'ISIE qui ont fait preuve de compétence et d'abnégation lors des précédentes échéances électorales », a-t-il détaillé. Le président de l'ISIE a appelé l'Assemblée des représentants du peuple (ARP, Parlement) à «remplacer les membres démissionnaires dans les plus brefs délais et avant la fin de l'actuelle session parlementaire », indiquant que les membres démissionnaires vont poursuivre leur travail pour parachever les préparatifs du prochain processus électoral. Manœuvre orchestrée par Ennahdha ? La démission de Chafik Sarsar, qui avait mené à bien l'organisation des présidentielles et des législatives de 2014, risque selon les observateurs d'aggraver la crise politique que traverse le pays et de porter un coup dur au processus démocratiques. «La démission du président et de deux autres membres de l'ISIE risque de retarder les élections municipales d'un an. Ce n'est pas en effet une chose aisée d'élire un nouveau président de l'instance dans un contexte de profonds tiraillements politiques», a estimé le président de l'observatoire « Chahed», pour le contrôle des élections, Salah Riahi ; appelant le président de l'ISIE et les deux autres membres démissionnaires à revenir sur leur décision et à opter pour le dialogue pour résoudre les différents internes au sein de l'ISIE. Même son de cloche chez le secrétaire général adjoint de l'Union générale Tunisienne du Travail (UGTT), Sami Tahri. «La démission de Chafik Sarsar va bloquer les travaux de l'instance. Un consensus sur le remplaçant du président démissionnaire de l'ISIE sera difficile à atteindre et cela va inéluctablement retarder l'organisation des élections municipales», a-t-il dit. Le ministre des Relations avec les instances constitutionnelles et la société civile et des droits de l'Homme, Mehdia Ben Gharbia, a précisé que « Chafik Sarsar s'est engagé à poursuivre son travail à la tête de l'ISIE jusqu'au comblement de la vacance». Le coordinateur général de l'Organisation 23-10 de soutien au processus démocratique, Sami Ben Slama, a cependant laissé entendre que la démission du président de l'ISIE serait «une manœuvre politique orchestrée par le mouvement Ennahdha ». « La démission de M. Sarsar et des deux autres membres de l'ISIE n'a aucun rapport ni avec le référendum sur la loi relative à la réconciliation économique, ni avec le gouvernement. Elle est liée à des divergences profondes au sein de l'instance sur des sujets très délicats et dangereux, sachant que le mouvement Ennahdha soutient Chafik Sarsar et les deux autres démissionnaires depuis leur désignation», a-t-il fait remarquer dans un statut publié sur sa page Facebook, sans plus de précision.