Le nouveau spectacle de la troupe « El Azifet », dirigée par Amina Srarfi et donné le 1er juin au Théâtre de la ville de Tunis dans le cadre du festival de la Médina, portait le titre de « Mademoiselle » rappelant celui d'une vieille chanson franco-arabe des années vingt et trente du siècle dernier. Et c'est effectivement le genre musical des chansons franco-arabe de cette période-là que revisitait ce concert d'un soir de Ramadan. Et au son d'un solo d'accordéon démarrait ce spectacle, avec toutefois un léger retard. Le ton était vite donné et nous étions dans le vif du sujet avec la chanson « Vous dansez madame, vous dansez monsieur. » Une œuvre que cette troupe a dépoussiérée et enregistrée depuis une vingtaine d'années. Le répertoire de cette troupe avait bien évolué après avoir crée sa propre production en chansons et hymnes composés majoritairement par feu Faïçal Karoui, le génial saxophoniste parti trop tôt et qui allait donner un sang nouveau à cette première troupe musicale féminine dans le monde arabe. Dans ce nouveau spectacle, les chansons étaient agrémentées de danse en solo et en pas de deux, derrière l'orchestre. On avait du mal parfois à suivre les pas des couples dansant. Les costumes d'époque étaient savamment choisis et plongeaient l'assistance dans les atmosphères dansantes et musicales d'antan. Dans ce spectacle, on sentait qu'il y avait un désir de dépasser le déjà vu et de donner une âme au produit choisi et proposé. Et on allait l'oublier. L'orchestre d' « El Azifet » a enregistré une présence masculine de musiciens invités, à l'instar des percussionnistes et des danseurs. Ce spectacle se distinguait par les trouvailles d'Amina Srarfi parmi la large gamme de chansons franco-arabes des « Années folles » pour les appeler par leur nom et qui se situent entre la fin de la première guerre mondiale, en 1918 et le début de la seconde guerre en 1939. Une époque féconde où le Charleston était roi. La chanson de Fethia Khaïri : « Raks el Polka we Charleston » le prouve bien. Cette chanson, reprise ce soir-là, fait déjà partie du répertoire d' « El Azifet. » Nouveautés et reprises Parmi les nouveautés : « A la garçonne », de Fadhila Khetmi, évoque la mode des cheveux coupés et coiffés à la garçonne comme le rappelle le titre de cette chanson. « Chéri, comme je l'aime », de Louiza Tounsiya, est une autre découverte d'Amina. D'autre part, l'incontournable « Chéri habbitik » de Hédi Jouini et Chafia Rochdi, datant de 1939, a été bien reprise par les jeunes Lamia Mersni et Imed. Des hommages ont été rendus à feu Hédi Tounsi qui avait repris la chanson « J'aime le mariage » et à Kamel Raouf Nagati et son succès éternel « Yasmina », une chanson qu'il a reprise au milieu des années soixante du vingtième siècle. De son côté, Amina Srarfi a interprété « On m'appelle l'orientale » avec une voix puissante et belle. Le spectacle « Mademoiselle » fut longuement applaudi avec une « Standing ovation » par une assistance assez nombreuse. Et cerise sur le gâteau, la troupe qui saluait le public sur l'avant-scène, a chanté en play-back sa chanson-hymne à la Tunisie.