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Les ambassadrices de charme de la chanson tunisienne
Publié dans Le Temps le 10 - 04 - 2015

Sur tous les continents, la formation musicale féminine fondée par Amina Srarfi a porté notre tradition musicale. Grâce à des arrangements singuliers et reconnaisables entre tous, El Azifet a fait revivre chansons arabo-andalouses et airs du patrimoine. La discographie de cet ensemble complète une démarche exemplaire et couronnée de succès...
Dans la discographie de l'ensemble El Azifet, l'album "Zorkand" occupe une place particulière. En effet, ce troisième opus de la formation créée par Amina Srarfi en 1992 constitue une synthèse des approches musicales du premier orchestre féminin en Tunisie. D'une part, on y retrouve le lien avec le patrimoine tunisien et plus largement maghrébin voire arabo-andalou et d'autre part, on y décèle l'empreinte du saxophoniste Faycal Karoui aussi bien en matière de compositions que d'arrangements.
En ce sens, cet album est celui de la maturité de cet ensemble qui, face à la Rachidia, a su briller de mille feux et constituer l'un des meilleurs ambassadeurs de la musique tunisienne.
La recherche d'une nouvelle polyphonie
La formation El Azifet est née de la volonté de Amina Srarfi de conjuguer au féminin les chants du patrimoine tunisien et leur donner des arrangements qui n'étaient pas ceux de la tradition mais ceux d'une recherche de polyphonie qui les modernisait.
C'est vrai que Amina Srarfi est née au coeur de la musique avec comme mentor un père musicien jusqu'au bout des ongles et apprécié de tous. Qui n'a connu le grand Kaddour Srarfi au violon légendaire? Cet artiste demeure dans la mémoire collective comme un modèle de virtuosité et de générosité.
Toutefois, la jeune Amina a vite volé de ses propres ailes. Diplômée de musique arabe, elle a vite fait de se tourner vers le violon tout en poursuivant des recherches universitaires dans le domaine de la musicologie.
Plus tard, elle sera en 1988 la fondatrice du premier conservatoire privé en Tunisie. Son initiative de créer le conservatoire Kaddour Srarfi fera d'ailleurs de nombreux émules, au point où l'essor des instituts privés de musique fera partie des priorités du ministère de la Culture. Ne s'arrêtant pas en si bon chemin, Amina Srarfi aura la belle idée de donner le jour à l'ensemble El Azifet qui, dès ses débuts, réunira une quinzaine de musiciennes.
L'aventure pouvait commencer. Trés vite, les arrangements de Srarfi et la tonalité particulière allaient attirer puis retenir l'attention du public. Car El Azifet, c'est d'abord un "sound" puis un "look". Cette formation à ses débuts puisait dans le vaste patrimoine de la chanson tunisienne. Du malouf classique aux chants traditionnels, du répertoire de Cheikh Efrit à celui de Habiba Messica, l'éclectisme d'El Azifet faisait mouche.
Remettant à l'honneur des airs des années trente ou bien remontant la généalogie des chants populaires tunisiens, El Azifet ont profondément innové. Bien entendu, en soi, l'idée de créer un ensemble purement féminin était une novation. Le fait que les musiciennes se présentent sur scène en costume traditionnel soulignait aussi le souci du détail et la cohérence de la démarche de Amina Srarfi.
Toutefois, ce sont les arrangements musicaux qui allaient constituer une authentique révolution. Multipliant les vocalises, mettant en valeur les voix féminines, le travail choral d'El Azifet s'est imposé d'emblée car il s'agissait d'un nouvel habillage sonore d'une tradition musicale restée coincée dans l'espace de la convention. Indéniablement, El Azifet ont un cachet propre qu'elles imposeront, cultiveront et approfondiront. Au point où durant les années 90, cette formation sera maintes fois imitée, voire plagiée dans ce qui la fondait. On a en effet vu ça et là des formations féminines fleurir le temps d'une chansonnette puis sombrer dans l'oubli et la débandade.
El Azifet est alors devenu l'ensemble féminin de référence après avoir été le précurseur d'un nouveau regard sur le patrimoine qui, sous la baguette de Amina Srarfi, perdait cet aspect lassant et répétitif qui pesait sur son essor.
Du coup, cette formation a prouvé qu'il était possible de créer un ensemble strictement féminin et a aussi démontré qu'on pouvait créer une Rachidia alternative, à la fois moderne dans sa démarche musicale et profondement ancrée dans la promotion du patrimoine classique. Le succès d'El Azifet fut fulgurant en Tunisie et la notoriété internationale n'allait pas tarder... De nos jours, cet ensemble réunit des ambassadrices de charme de la musique tunisienne et s'est produit en Europe, en Asie, en Amérique. De Paris à Washington, de Pékin à Séoul, de Vienne au Caire, El Azifet est probablement la formation tunisienne qui a le plus (et le mieux!) voyagé.
Entre poésie et vocalises
L'album "Zorkand" rend compte de ce parcours de la meilleure des manières. Avec dix oeuvres subtiles, aériennes et connues de tous, cet album souligne la proximité d'El Azifet du patrimoine tout en mettant en valeur la démarche vocale de cet ensemble dont les arrangements sont à nul autres pareils.
Témoignant d'une inlassable recherche patrimoniale, cet album nous permet de retrouver de nombreux airs de la tradition mais dans l'habillage et les tonalités particulières d'El Azifet. Des chansons comme "Kouatni Kouatek" ou "Samra ya Samra" en deviennent magiques et agissent sur l'auditeur comme des madeleines qui feraient revivre les voix de Saliha, Fadhila Khetmi, Hedi Jouini ou Mohamed Jamoussi.
Car la force de El Azifet, c'est aussi leur pouvoir d'évocation, la manière dont elles nous replongent dans ce monde musical empreint de nostalgie.
"Zorkand" vaut aussi par la poésie qu'il dégage. Il suffit de laisser la musique faire pour être transporté dans un univers de sonorités connues de tous mais retrouvées avec un grand bonheur. Cette poésie transparait aussi dans les textes de Abdelhamid Khraief et Faycal Karoui. Ce dernier contribue dans cet album avec plusieurs compositions qui soulignent bien sa capacité à aborder aussi bien les modes tunisiens ou orientaux.
Saxophoniste, Faycal Karoui, avant sa disparition en 2010, avait été un infatigable animateur de la scène musicale tunisienne. Que ce soit à la tête de l'Orchestre de musique arabe ou en tant que soliste aux côtés de Mohamed Garfi, ce musicien a laissé sa trace indélébile dans plusieurs oeuvres. Il fut un temps où les grands du théâtre, à l'image de Lassaad Ben Abdallah, Béchir Drissi ou Abdelaziz Maherzi recherchaient l'ampleur et la subtilité des compositions de Karoui pour leurs créations.
C'est dire l'apport de ce musicien dans "Zorkand" dans lequel il signe quatres morceaux dont l'incontournable "Nachid el Azifet", l'hymne des musiciennes réunies autour de Amina Srarfi.
Au delà de "Zorkand" et des autres albums de cet ensemble qui a fait bien des émules, le parcours d'El Azifet se poursuit avec le même souci de restituer les chants de la tradition dans des arrangements modernes et témoigner de la richesse du patrimoine tunisien. Amina Srarfi peut être fière du travail accompli et continuer à scruter les horizons de l'excellence...


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