La troupe de Malouf de Sidi Bou Saïd a donné le 4 juin un concert intitulé : « Ichbilyet » à Dar Hussein dans le cadre de la 35è édition du festival de la Médina. Et bien que le thème soit des plus captivants pour les mélomanes amoureux de Malouf et de musique tunisienne, de surcroit, l'affluence était des plus timides et constituait, par là-même, une mauvaise surprise. Les absents avaient eu tort dans la mesure où ils auraient sous- estimé la valeur artistique de cette troupe où figurent de bons musiciens ajoutés aux choristes aux voix harmonieuses. Le concert valait le déplacement. Cette troupe vient en prolongement de la belle époque du chant du Malouf à Sidi Bou Saïd, du moins durant les années soixante du siècle dernier. D'ailleurs Sidi Bou Saïd demeure une référence dans l'histoire des genres musicaux et de chant qui constituent l'un des piliers de la chanson tunisienne. Le titre du spectacle, «Ichbilyet», en référence à la ville de Séville dans l'Espagne andalouse avant la chute de Grenade en 1492, renvoie à l'ancienne présence arabe dans ces contrées, d'où les influences andalouses dans la musique arabe et tunisienne, en particulier. Le spectacle aurait pu s'appeler « Gharnatiyet » ou « Andalousiyet. » Tous les titres menaient au Malouf et aux inspirations de nos compositeurs contemporains par les rythmes espagnols en général et de Flamenco, en particulier. La troupe de Malouf de Sidi Bou Saïd a proposé un programme varié qui suivait la lignée des spectacles de chant de Malouf, à l'instar de la Rachidia et de bien d'autres troupes du genre. Les « Istifteh » et « M'saddar » (Introductions), n'étaient pas en reste. Ils étaient suivis par des « Wasalet » (Suites) de morceaux choisis de Malouf dans des modes tunisiens, comme le Foundou « Namait nam el mkhalil » et les « B'taihi. » Mais il est malheureusement des troupes tunisiennes d'ici et d'ailleurs qui copient le « Ksontini » et le « Gharnati » pour le présenter comme étant du Malouf tunisien ! Les rapprochements existent, mais les particularités de chaque pays et de chaque région sont là, aussi. Et pour revenir au spectacle, la jeune Haïfa Amer en était la belle surprise. Petite-fille de Choubeila Rached, la progéniture de l'immortelle et irremplaçable Saliha, Haïfa Amer avec une voix sobre et puissante, a interprété quelques joyaux de notre chanson, à l'image de « Dar El felak » de Saliha, composée par Salah Mehdi, suivie d'un extrait intitulé : « Ayouha al moulaou » de « Naoubet El Khadhra », écrite par Tahar Kassar et composée par Khémais Tarnène. Elle a ensuite enchaîné avec un cocktail de chansons de Saliha crées au sein de la Rachidia. Nous ne dirons pas un cocktail, mais un « Tatriz » allant de « Hozt el bha wesser », à « Ya khlila. » Un chant minutieusement brodé. Elle devait clore le programme avec d'autres extraits de chansons de son arrière grand-mère Saliha : de « Ourdhouni zouz sbeya », à « Charg ghde bizzin », à « Aoudoûni » et à « Khali baddalni. » Des chansons des plus rythmées où le public répondait par les danses et la reprise en chœur de ces airs-là. Et du côté des chansons influencées par le Flamenco, « Mahla layali Ichbilya », de Fethia Khairi, composée par Sayed Chatta, sur des paroles de Hédi Lâabidi, « Hobbi yitbaddel yitjaddid », composée et chantée par Hédi Jouini et écrite par Ali Douaji, en étaient de bons exemples. Chedly Jebri, de son côté, a interprété correctement « Zâama ennar titfechi », suivie de l'incontournable « El Meguies. » Une belle soirée musicale bien tunisienne avec la troupe de Malouf de Sidi Bou Saïd qu'on voit rarement sur les scènes tunisiennes, ou à la télévision. Lotfi BEN KHELIFA Les janissaires défileront à Tunis! Dans le cadre du festival de la médina et avec le soutien de l'ambassade de Turquie en Tunisie, une formation de janissaires se produira à Tunis les 8, 9 et 10 juin sur les avenues de la capitale. En tenue d'apparat et en costumes d'époque, cette formation de janissaires paradera au rythme de la musique ottomane, investissant l'avenue Bourguiba et aussi la place de Bab Souika. C'est une première pour le festival de pouvoir inviter une telle formation. En effet, par le passé, le festival de la médina avait surtout proposé à son public des derviches tourneurs qui avaient remporté un vif succès. Notons que depuis la session écoulée, le festival de la médina a parié sur l'animation de la ville et des places publiques. L'an passé, une troupe de samba brésilienne avait défilé dans les artères de la capitale et cette année, c'est le tour des janissaires turcs. Par ailleurs, le spectacle "Cafichanta" de Mongia Yahia sera présenté place Bab Souika le 10 juin prochain.