«Certaines parties au pouvoir ont intérêt à garder ouverte la plaie El Kamour, à maintenir un état de tension, en particulier dans le Sud. Une blessure ouverte à toutes les possibilités ou peut-être des foyers de tension de réserve pour la redistribution des cartes», accuse le secrétaire général adjoint de l'UGTT, Sami Tahri Alors qu'on croyait que l'épilogue du sit-in d'El Kamour, un site pétrolier situé à plus de deux heures de route de Tataouine était très proche, le ministre de l'Emploi et de la Formation professionnelle, Imed Hammami, a mis les pieds dans le plat, empêchant la signature d'un accord qui aurait marqué la fin de ce mouvement de jeunes chômeurs réclamant une meilleure répartition des richesses et des recrutements prioritaires dans les sociétés pétrolières de la région. Tel un éléphant dans un magasin de porcelaine, le ministre dépêché par le Chef du gouvernement Youssef Chahed dans cette ville du sud frontalière avec la Libye pour tenter de négocier avec les jeunes protestataires a déclaré sur un ton menaçant que le gouvernement allait appliquer la loi contre tous ceux qui étaient impliqués dans l'incendie des commissariats de police, des entrepôts de la douane et de la municipalité. Le ministre qui s'exprimait lors de la cérémonie d'investiture du nouveau gouverneur de Tataouine a également indiqué que le gouvernement n'a aucune nouvelle proposition à présenter aux protestataires. Selon lui, l'exécutif était incapable de concéder plus que ce qui n'a été fait, le 15 mai 2017 : création de 1 000 emplois dans les sociétés pétrolières au cours de cette année et 500 l'année prochaine, recrutement de 1 000 chômeurs au sein de la société de l'environnement cette année et 1 000 autres l'année prochaine et allocation de 50 millions de dinars au fonds de développement de la région. Ces déclarations ont attisé la colère des manifestants qui ont notifié aux autorités qu'ils renonçaient à signer l'accord qui était prévue dans la soirée du mardi en présence du secrétaire général de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), Noureddine Tabboubi. Alors qu'il faisait le déplacement vers Tataouine, ce dernier a été ainsi contraint à rebrousser chemin. La «coordination du sit-in d'El Kamour » a également organisé, mardi, une marche nocturne, au centre-ville de Tataouine, en protestation contre les déclarations du ministre de l'Emploi et de la Formation professionnelle. La marche était baptisée du nom d'Anouar Sakrafi, un manifestant qui avait été mortellement heurté, le 22 mai 2017, par un véhicule des forces de l'ordre, lors des événements d'El Kamour. Les déclarations de Imed Hammami ont également suscité le courroux de l'UGTT, dont certains dirigeants ont accusé certaines parties au sein de la coalition au pouvoir de chercher à perpétuer le sit-in d'El Kamour. « Certaines parties au pouvoir ont intérêt à garder ouverte la plaie El Kamour, à maintenir un état de tension, en particulier dans le sud. Une blessure ouverte à toutes les possibilités et peut-être des foyers de tension de réserve pour la redistribution des cartes et pourquoi pas pour se précipiter sur ces foyers et les transformer en bases stratégiques », a accusé le secrétaire général adjoint de la centrale syndicale Sami Tahri. «Ces parties souhaitent barrer la route à une solution provenant de la société civile ou des organismes nationales et plus particulièrement l'UGTT. Elles ont des calculs électoraux et tentent de tout instrumentaliser, même les jeunes qu'on charge pour envenimer la situation», a-t-il ajouté dans un post sur sa page Facebook. Le responsable syndical a, par ailleurs, estimé que le sit-in d'El Kamour est un mouvement de rébellion sans projet, ni horizon clair et dont les revendications sont excessives ( la nationalisation des richesses naturelles), tout en notant que plusieurs parties ont tenté de l'instrumentaliser. Le ministre de l'Emploi avait auparavant accusé -sans les nommer- «des candidats à la présidence et des partis en faillite» d'être derrière les troubles que connaît Tataouine. Le gouvernement a aussi indiqué ces derniers jours que des réseaux de contrebande finançaient les agitations dans la région.