Ce mardi 25 juillet 2017, nous fêterons les soixante ans de la République proclamée en 1957, pratiquement 16 mois après l'indépendance, mais deux ans avant la promulgation de la Constitution du 1er juin 1959. Toutes ces dates sont chargées d'Histoire, mais aussi de manœuvres à la limite de l'éthique constitutionnelle. Décidément, le parlementarisme ne nous réussit pas beaucoup, bien que nous ayons donné au monde antique l'une de ses premières constitution en 500 avant-Jésus Christ, avec une «République» oligarchique où les pouvoirs étaient partagés entre les députés des partis civils, les militaires et la magistrature. Le régime parlementaire de 1861, tout le monde le sait, n'a pas tenu plus de 3 ans pour être balayé suite à l'insurrection de Ali Ben Ghedhahom en 1864, et suspendu par le Bey, qui a compris que la «Tunisie n'était pas prête» pour une monarchie constitutionnelle avec séparation des pouvoirs à cette époque ! Bourguiba n'a pas fait plus ni moins que le Bey et 3ème Mouchir Mohamed El-Sadaq, souverain régnant de 1859 à 1882, en destituant le Bey Mohamed Lamine Pacha en 1957 et en opérant un changement structurel et constitutionnel radical que les puristes du Droit constitutionnel assimilent de fait à un «coup d'Etat», puisque la Constitution instituant le régime républicain ne sera promulgué qu'en 1959! Idem pour Ben Ali qui a opéré en douceur un «coup d'Etat» médical en novembre 1987, puis enfin la révolution de janvier 2014 et la Constituante qui va donner naissance à la 2ème République. Remarquons tout d'abord, que toutes ces constituantes ont subi la pression de la ferveur populaire (ou populiste) et du «vote sanction» pratiquement et dans tous les cas de figure. Pour nous en tenir à la période actuelle, faut-il brûler ses méninges pour savoir que la 2ème constituante a eu une représentativité en total déphasage des exigences de la Révolution. Celle-ci, d'un mouvement civil démocratique et social a viré au régime «frères musulmans» avec une appropriation du pouvoir par les partis de l'islamisme politique. D'où la colère de toutes celles et de tous ceux qui n'ont jamais pensé que la «Révolution» allait leur être confisquée par les islamistes. Alors... rebelote et le vote «sanction» a de nouveau fonctionné en 2014 à plein turbo et le régime troïkiste à dominante islamiste a été balayé à son tour par la volonté populaire de telle manière que certains partis de soutien périphérique des islamistes, ont été sévèrement «punis» et n'ont récolté aucun siège à l'ARP... du jamais vu sauf du temps de Napoléon et la fameuse défaite à Waterloo ! Malheureusement rien n'y fait et la «malédiction» parlementaire nous tombe encore et à nouveau sur la tête, puisque le rapport de forces rejeté par la volonté populaire en 2014 a continué à fonctionner avec un léger repli des islamistes qui gardent toute leur influence sur l'Etat et la société en beaux «vaincus» sur le décompte mais en «vainqueurs» potentiels sur la durée ! Le vote sur la Syrie et le rejet du rétablissement des relations diplomatiques avec ce pays ses dirigeants et son système «officiel», par l'ARP, consacre le véritable «diktat» des islamistes supposés minoritaires et perdants en 2014 mais finalement «vainqueurs», avec toutes les cartes en main pour imposer leur stratégie sur le moyen et le long terme et leurs tactiques, pour ne pas se laisser doubler sur le court terme. Une véritable merveille, de manœuvre politico-idéologique qui devrait faire l'objet de thèses de recherches en sciences politiques et l'adaptabilité des partis islamistes à toutes les situations y compris quand elles perdent les élections, tout en gardant le pouvoir! Comment en sommes-nous arrivés là ! Pas très compliqué... et comme en football, beaucoup d'équipes faibles ou non performantes sur le papier finissent par gagner, parce que l'adversaire, par ses propres fautes et ses «cadeaux» royaux le leur permet. Encore une fois, notre Parlement est pris au piège et en otage par ceux que le peuple n'a pas désigné pour gouverner! Une première mondiale... diriez-vous... Peut-être... Mais, nous n'en sommes pas à la première dans ce pays où l'on ne comprend plus rien au niveau institutionnel alors que sur le terrain tout est clair comme l'eau de roche! La démocratie c'est le changement politique, pacifique, par les élections... une règle d'or du catéchisme démocratique mondial qui s'applique partout... sauf en Tunisie!... L'exception tunisienne... c'est vrai que ça rend malade, et pourtant... elle tourne!