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Retour sur l'échec des partis libéraux en Tunisie
Publié dans Le Temps le 30 - 10 - 2011

Par Mohamed Safouène Grira (Analyste politique) - Au lendemain de la révolution qui a vu triompher le peuple tunisien sur un régime qui a tenté de le dégrader, la vague déferlante des voix dans les premières élections libres de l'histoire du pays a très largement bénéficié au parti islamiste Ennahdha, avec un score historique dépassant les 40%.Si l'ampleur des dégâts accusés par les partis dits progressistes est déroutante, la déroute subie n'en était pas moins attendue.
Une Tunisie en quête de repères:
Une débâcle prévisible en premier lieu puisque ces élections ont permis d'exprimer un sentiment longtemps refoulé dans la rue tunisienne. Celle-ci se souvient probablement de l'enthousiasme avec lequel la classe politique actuelle avait accueilli les propos du Président déchu la nuit du 13 janvier. Une tare qui venait se rajouter à une relative absence sur le terrain pendant les évènements qu'avait connus alors la Tunisie. Ces partis avaient quelque part failli à leur mission d'éclaireurs d'individus pour se réduire à des suiveurs de masses. Cette défaillance a fini par approfondir le gouffre entre le peuple et les partis, qui est principalement une crise de confiance.
Pourtant, les deux grands vainqueurs désignés par les urnes constituent bel et bien des partis politiques. Mais ces partis pourvus des scores les plus importants ont été précisément ceux bannis sous le régime de Ben Ali : Le Mouvement Ennahdha (interdit depuis sa formation sous Bourguiba le 6 juin 1981 sous le nom de Mouvement de Tendance Islamiste et qui ne fut jamais légalisé sous Ben Ali) et le CPR (interdit depuis sa formation le 24 juillet 2001).
Faut-il ainsi penser que par son vote, le peuple aurait surtout cherché à exclure de la nouvelle donne politique les partis légaux d'avant la Révolution qu'il verrait aujourd'hui comme les reliques du régime de Ben Ali ? Pareil raisonnement ne permet pas d'expliquer en revanche la débâcle subie par les listes indépendantes, d'autant que nombre d'entre elles présentaient des figures de proue de la Révolution à l'instar de l'avocat Abdennaceur Laouini. Cette exclusion est regrettable en ce que la Révolution a été initiée et menée par des personnes indépendantes aux partis politiques. On aurait pu espérer que des non politiciens puissent être associés à la phase de rédaction de la Constitution qui n'est que la poursuite de la Révolution par des moyens juridiques et politiques.
Il faut voir aussi dans ce raz-de-marée islamiste une revanche prise par la mémoire collective tunisienne sur trente ans de répression, pendant lesquels le pouvoir a maintenu le couvercle sécuritaire vissé sur la marmite islamiste. Un choix qui se conforte notamment dans une période trouble de l'histoire du pays, marquée par une perte de repères. Le processus révolutionnaire a été rapide, beaucoup ne l'ont pas assimilé qui ont vite fait de se retrancher dans leur pré carré confessionnel. Qu'on se le dise également : les thèses progressistes n'ont jamais correspondu aux choix de prédilection des tunisiens. Les tendances annoncées pour les deux élections de 1981 et de 1989 le confirment, et en 2011, les choix électoraux préexistaient déjà à la campagne électorale. Les autres raisons du vote nahdhaoui sont à chercher dans une campagne médiocre des « partis libéraux » qui ont été les propres instruments de leur déclin.
Une campagne libérale médiocre:
Dans son article paru le27 octobre au Journal Libération, Youssef Seddik dresse le bilan de l'émoustillement politique de ces dernières semaines en évoquantune « indigence des adversaires» des islamistes. Rien ne serait plus vrai.Une certaine déconnexion a marqué l'état d'esprit de ces partisans de la nature des enjeux qui se présentaient à eux que de la réalité socio-culturelle du pays. La campagne électorale menée jusqu'au 21 octobre pouvait ainsi se prévaloir de tout, sauf à être une campagne pour l'élection d'une Constituante. Emploi, santé, culture, environnement, insertion sociale et professionnelle, tout a été dit sauf ce qui devait figurer dans une Constitution, à savoir l'organisation des pouvoirs publics et l'essentiel d'une Charte des Droits. Les Droits et les libertés ont certes été évoqués lors de ces discours et meetings. Mais c'était davantage des flèches de Parthe sporadiquement décochées à l'endroit du Parti Islamiste qu'une réflexion sérieuse, profonde et indépendante prenant pour objet un pan entier de la Constitution. En somme, le slogan « Tout sauf Ennahdha » s'était mû à lui seul en programme électoral pour voiler une méconnaissance des enjeux réels et une incapacité à réfléchir sur un projet crédible de Constitution:au lendemain de la Révolution, les partis se réclamant des valeurs de la liberté et de la démocratie étaient légions, très souvent dirigés par des dilettantes.
Certes, quelques réflexions sérieuses autour de la Constitution ont pu voir le jour, souvent à l'initiative de juristes indépendants, mais ces listes n'ont pu aboutir par manque de moyens ou de réceptivité de la part d'une audience peu instruite elle-même sur les questions qui se présentaient à elle et qu'elle se devait de trancher. D'autant que l'émergence de faux débats identitaires ont vite fait d'accaparer les esprits, d'attiser les passions et de détourner l'attention des vrais enjeux. Concernant les structures politiques classiques, des choix stratégiques erronés ont fini par priver des partis historiques donnés comme grands favoris des élections d'une partie de leur électorat: comment expliquer autrement la décision du PDP de se départir d'une base importante de ses militants historiques au profit des ralliés de la 25ème heure causant jusqu'à la démission en bloc d'un bureau régional ?
La campagne des gagnants:
Favorisée par les erreurs stratégiques de ses adversaires et notamment la dispersion dont ils ont fait état, et nantie d'un soutien populaire indéniable, le mouvement islamiste a fait feu de tout bois en menant une campagne militante notamment dans l'arrière-pays. Celle-ci ne s'est pas plus que les autres focalisée sur les enjeux constitutionnels qui se présentaient, mais a favorisé l'implication réelle des adhérents et le contact direct avec la population jusqu'aux fins fonds du pays, en prêtant une attention particulière à leurs tourments et doléances. Viendra se poser ici la question des irrégularités signalée au jour du scrutin qui seraient imputables au parti islamiste. Faut-il affirmer de là que les scores faramineux d'Ennahdha sont le fait de ces frasques ? Nous ne le pensons pas. Du reste, celles-ci seront érigées devant les instances juridiques compétentes lesquelles s'y prononceront.
Reste que la délicatesse de la prochaine phase jointe à la versatilité avérée de l'opinion publique feront sans doute recentrer la masse des frustrations à venir sur la nouvelle gouvernance politique. Conscients sans doute de cette fatalité, les dirigeants du parti islamiste ont très tôt émis le souhait de constituer un Gouvernement d'union nationale. Autant de manœuvres pour se prémunir contre un vote sanction lors d'une prochaine échéance électorale. Rien n'est moins certain, car à en croire cette première expérience, les voix du Peuple sont impénétrables.


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