Les cadres des divers ministères et organismes nationaux concernés par la question de la migration, et les représentants des partenaires sociaux, de la société civile et de plusieurs partenaires internationaux intéressés, notamment le Bureau international du travail, l'Organisation mondiale pour les migrations et l'Union européenne, ont été réunis, hier, à Tunis, dans le cadre d'une conférence, à l'initiative du ministère des Affaires sociales, pour une ultime consultation sur la stratégie nationale de la migration dite « stratégie nationale migratoire » , et ce en vue de la mise en forme définitive de cette stratégie avant sa présentation au gouvernement pour validation et mise en application. Il s'agit à vrai dire d'une version actualisée de cette stratégie dont la première mouture remonte à 2012. Selon le ministre des Affaires sociales, Mohamed Trabelsi, et les autres intervenants, cette stratégie doit notamment servir de cadre de référence pour une bonne gouvernance et une gestion efficace du phénomène migratoire, chose qui manque encore à la Tunisie, pourtant affrontée à la migration sous toutes ses formes depuis son indépendance, il y a plus de 60 ans. Un des côtés négatifs dans ce domaine, en Tunisie, réside dans la multiplicité des intervenants en matière de migrationqui travaillent sans aucune coordination, ni vision commune : ministère des Affaires sociales, ministères des Affaires étrangères, de la Justice, de l'Intérieur, outre les nombreux organismes et agences concernés comme l'office des tunisiens à l'étranger. Aussi, cette stratégie doit permettre de remédier à cette défaillance à travers la mise en place d'une vision commune et d'un système de pilotage commun, car l'expérience des secrétariats d'Etat chargés de l'émigration semble n'avoir pas apporté de solutions réelles à ce sujet. Cependant, comme l'ont noté les intervenants, la bonne gouvernance et la gestion efficace du phénomène migratoire exigent également des études, de la planification , des statistiques régulièrement actualisées, et des ressources humaines qualifiées en la matière, ce qui manque encore, malgré la création d'un observatoire national de l'émigration. D'autant que la Tunisie est désormais confrontée à toutes les formes de migration et est devenue à la fois un pays émetteur, un pays de transit et un pays d'accueil, tandis que la structure des communautés tunisiennes à l'étranger qui représentent 12% de l'ensemble de la population tunisienne (un million 200 mille personnes environ) a complètement changé, par rapport à ce qu'elle était, il y a quelques décennies. Ces communautés tunisiennes à l'étranger comprennent, aujourd'hui, des tunisiens de la 3ème et même quatrième génération, et sont constituées de nombreux profils allant des simples ouvriers aux cadres universitaires et hommes d'affaires. La stratégie nationale migratoire a insisté également sur l'intérêt majeur qu'il importe de prêter à la question de la protection des droits et de la dignité des migrants qu'il s'agisse des tunisiens à l'étranger ou des migrants étrangers en Tunisie, parallèlement à la contribution des migrants tunisiens au développement de leur pays, ce qui commande d'œuvrer constamment à renforcer les liens qui les unissent à la mère patrie.