Les universités tunisiennes arrivent parmi les dernières de la classe dans l'édition 2017 du Classement Webometrics 2017 des meilleures universités dans le monde. Ce classement réputé crédible se base sur plusieurs critères, notamment la disponibilité sur le Web des recherches menées par les enseignants, la richesse du contenu des sites Web des établissements et la place réservée à l'enseignement des langues. Alors qu'une université saoudienne occupe le 425ème rang mondial, aucune université tunisienne ne figure dans les 3000 premières places du classement réalisé par Cybermetrics Lab, un groupe de recherche appartenant au Consejo Superior de Investigaciones Científicas (CSIC), le plus grand organisme public de recherche en Espagne. Ce n'est qu'à la 3240ème position mondiale que nous retrouvons l'Université tunisienne la mieux classée. Il s'agit de l'Université El Manar qui occupe le 84ème rang à l'échelle arabe. Le deuxième établissement tunisien dans le classement, est l'université de Sfax, qui se trouve au 3419ème rang mondial et 97ème dans le monde arabe. Quatre autres universités tunisiennes figurent dans le classement, en l'occurrence les universités de Tunis (126ème à l'échelle arabe/3942ème au plan mondial), de Monastir (130ème à l'échelle arabe/4061ème dans le monde), de Carthage (147ème sur le plan arabe/4391ème à l'échelle mondiale) et de Sousse (152èmedans le monde arabe/4631ème sur le plan international). La Tunisie se trouve ainsi devancée par l'Algérie, le Maroc, le Liban, la Jordanie et bien d'autres pays arabes et africains. Quoiqu'il en soit, ce classement prouve, encore une fois, que l'Université est devenue l'homme malade de la Tunisie. Sous le règne de Bourguiba, l'éducation était érigée en priorité nationale. L'objectif de l'Etat était alors d'éradiquer l'analphabétisme. L'essentiel était d'apprendre à lire et à écrire mais le plus important avait été négligé. On n'apprenait pas aux élèves de comprendre, réfléchir, questionner, critiquer, analyser et synthétiser... Cela n'avait pas pourtant empêché l'Université tunisienne de produire des dizaines de milliers de têtes bien faites. D'autant plus que l'accès à ce cycle de l'enseignement était limité et sélectif, en raison notamment du manque de moyens de l'Etat. Avec l'arrivée de Ben Ali au pouvoir, les objectifs quantitatifs qui visaient à produire de belles statistiques nécessaires à l'opération de marketing du vrai faux «miracle tunisien» l'ont emporté sur les aspects qualitatifs. La politique de démocratisation de l'éducation qui a été étendue à tous les niveaux de l'enseignement (primaire, secondaire et supérieur) a été utilisée comme un instrument de propagande politique. La plupart des doyens des universités et des instituts étaient d'ailleurs nommés seulement sur la base de leur appartenance au Rassemblement Constitutionnel démocratique (RCD). Conséquence: durant les vingt trois années de règne de Ben Ali, le nombre des diplômés du supérieur a explosé, mais le niveau des apprenants s'est gravement détérioré, ce qui a abouti à une forte inadéquation entre les compétences des diplômés et les besoins réels du marché de l'emploi. Selon les estimations des experts, moins de 30% seulement des jeunes diplômés tunisiens, à la recherche d'un emploi disposent des compétences requises.