Le déficit de la balance commerciale qui s'est creusé durant les sept premiers mois de l'année courante passant à 8628 MD contre 6856,3 MD durant la période correspondante en 2016 a entraîné par conséquent une forte baisse au niveau des avoirs nets en devises, qui poursuivent leur dégringolade. En effet, selon les dernières statistiques publiées par la BCT, les avoirs nets en devises ont atteint, le 17 août, 11672 milliards de dinars, soit l'équivalent de 91 jours d'importation, contre 118 jours d'importation en 2016. En dépit des efforts déployés et des interventions massives de la Banque centrale pour réguler le marché, les indicateurs monétaires sont là pour témoigner d'un constat économique fragile et délicat. En effet, l'érosion des réserves risque d'exacerber les pressions sur le taux de change du dinar. Cette chute pourrait, selon les spécialistes avoir de lourdes incidences sur la notation de la Tunisie, amoindrissant ses chances d'emprunter sur les marchés internationaux, mais également sur sa capacité à payer les importations et à défendre la parité du dinar contre les devises étrangères. A ce propos, Fatma Marrakchi Charfi, professeur universitaire en économie, a expliqué dans une déclaration à l'agence TAP que cette perte en réserves est le résultat normal du gap qui existe entre les activités qui peuvent générer des recettes en devises pour le pays comme les exportations de phosphate, de l'huile d'olive, les rentrées en devises provenant de la diaspora à l'étranger ou des TRE, les investissements directs étrangers, et la sortie de devises nécessaires pour les importations. Tant que la demande de devises pour payer les services de la dette et les importations n'est pas compensée par des entrées en devises sous une forme quelconque (exportations, recettes touristiques, endettement,...), les réserves de change ne peuvent que diminuer. L'experte remarque aussi que l'idéal serait de relever le niveau des exportations, notamment celles des phosphates, où nous avons perdu des parts de marchés. Si on n'arrive pas à impulser assez rapidement les exportations, il faudrait songer d'une manière sérieuse à réduire les importations, que ce soit par l'interdiction de certains produits non essentiels, avec des mesures d'accompagnement, pour protéger l'économie de la contrebande, ou en relevant les droits de douane pour d'autres. Et d'ajouter que la BCT, peut aussi agir sur les crédits octroyés aux consommateurs, si ces crédits sont destinés à l'achat de produits importés de consommation finale. Un seuil record depuis 1986 D'autre part, l'expert bancaire Ezzeddine Saidane a déclaré sur les ondes d'Express FM, avant-hier, que la dégringolade des avoirs nets en devises a atteint un seuil record depuis 1986. Et d'appeler à une intervention en urgence avant que les agences de notation mondiales ne révisent à la baisse le classement de la Tunisie. Ce qui a d'ailleurs a été fait hier. Dans le même contexte, il est à signaler que les avoirs nets en devises sont principalement alimentés par l'exportation, le tourisme, les investissements directs étrangers (IDE), les virements des tunisiens à l'étranger mais surtout l'endettement extérieur ce qui a fortement contribué à l'augmentation de la dette publique et externe de la Tunisie. Par ailleurs il importe de souligner que d'après les derniers indicateurs, les décisions prises par le gouvernement depuis presque trois mois, portant sur la limitation des importations non nécessaires afin de limiter à la fois le niveau de déficit commercial et de maîtriser le niveau des avoirs nets en devises, demeurent insuffisantes. Aussi est-il grand temps de mettre en œuvre des solutions radicales pour remédier à la situation et remonter progressivement la pente.