La Mostra de Venise se poursuit jusqu'au 9 septembre. La participation du franco-tunisien Abdellatif Kechiche à la compétition officielle avec "Mektoub, my love" pourrait confirmer la régularité de ce cinéaste avec une nouvelle distinction. En attendant le verdict vénitien, regards sur un parcours et un nouvel opus... La baraka semble planer sur le cinéaste franco-tunisien Abdellatif Kechiche qui, avec des films d'une modernité remarquable, est parvenu à s'imposer dans les plus grandes manifestations cinématographiques mondiales. Avec "La Vie d'Adèle", Kechiche s'est distingué à Cannes avec une Palme d'or remportée de haute lutte en 2013. Ce cinéaste a également triomphé aux Césars, raflant les plus hautes distinctions du cinéma français et confirmant une stature qui fait de lui un ténor du septième art dans l'Hexagone malgré certaines oeuvres ressenties comme ardues voire ésotériques. Venise porte bonheur à Kechiche Avec Venise, Kechiche a une longue histoire d'amour qui a commencé en 2000 lorsqu'il avait remporté le Lion d'or de la meilleure première oeuvre. C'était alors pour son film "La Faute à Voltaire" qui avait ensuite rencontré une large adhésion du public et de la critique. Quelques années plus tard, en 2007, Kechiche confirmait cet état de grâce et cette relation privilégiée avec la Mostra de Venise. En effet, il se distinguait une nouvelle fois en remportant le Grand prix du jury pour "La Graine et le Mulet". Venise a toujours porté bonheur à Kechiche et il essaiera d'y tutoyer son destin après avoir été bien accueilli en 2010 avec son film "Vénus Noire", sélectionné en compétition officielle. C'est avec un nouvel opus intitulé "Mektoub, my love" que Kechiche participe à la compétition officielle aux côtés d'autres oeuvres remarquables. Son nouveau film est adapté du livre "La Blessure, la vraie" de François Bégaudeau. Alors que Amin passe ses vacances d'été dans son village natal et tombe amoureux de Yasmine, une autre femme apparaît et s'impose. Le film raconte pendant trois heures les péripéties et le roman humain de ces relations et de la tempête sous le crâne de Amin qui rêve de tourner un film. Comme pour ses oeuvres antérieures, Kechiche va chercher le poignant et le simple puis entreprend une narration épurée, déconstruite, sans trop de ressorts autres que ceux que motive la condition humaine. Depuis "L'Esquive", il a ainsi réussi à produire des oeuvres attachantes, un peu dans la lignée du Théâtre pauvre de Grotowski ou de certains drames brechtiens. Un Lion d'or dans l'escarcelle? Quel sera le destin de "Mektoub, my love" dont le titre ne comporte aucun mot français? Kechiche pourrait - et c'est dans l'ordre des choses - confirmer ses succès antérieurs à Venise et nous le saurons d'ici le 9 septembre, date de clôture de cette édition qui s'est ouverte le 30 août. La concurrence toutefois sera très rude et les rumeurs vénitiennes parlent d'un Lion d'or qui pourrait aller à "Suburbicon", le nouveau film de Georges Clooney, parmi d'autres encore. Attendons de voir et souhaitons que le Kechiche nouveau soit bientôt visible en Tunisie puisque ce film fera sa sortie officielle le 7 septembre.