Présentant, hier, lors d'un point de presse, à Tunis, un ambitieux programme de redressement de la situation de la Société tunisienne des industries pneumatiques (STIP), propriétaire de la marque commerciale des pneus « amine », sa direction générale ayant à sa tête Montasser Dridi, s'est déclaré disposée à engager un dialogue sérieux avec tous ses partenaires directs, syndicat, administration et créanciers, en vue d'aplanir les problèmes de tout ordre auxquels fait face cette entreprise et lui permettre de renouer avec les bilans positifs grâce à l'impulsion de la production et à l'amélioration de la productivité. A l'origine une entreprise semi étatique, la STIP est passée, il y a près de deux ans, aux mains d'investisseurs tunisiens privés, à hauteur de 71% de son capital, par le biais de la Bourse de Tunis. Ce sont ces nouveaux investisseurs qui veulent engager ce programme de redressement, mais la STIP doit au préalable assainir sa situation à tous les niveaux. D'après les données fournies par le directeur général et ses proches collaborateurs, les difficultés auxquelles est confrontée l'entreprise sont nombreuses et diverses, dont notamment un conflit social qui a envenimé les relations professionnelles dans l'usine de la STIP, sise dans la ville de Msaken, au gouvernorat de Sousse, et paralysé la production dans cette usine, au point que son taux de production est tombé à 5% seulement de la capacité de l'usine, au mois de juin 2017. La valeur des pneus produits, en juin, avait atteint 300 mille dinars, alors que la facture d'électricité uniquement s'est montée à 350 mille dinars, ce qui a déterminé la direction générale de la STIP à fermer cette usine le 17 juillet 2017. A cet égard, la direction générale a dit accuser une minorité d'ouvriers politisés (près de 36), inféodés à un parti politique en particulier, d'être les instigateurs de cette entrave à la production , et du maintien délibéré d'une ambiance tendue dans l'usine, dans ce but, déplorant, en même temps, l'attitude des autorités régionales, à ce sujet, qu'elle a jugée de partiale. Le directeur général a insisté sur la ferme décision de la STIP de licencier cette minorité d'ouvriers, comme condition sine qua non à la normalisation de la situation. La STIP est également confrontée à des problèmes d'écoulement de sa production sur le marché local, à cause des prix élevés de ses pneus par rapport aux prix des autres marques de pneus importés vendus sur le marché local. Sur ce plan également, les responsables de la STIP ont rejeté la responsabilité de cette situation sur l'ancien ministre de l'Industrie et du commerce, avant le nouveau remaniement ministériel, pour « ses décisions arbitraires », à travers l'octroi d'autorisations pour l'importation de pneus ne répondant pas aux normes requises, et sans l'accord des commissions spécialisées. Le ministre aurait aussi incité les banques à faire pression sur la STIP et à la harceler financièrement. Le commerce parallèle des pneus qui accapare 70% du marché local, a contribué aussi pour une bonne part à ces difficultés d'écoulement. Ce commerce parallèle est alimenté par certaines sociétés spécialisées dans le recyclage des pneus dits réchappés, importés de l'étranger, à des prix dérisoires, voire sans contrepartie, pour être réexportés totalement après leur recyclage, mais plus de 90% des quantités de ces pneus réchappés et recyclés sont écoulées, irrégulièrement, sur le marché local. Aussi, la direction générale de la STIP qui possède une autre usine à Menzel Bourguiba, au gouvernorat de Bizerte, a mis l'accent, à cette occasion, sur la nécessité de veiller à l'application de la loi afin de garantir l'égalité des chances pour tous. Enfin, la STIP est confrontée à un lourd endettement (200 millions dinars). Cependant, les nouveaux investisseurs ont signé plusieurs contrats et accords de partenariat avec de nombreuses sociétés et firmes étrangères en Chine, au Japon, au Maroc, en Algérie, en Libye, et s'apprêtent à engager ce programme de redressement de la STIP, grâce à une augmentation du capital de l'ordre de 130 millions dinars, un rééchelonnement de la dette, une augmentation de la production à un million de pneus par an, contre 600 mille actuellement, notamment les pneus pour les camions, et une réduction sensible des coûts de production de manière à être compétitif sur le marché local et international.