D'après Ridha Sassi, secrétaire général du syndicat de base de la Stip à M'saken, l'Etat doit intervenir en rachetant et convertissant une partie des dettes en capital, tout en devenant actionnaire majoritaire avec la nécessité de rechercher un partenaire stratégique. Fondée en 1980, la Société tunisienne des industries pneumatiques (Stip) est le principal producteur et fabricant de pneumatiques en Tunisie grâce à ses deux usines sises à M'saken et Menzel Bourguiba. Elle emploie au total 800 ouvriers dont 600 à M'saken et 200 à Menzel Bourguiba. La Stip de M'saken est gérée par le groupe «Africa Holding» depuis le mois de septembre 2016. Ce groupe détient la majorité des actions (plus de 70% du capital) mais, malheureusement, la Stip a fermé ses portes le 17 juillet 2017 suite à un endettement énorme estimé à 200 millions de dinars. Contacté à ce sujet, Ridha Sassi, secrétaire général du syndicat de base de la Stip à M'saken, nous a indiqué que la fermeture de la société est due non seulement à ses dettes énormes mais aussi à la mauvaise gestion des anciens responsables de la Stip, constatée dès 2003, avant l'arrivée, en 2016, de la nouvelle équipe du groupe «Africa Holding», qui est un actionnaire important détenant un taux majoritaire du capital de la société. La production ne couvre que 10% des besoins Mais encore une fois, la situation critique de la Stip n'a pas connu d'amélioration vu qu'il n'existe pas une stratégie claire de l'Etat pour assurer la protection de la production locale de pneumatiques. En effet, il a indiqué que la production de la Stip ne couvre actuellement que 10% des besoins du marché local et que 80% de ces besoins sont couverts par le commerce parallèle, la contrebande et l'importation illégale des pneus de l'étranger tandis que les 10% restants sont couverts par l'importation légale de l'Etat. Il s'avère donc que le déficit financier de la Stip est dû également à la contrebande et à l'importation illégale. Pourtant, la réglementation organisant l'importation des pneus stipule qu'il est strictement interdit d'importer un produit dont un similaire est fabriqué localement, et ce, dans le cadre du soutien de l'Etat à la production locale d'autant plus que des mesures relatives à ce sujet ont été prises en vue de garantir l'équilibre de la balance commerciale et promouvoir l'économie nationale de l'Etat et, partant, protéger la Stip. Un plan de sauvetage Il a noté qu'une convention concernant la planification du paiement des dettes de ladite société a été établie par la direction générale et le conseil d'administration de la Stip et approuvée à la fin de 2015 par la centrale syndicale. De plus, l'élaboration d'un plan de sauvetage de la société est nécessaire et doit tenir compte de la recherche d'un partenaire stratégique ayant des compétences techniques, technologiques et de gestion commerciale efficaces. Il a indiqué, par ailleurs, que l'opération consistant en une concession, de nouveau, de la gérance de la Stip à une société privée doit être révisée vu que cette opération de gérance privée a connu un échec pour la Stip, fermée depuis quelques mois avec pour conséquence le chômage forcé des ouvriers et le non-paiement de leurs salaires. Il a proposé l'intervention de l'Etat en rachetant et convertissant une partie des dettes en capital tout en devenant un actionnaire majoritaire. De ce fait, l'Etat aura des droits décisifs de gestion et de contrôle. De plus, il doit, dans le cadre de la solution salvatrice et envisagée, rechercher un partenaire stratégique étranger à compétences techniques, technologiques et de gestion indéniables.