Marlène Luce Tremblay nous vient du Canada. Elle expose en compagnie de 3 autres artistes tunisiennes à la galerie « Saladin » les travaux exposés sont tous de bon aloi. Nous y reviendrons. Les œuvres de Marlène Luce Tremblay nous ont semblé d'une forte démarche étonnante. M.L.Tremblay est photographe de formation. Elle innove dans ce domaine en nous proposant l'art de la Pintographie, un art qui associe la photographie (art du reflet optique mécanique du monde), à l'art pictural (peinture) où l'art est création ex-nihilo. Cette association entre deux genres presque dichotomiques est un défi que l'artiste relève afin d'exploiter leurs possibilités relatives et peut-être trouver une synthèse conciliatrice entre les deux démarches. Il s'agit pour l'artiste de réaménager la trace photographique, obtenue mécaniquement, en y appliquant des pellicules chromatiques. L'ajout est méticuleusement libre, choisi dans sa distribution comme dans sa composition. Il joue à cache-cache avec la trace photographique la laissant transparaître quelquefois et la voilant d'autres. L'artiste, de photographe, devient aussi peintre. Elle intègre l'image photographique (produit d'une relation mécanique) à un processus de création complexe de valeurs colorées de signes et de symboles sans relation avec le monde intérieur appliquant en cela la définition de Maurice Denis lorsqu'il dit en gros que la peinture est beaucoup plus que la représentation d'un champ de bataille, d'un nu... Elle est une configuration de couleurs dans un certain ordre assemblé et l'artiste moderne est libre de procéder à cet ordre.... à son ordre pictural. L'ordre de M.L.Tremplay L'artiste choisit de dévoiler les traces de la photo de la sculpture de Love et ensuite de les voiler en couvrant la surface du tableau d'un balayage systématique de segments chromatiques rouges, rougeâtres ou même verts. Les tonalités colorées obstruent toute la toile, la saturant comme si l'artiste voulant obtenir le rouge ou le vert absolu. Les tableaux de M.L.Tremblay continuent, malgré l'âpreté de la recherche plastique à parler de « Love », de joie de vivre, de joie de l'amour ou de l'harmonie de l'amour. Ces titres évocateurs ne cachent pas les préoccupations purement esthétiques de l'artiste centrées sur la recherche d'un ordre plastique moderniste et même peut-être contemporanéiste. La logique du travail de l'artiste est celle de déployer un travail plastique « ouvert » sur l'infinité de possibilités de réalisations telles qu'elles s'offrent comme combinatoires.... à l'art. L'artiste, M.L.Tremblay, même moderniste, continue à chercher à ne pas vouloir s'installer dans l'arbitraire des combinatoires, mais à établir l'harmonie simple des compositions, des compositions chantantes... Lyriques. Elle semble ne pas vouloir révolutionner l'esthétique ou de découvrir un nouveau lexique ou réseau conceptuel l'original... sa préoccupation s'oriente vers l'établissement d'une œuvre ouverte, totalement ouverte à toutes les combinatoires... à l'imaginaire et au fantasme sans modèle référentiel unique établi comme norme. L'image nouvelle que M.L.Tremblay assume est un simulacre artistique plus qu'une copie d'un modèle extérieur. La sculpture de Manhattan n'est qu'un prétexte intériorisé comme valeur spirituelle humaniste et universelle pour la paix et l'amour entre les hommes et contre la violence... le terrorisme. Cette valeur qui est suscitée aujourd'hui par la sculpture Love de Manhattan, pourrait l'être demain par le Sphynx de l'Egypte, par un ou de la grande Pyramide de Jiseh ou d'Istanbul ou d'un temple hindou ou chinois. Le message est clair : Toutes les cultures peuvent chanter le monde, l'amour dans toutes les langues que ce soit à Tunis, à New York ou bientôt à Florence.