Le Temps-Agences - La France et l'Italie ont signé hier lors de leur 26ème sommet bilatéral à Nice ce qu'elles ont baptisé la "pax electrica", un accord entre EDF et Enel qui met fin à plusieurs mois de tensions entre les deux pays. En février 2006, Rome avait fait part de son mécontentement quand le Premier ministre de l'époque, Dominique de Villepin, avait annoncé un plan surprise de fusion entre les deux français Suez et GDF, destiné à bloquer les ambitions du groupe italien Enel, qui convoitait Suez. L'Italie dénonçait alors le "protectionnisme" français, alors qu'EDF est déjà implanté en Italie via Edison. Ces querelles étaient visiblement enterrées hier. En présence du président Nicolas Sarkozy et du président du Conseil italien Romano Prodi, EDF et Enel ont signé un accord qui donne au groupe italien une participation de 12,5% dans le réacteur nucléaire EPR d'EDF en construction à Flamanville (Manche). Contribuant à son financement, Enel bénéficiera d'un accès dans la même proportion à l'électricité produite. Le contrat lui accorde aussi une option pour prendre part dans des conditions similaires, et toujours à hauteur de 12,5%, dans les cinq projets EPR susceptibles d'être réalisés par EDF d'ici 2023 en France. Le contrat, qui se monterait alors à un total d'environ deux milliards d'euros sur 16 ans, doit ainsi permettre à Enel d'accéder à la technologie EPR et à quelque 1.200 megawatts d'ici 2012. Ce sommet "nous a permis de régler le contentieux qui empoisonnait les relations entre nos deux pays sur l'énergie", s'est félicité Nicolas Sarkozy. "On avait eu quelques turbulences. Cette période est désormais derrière nous", s'est réjoui le président du Conseil italien. C'est "le signal de quelque chose d'important". Parmi les accords signés à Nice figurent également un accord entre les réseaux de distribution d'électricité RTE et Terna, et un autre entre Thales, DCNS et Finemeccanica pour la construction de torpilles. MM. Prodi et Sarkozy ont par ailleurs longuement parlé du Kosovo et ont demandé ensemble davantage de temps pour les discussions sur le futur statut de la province. Nicolas Sarkozy et Romano Prodi ont aussi évoqué la situation au Tchad, où doit se déployer l'Eurofor, et au Liban, où les deux pays sont présents dans le cadre de la Finul. M. Prodi s'est dit "optimiste" sur les tractations en cours à Beyrouth pour la désignation d'un nouveau président : "il y a des développements qui semblent être positifs". Outre la question de l'immigration, les deux hommes ont évoqué le projet d'Union méditerranéenne cher au président Sarkozy. Le président français a annoncé qu'un "dîner" se tiendrait à Rome à une date encore indéterminée "autour du président Prodi, avec (le chef du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez) Zapatero et le président (de la Commission européenne José Manuel) Barroso et bien sûr la France".