Le syndicat général de l'enseignement de base a annoncé, dans un communiqué rendu public hier, que le déficit en enseignants dans le cycle d'enseignement de base s'élève 16 000 instituteurs pour l'année scolaire 2017-2017, pointant plusieurs défaillances dans la préparation de la dernière rentrée scolaire et le système éducatif national. «Nos écoles se trouvent aujourd'hui dans une situation déplorable jamais enregistrée auparavant : un déficit de 16 000 enseignants, des écoles fermées, des infrastructures en état de délabrement et des conditions de travail indécentes», a souligné le syndicat rattaché à l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) dans son communiqué, indiquant que les autorités de tutelle ferment les yeux sur cette situation peu reluisante. Le syndicat général a également appelé à l'adoption d'une loi incriminant les agressions contre les établissements éducatifs et le personnel qui y travaille, tout en dénonçant vigoureusement l'agression et l'humiliation dont a été victime l'enseignante Faïza Souissi dans une école primaire de la ville de Sfax. Le 15 septembre dernier, cette institutrice à l'école Okba Ibn Nafie dans le quartier El Bahri à Sfax a été humiliée par des parents d'élèves qui l'accusaient de dénigrer les préceptes de l'islam dans sa classe. Ces parents ont accusé l'enseignante de «mécréance» et demandé son renvoi immédiat sous prétexte qu'elle exercerait «une mauvaise influence» sur leurs enfants. Le même jour, le ministère de l'Education a publié un communiqué condamnant le «harcèlement» subi par un membre du corps enseignant dans l'exercice de ses fonctions. Il a qualifié d'inadmissible ce qui s'est passé et annoncé l'ouverture d'une enquête tandis que la section de la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l'homme (LTDH) à Sfax a qualifié cette atteinte à l'intégrité de l'enseignante d' «acte criminel» et tiré l'alarme sur ces « graves agissements commis au nom de la religion» et qui tendent à se multiplier. «La mauvaise situation dans laquelle se trouve l'école publique a encouragé certains courants à servir leur agendas politiques et s'autoproclamer gardiens de la morale dans le pays », a dénoncé le syndicat général de l'enseignement de base indiquant que les enseignants «continueront à lutter contre l'ignorance les idées rétrogrades, l'obscurantisme et les tentatives de privatisation de l'enseignement et de mise au pas de l'école publique». Sur un autre plan, le syndicat a appelé à éloigner les établissements éducatifs de toute instrumentalisation politique. «Des élèves ont été privés de suivre les cours lors de la visite du président de la République Béji Caïd Essebsi à Sousse pour l'acclamer et agiter des drapeaux, ce qui constitue des pratiques irresponsables qu'on croyait révolues », a-t-il dénoncé. Des avocats et des parents d'élèves ont annoncé qu'ils allaient porter plainte contre les responsables des établissements éducatifs qui ont fait sortir les élèves pour accueillir Béji caïd Essebsi alors que le syndicat régional de l'enseignement de base a condamné cette atteinte à l'intégrité des institutions scolaires, appelant dans un communiqué à ne plus les utiliser pour des fins politiques. En réponse aux critiques exprimées par les parents et les syndicats, le délégué régional de l'Education, Néjib Zbidi, a déclaré que la sortie des élèves «était spontanée». Selon lui, des autorisations leur ont été accordées à la condition qu'ils soient accompagnés et encadrés par des enseignants.