Le syndicat Tunisien des médecins libéraux (STML) a adressé, dans un communiqué publié hier, un ultimatum à la Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM) concernant le paiement des honoraires de ses adhérents. La caisse a jusqu'au 1er décembre pour procéder au paiement des frais de soins administrés aux assurés sociaux, selon une décision prise par la commission administrative du syndicat lors d'une réunion tenue dimanche à Sousse. La commission administrative du STML a également décidé d'organiser une «journée de colère» et lancé un mot d'ordre de grève durant le mois de décembre prochain au cas où la CNAM ne respecterait pas cet ultimatum. Dans ce même cadre, le syndicat qui défend les intérêts des médecins de libre pratique, toutes spécialités confondues, a, d'autre part, décidé de coordonner avec les autres syndicats des prestataires de soins privés (pharmaciens, biologistes, cliniques privées, cliniques de dialyse etc.) pour examiner la question de la suspension ou du renouvellement des conventions signées avec la CNAM à compter de janvier 2018. Le STML a également rappelé que les retards de paiements des honoraires des médecins par la caisse ont dépassé cinq mois, tout en appelant à l'actualisation des tarifs conventionnels. «Les tarifs conventionnels n'ont pas été actualisés depuis 2008, date de l'entrée en vigueur du régime national d'assurance-maladie, ce qui a conduit à la fermeture de plusieurs cabinets médicaux et l'émigration des compétences médicales nationales», a-t-il souligné. Le syndicat des pharmaciens d'officine de Tunisie (SPOT) avait révélé la semaine écoulée que près du tiers des pharmaciens ont déjà suspendu la convention les liant à la CNAM. La suspension de cette convention qui définit les rapports contractuels entre les deux parties s'explique par les retards de paiement récurrents dont souffrent les pharmaciens, a-t-on ajouté de même source. Une enquête menée par le syndicat a révélé que les sommes dues par la CNAM aux pharmaciens sont estimées actuellement à plus de 60 millions de dinars et ce montant risque d'augmenter vu que les liquidités dont dispose la caisse continuent à s'assécher. Le syndicat a dit craindre un effondrement de plusieurs maillons de la chaîne impliquée dans la distribution des médicaments étant donné qu'une bonne partie des sommes figurant sur factures que présentent les pharmaciens à la CNAM revient aux grossistes spécialisés et aux laboratoires pharmaceutiques. Les médecins libéraux et les pharmaciens ne sont pas les seuls à faire à face aux retards de paiement de la part de la CNAM. La quasi-totalité des prestataires de soins privés, comme les cliniques, les médecins de libre pratique, les biologistes et les kinésithérapeutes en souffrent. La CNAM justifie ces retards par ses dettes auprès de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et de la Caisse nationale de retraite et de prévoyance sociale (CNRPS). Le secrétaire général adjoint de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) chargé de la couverture sociale, de la santé et de la sécurité au travail, Abdelkarim Jrad, a déclaré la semaine écoulée que ces dettes ont atteint près de 2,2 milliards de dinars à fin mars 20117. D'après les prévisions du ministère des Affaires sociales, le déficit comptable des caisses de sécurité sociale risque de dépasser la barre de 2000 millions de dinars à la fin de l'année en cours contre 1700 millions de dinars en juillet dernier.