«Stop à la violence sexuelle ! » Le message est clair et percutant, ses répercussions le seront-elles aussi ? « Me too » est une campagne internationale solidaire qui dénonce les agressions sexuelles et invite les victimes à se délester de ce poids et à sortir de leur silence en livrant leurs témoignages pour mettre fin à l'impunité des agresseurs. Suite à l'affaire Weinstein qui a secoué, il y a une dizaine de jours, Hollywood, le sacro-saint temple du cinéma, le harcèlement sexuel est devenu, en un temps record, le sujet le plus discuté sur les réseaux sociaux comme en attestent les statistiques des géants mondiaux. A l'origine de cette déferlante, les très nombreux témoignages d'actrices internationales qui ont accusé le puissant producteur américain d'abus sexuels en tous genres. Un scandale assourdissant qui révolte la toile et dont les échos parviennent jusqu'en Tunisie grâce à la campagne « Me too ». La campagne a été lancée il y a quelques jours sous la forme d'un hashtag afin de sensibiliser les internautes sur l'ampleur du problème des abus sexuels. C'est ainsi que la parole s'est graduellement libérée et que certaines victimes ont enfin pu livrer leurs témoignages, usant parfois de mots glaçants, d'autres fois colériques mais toujours amers. De par le monde, des femmes en majorité mais aussi des hommes ont relayé le hashtag pour dénoncer leurs agresseurs mais aussi pour les empêcher de recommencer. En Tunisie, l'initiative a aussitôt trouvé écho chez les internautes qui y ont massivement adhéré. Le hashtag « Mee too » a ainsi fait son apparence sur les réseaux et a suscité de nombreuses réactions entre sympathisants et dénonciateurs. Pour Marwa, quadragénaire, victime à l'âge de neuf ans d'attouchements sexuels de la part de son père, cette campagne est salvatrice car elle permet d'ouvrir une brèche dans le mur du silence et de libérer la parole. « Je n'ai jamais osé en parler à quiconque auparavant mais quand j'ai vu sur les réseaux sociaux que plusieurs de mes amies ont, elles aussi, été victimes d'abus sexuels, j'ai décidé d'aborder ce sujet avec des personnes qui me sont proches et à qui j'ai toujours caché ce lourd secret. J'espère que d'autres victimes auront le courage de le faire aussi. » Pour Ibtihel, les agressions sexuelles et surtout les attouchements font partie intégrante du quotidien de milliers de jeunes filles et de femmes, notamment celles qui empruntent les transports publics et mener de telles campagnes virtuelles ne saurait changer quoique ce soit. « Je ne minimise pas l'importance de cette campagne, mais je me demande comment ce hashtag pourra me venir en aide la prochaine fois qu'un pervers me collera de près dans le métro et essaiera de toucher mes parties intimes. Il faut que les mentalités changent et il faut plus d'agents dans les moyens de transport pour qu'on puisse se sentir en sécurité sinon cela ne sert à rien. » Suffit-il de dénoncer ? La campagne « Me too » contre les agressions sexuelles n'est pas la première à être largement relayée en Tunisie. Dans un pays qui a récemment voté une loi incriminant toute agression sexuelle commise contre les femmes et notamment le harcèlement, cette thématique trouve facilement écho. Toujours est-il que la finalité de telles initiatives est de faire avancer les choses et de changer les mentalités. Qu'en est-il vraiment ? Certes, le sujet n'est plus aussi tabou et les victimes commencent à évoquer ce qu'elles subissent ou ont subi. Mais de nombreuses filles affirment que leurs familles ou encore les agents de police auxquels elles se confient, essaient bien trop souvent de camoufler l'affaire et de les dissuader de parler. Le chemin est donc encore bien long pour plus de justice et surtout pour mettre fin à l'impunité des agresseurs qui ont recours le plus souvent à l'intimidation et aux menaces pour obliger les victimes à se taire.