Auditionné, lundi, par la commission d'investigation concernant les réseaux impliqués dans l'envoi des jeunes tunisiens vers les zones de combat, le président du comité directeur de l'organisation tunisienne de la sécurité et de la citoyenneté, Issam Dardouri, a fait des révélations chocs devant quelques députés de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP). Armé de quelques documents et de plusieurs preuves, le syndicaliste sécuritaire a dévoilé qu'à l'époque de la Troïka, le ministre de la Justice (qui est actuellement président du bloc parlementaire d'Ennahdha), Noureddine Bhiri, avait autorisé un prédicateur extrémiste à visiter les prisons tunisiennes. Evoquant un document classé top secret et signé par l'ancien ministre de la date du 3 décembre 2012, Dardouri a assuré que cet individu a réussi à radicaliser plusieurs détenus de droit commun. Enchaînant sur la même lancée, Issam Dardouri a assuré avoir en sa possession les preuves qui impliquent les autorités turques dans la falsification des passeports tunisiens pour les combattants qui rentrent de Syrie. Des données qui ont fortement déplu aux représentants d'Ennahdha qui, après avoir mené des altercations avec le président du comité directeur de l'organisation tunisienne de la sécurité et de la citoyenneté, ont fini par quitter la séance protestant ainsi contre les fausses accusations qui leur ont été portées. En dehors de la salle, les députés d'Ennahdha ont continué à crier au scandale alors qu'à l'intérieur, la présidente de la commission, Hela Omrane, a décidé de lever la séance. Commentant l'incident, le député d'Ennahdha, Abdelhamid Jelassi, est allé jusqu'à traiter Issam Dardouri de bouffon perturbateur cherchant à s'accaparer les devants de la scène. De son côté, Ameur Laârayedh a remis en doute les propos de Dardouri, expliquant que ce dernier cherche non pas à impliquer le mouvement d'Ennahdha, mais tente de remettre en question les forces armées tunisiennes en les accusant d'avoir ignoré le retour de plusieurs dizaines de terroristes des zones de combat sur les sols tunisiens. De son côté, la ‘fondatrice' et membre de la commission d'investigation concernant les réseaux impliqués dans l'envoi des jeunes tunisiens vers les zones de combat, Leila Chettaoui, a considéré les déclarations d'Issam Dardouri de graves, tout en assurant qu'elles pourront porter atteinte à la sécurité nationale. La députée a assuré que la commission compte convoquer toutes les personnes citées par Dardouri afin qu'elles apportent, à leur tour, leurs témoignages. Des déclarations qui n'ont pas beaucoup plu à Hela Omrane qui, dans une publication postée sur sa page officielle Facebook, a rappelé à l'ordre sa collègue en expliquant que seule la présidente de la commission d'investigation concernant les réseaux impliqués dans l'envoi des jeunes tunisiens vers les zones de combat pouvait parler de ce qui s'y passait tout en assurant que la députée Chettaoui n'était pas présente à la séance d'audition de Dardouri. Hela Omrane a appelé les médias à traiter le dossier avec beaucoup de sagesse et de tempérament et à ne pas s'inscrire dans des agendas politiques douteux. Une déclaration assez étrange pour celle qui, il y a à peine quelques mois, parlait haut et fort des implications du mouvement islamiste dans les actes terroristes que cela soit avant ou après le 14 janvier 2011. L'audition d'Issam Dardouri par la commission en question a fait réagir les députés d'Ennahdha et cela n'a rien d'étonnant puisque leurs collègues et eux se trouvent directement accusés de faits très graves. La question qui se pose ici est surtout relative à Nidaa Tounes représenté par son élue Hela Omrane ; une question légitime surtout lorsqu'on se mémorise ce qu'avaient fait les dirigeants du Nidaa contre Leila Chettaoui qui a été virée du mouvement après qu'elle ait réussi à rassembler suffisamment de signatures pour créer la commission en question. Une fois la commission en place et Leila Chettaoui à sa tête, cette dernière avait été accusée d'être derrière la fuite des enregistrements de la controversée réunion des cadres du Nidaa – les enregistrements où l'on entendait ces mêmes dirigeants tenir des propos indignes de leurs postes et de tout ce qu'ils sont supposés représenter – et a fini par être éjectée du mouvement. Aujourd'hui, Nidaa et Ennahdha, dans leur parfaite cohabitation, semblent être contrariés par les travaux de la commission et par les preuves de Dardouri ce qui rendra certainement stériles toutes ses avancées.