Issam Dardouri le président de l'association de la sécurité et de la citoyenneté, a révélé à TunisieNumérique, les dessous de son audition par la commission parlementaire d'enquête concernant les réseaux de recrutement et d'envoi des terroristes tunisiens vers les zones de combat. Dardouri a déclaré qu'il avait adressé une requête à l'ARP, pour être entendu par la commission parlementaire en question, que cette demande a été acceptée, qu'il a reçu une invitation signée de la part de Mohamed Ennaceur, Président du parlement. C'est alors que l'association a préparé un rapport circonstancié et précis et l'a soumise à la commission, scellant ainsi le sort du témoignage de Dardouri. Il a précisé qu'il a commencé son témoignage par un rappel historique du début de ce crime d'envoi des tunisiens pour combattre dans les rangs de terroristes. Il a ajouté qu'il était important de rappeler ce contexte et les conditions qui étaient réunies pour permettre la mise en place de ce forfait. C'est dans ce cadre qu'il a évoqué les associations soi-disant caritatives, ainsi que l'exploitation des mosquées et des écoles « coraniques » pour endoctriner et recruter des jihadistes. C'est dans ce cadre aussi, qu'il a abordé le sabotage dont a été victime le ministère de l'intérieur juste après la révolution et l'annulation de nombreux mécanismes de contrôle, des mouvements des terroristes, notamment aux frontières. Ce qui a permis le retour en Tunisie de nombreux terroristes qui ont été, par la suite, impliqués dans les assassinats politiques et les attentats terroristes contre les forces armées et les civils. Dardouri a ajouté qu'il a présenté à la commission, un document officiel impliquant un directeur général au ministère de l'intérieur dans la fourniture de nombreux passeports aux terroristes pour qu'ils puissent entrer et sortir comme ils le voulaient en Tunisie. Il a ainsi présenté le cas d'une dame à laquelle on a créé trois passeports en l'espace de neuf mois, sans qu'elle soit au courant. Ces documents ont été utilisés par d'autres personnes dans le cadre des transferts de femmes terroristes. il a parlé du cas d'un mineur qui a bénéficié d'un passeport contre l'accord de ses parents, qui lui avaient confisqué son passeport original. Ensuite, Dardouri a parlé d'un rapport établi par un responsable sécuritaire faisant état du retour de 117 terroristes de l'étranger par vol spécial, pour renforcer les terroristes du Chaâmbi. Le même responsable sécuritaire s'est, par ailleurs, plaint de pressions subies pour ne pas transmettre, au ministre, les multiples plaintes de familles en rapport avec le voyage de leurs enfants avec des passeports faits ou contrefaits sans leur autorisation. Dardouri a présenté, aussi le cas d'un terroriste ultra dangereux qui a combattu en Afghanistan, au Pakistan, en Irak et en Syrie, avant de rentrer en Tunisie en possession d'un passeport délivré par l'ambassade tunisienne à Damas, en 2015, alors qu'à cette période l'ambassade était close. Et il a ajouté que cet individu a, malgré ses aveux et son historique, été relâché, et il circule, actuellement, parmi nous. Il a parlé du cas d'un terroriste qui détenait à son retour en Tunisie, un passeport tunisien contrefait, mais conforme à l'original, délivré par les autorités turques, qui possèdent, donc, des passeports tunisiens vierges, et l'application pour les remplir. Il a aussi abordé le cas d'un capitaine de police qui a fourni un passeport à la femme d'un terroriste pour lui permettre de le rejoindre et qui a été puni pour cela, par une mise à pied de sept jours ! Ce qui établit la complaisance des dirigeants du ministère avec les complices des terroristes. Cette déposition complètement étayée par des preuves irréfutables, a ajouté Dardouri, a provoqué chez les députés d'Ennahdha, un état d'hystérie et ils se sont lâchés sur lui, en l'accusant de tous les maux de la terre le menaçant des pires sévices. La présidente de la commission a dû intervenir à plusieurs reprises pour leur demander de ne plus le menacer, alors qu'il était venu, simplement, présenter son témoignage mû par son sens du devoir. Or, les députés d'Ennahdha se sont dressés pour défendre les noms qui avaient été cités dans la déposition de Dardouri. Dardouri a déclaré que ce problème d'envoi des tunisiens combattre à l'étranger et servir souvent de chair à canon ne sera résolu que lorsqu'il y aura une véritable volonté politique pour le faire. Il a déploré le fait que la majorité des membres de cette commission se soient fixés comme but d'entraver ses travaux et l'empêcher d'atteindre la vérité, en usant de tout stratagème. Il a donc conclu que la vérité ne sortira jamais des travaux de cette commission, ou alors elle sera complètement modifiée et faussée. Car les députés ignorent les documents présentés et ne sont même pas prêts à les discuter, comme çà a été le cas du document impliquant Noureddine Bhiri dans l'ouverture des prisons devant les prédicateurs pour endoctriner et recruter les repris de justice. Sur ce sujet, Dardouri a ajouté qu'il lui a été donné de constater le travail de sape des prédicateurs dans les prisons quand il a passé un séjour incognito, et il a eu l'occasion de s'entretenir avec des détenus qui lui ont raconté leurs mésaventures avec les prédicateurs. Il a rappelé, ici, la funeste histoire du rappeur Eminio qui a été recruté par les prêcheurs alors qu'il était en prison pour une simple histoire de consommation de cannabis. Dardouri a conclu en assurant qu'Ennahdha n'a aucun intérêt à prendre la défense des responsables de ces crimes contre la jeunesse tunisienne, faute de quoi, elle allait se trouver, au premier rang des accusés.