Depuis sa nomination à la tête de l'Instance vérité et dignité (IVD), Sihem Ben Sédrine a mené la barque à sa guise, comme si elle était la seule détentrice de la vérité et de la glaive de la justice, tout en pensant qu'en agissant de la sorte, chaque année de son sombre exercice, elle s'acquitte de sa tâche. On se demande comment la présidente de l'IVD est arrivé à noircir autant de pages, pour en faire un rapport, alors que l'Instance tourne en rond et qu'elle est au point de départ, malgré les audiences publiques qu'elle a orchestrées et le tapage fait autour de ces séances consacrées à dévoiler la vérité sur l'oppression et les sévices accomplis, depuis l'Indépendance. Le bilan est peu flatteur pour l'IVD et cela est dû à l'entêtement de sa présidente qui avait fait cavalier seul. A quel dessein ? Vengeance estiment certains, pour en tirer le maximum de popularité, ou mieux encore, de populisme pensent d'autres. Aucune autre instance, même l'Instance supérieure indépendante pour les élections, malgré ses déboires, sommes toutes dues aux tiraillements politiques n'a connu pareils développements. Dès le départ, l'IVD a été marquée par des tensions extrêmes, notamment avec le départ du vice-président, Zouheir Makhlouf, que Ben Sédrine avait bouté dehors, tout en faisant-fi des décisions de justice qui avaient rétabli le concerné dans ses droits, le poussant, à la fin, à jeter l'éponge et à démissionner. Le parcours de cette instance a été, aussi, marqué par d'autres démissions de personnalités honnêtes et crédibles qui n'ont pas voulu souiller leur nom. Le dernier jugement concernant les activités de l'IVD est du président de la République, Béji Caïd Essebsi, lui-même qui dans son interview au journal français "Le Monde", publiée, lundi 18 décembre n'a pas manqué de critiquer le rendement de l'Instance qui n'a pas rempli la mission qui lui a été assignée en matière de justice transitionnelle (...) qui n'est pas une instance constitutionnelle et dont la mission prendra fin à la date prescrite par la loi, soit en 2018", a-t-il assuré. Un jugement et une décision ferme concernant la fin de la mission de l'Instance, fin mai 2018. Pourtant, l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) a adopté, mardi 5 décembre 2017, en plénière, le projet de budget de l'Instance avec 76 voix pour, 16 abstentions et 36 oppositions. Au cours de son audition, Sihem Ben Sédrine n'a pas manqué de s'attaquer à pratiquement toutes les structures du pouvoir et a démenti toute intention de prolonger le mandat de l'instance après l'expiration de sa mission légale en mai 2018. "L'Instance opère selon un calendrier bien précis et connait bien la date de l'aboutissement du processus de la justice transitionnelle", a-t-elle assuré dénonçant les nombreux blocages et difficultés qui se dressent devant l'IVD. En ce qui concerne l'indemnisation des victimes, Ben Sédrine a indiqué que ce dossier ne relève pas juridiquement de ses prérogatives, mais plutôt de celles de la présidence du gouvernement à travers le Fonds de la dignité. D'après elle, l'Instance avait fourni une assistance sociale et médicale aux victimes et mobilisé une enveloppe de 2,5 millions de dinars à cet effet. Ben Sédrine a, toujours, su comment tirer profit de sa situation et de sa position en se faisant passer pour une victime et moins d'une semaine après l'interview, le président de la République, Béji Caïd Essebsi a reçu mardi, au palais de Carthage, la présidente de l'Instance Vérité et Dignité (IVD), Sihem Ben Sédrine qui lui a remis le rapport annuel de l'instance pour l'exercice 2016, douze mois, jour pour jour, après la fin de l'exercice. Citée dans un communiqué de la présidence de la République, Ben Sédrine a indiqué que le rapport comporte une rétrospective de l'activité de l'IVD au titre de 2016 ainsi que son rapport financier. Ce rapport, comme on peut s'attendre ne fera que relater les échecs de l'IVD dans l'accomplissement de sa mission, tout en omettant d'expliquer les raisons qui avaient poussé sa présidente à faire le vide autour d'elle, afin d'agir comme bon lui semble, dans un esprit revanchard et égoïste dit-on.