La corruption a proliféré, durant la période post-révolution, et certains responsables, cadres administratifs ont trouvé les moyens de puiser dans les caisses de l'Etat en toute impunité, surtout que la conjoncture s'y prêtait de belle manière. Le couronnement avait été le dédommagement des terroristes, comme le fameux Abou Iyadh, pour les «injustices» qu'il avait subi, alors qu'il a utilisé les sommes d'argent perçues pour tisser la toile d'une confrérie extrémiste, takfiriste et salafistes qui endeuille le pays. Maintenant, le temps est arrivé où il faut rendre des comptes, pour les spéculateurs et les corrompus, avec la perspicacité de l'Instance nationale de lutte contre la corruption (INLUCC) dont le président, Chawki Tabib, vient de dévoiler, jeudi, de nouveaux dossiers de corruption «présumée» impliquant, cette fois, des responsables au ministère des Finances. Les dossiers de suspicions de corruption portent sur la fiscalité. Ils ont causé des pertes financières énormes pour l'Etat, a-t-il précisé lors d'une conférence à Tunis sur le thème «l'évasion fiscale et les droits de l'homme». D'après Tabib, des suspicions de corruption impliquant des responsables au ministère des Finances auraient provoqué une perte importante à la trésorerie générale en facilitant l'octroi d'attestations de main levée sur plusieurs biens fonciers», a-t-il martelé devant les participants à la rencontre. Tabib a, également, révélé des cas de corruption présumée touchant les circuits de distribution du tabac et la clôture de patentes sans règlement des arriérés de leurs propriétaires. Ces pratiques interviennent en application des décisions prises par certains responsables de la finance publique, a-t-il accusé. Et de citer, à titre d'exemple, un dossier de corruption relatif à une suppression de dettes estimées à 13 millions de dinars par des responsables du département des Finances. «Ces fonds auraient dû être injectés dans la trésorerie de l'Etat», a lancé le président de l'INLUCC, assurant que ce dossier est déjà soumis au pôle judiciaire, financier et économique. Autres dossiers de corruption « présumée « révélés par l'instance dans le cadre de son bilan d'activité pour l'exercice 2017, la suppression des dettes de certaines entreprises et personnes physiques sans garantie de remboursement ainsi que des dépassements relatifs l'octroi des autorisations de vente du Tabac. Chawki Tabib a, par la même occasion, souligné l'importance de l'approche préventive et réformiste dans le domaine de la lutte anti-corruption. «L'investissement dans la lutte contre la corruption est un investissement gagnant», a-t-il assuré ajoutant que l'Etat devrait dépenser pas moins de 5 dollars par citoyen dans le domaine de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption». Et d'ajouter ; «Sur chaque dollar dépensé dans la lutte contre la corruption, l'Etat s'assure des retombées de l'ordre de 150 dollars». D'après Tabib, le système fiscal tunisien est jugé «complexe» et «non équitable» dans la mesure où il constitue, une porte d'entrée pour la corruption qui tire profit de la complexité de l'administration publique et du vide juridique. Il est certain que les responsables du ministère des Finances, auteurs de ces méfaits n'avaient pas commis bénévolement leurs forfaits et qu'ils avaient tiré des profits financiers faramineux de leurs interventions, ce qui laisse la place à la possibilité de leur faire payer cher leurs délits, en monnaie sonnante et trébuchante. L'INLUCC, malgré les obstacles et le manque de moyens, est en train d'accomplir un travail gigantesque, mais il est nécessaire que les autres pouvoirs et rouages de l'Etat réagissent dans le bon sens, pour juguler le fléau de la corruption.