Le doyen des cinéastes tunisiens vient de nous quitter. Omar Khlifi avait persisté et signé son amour inconditionnel pour l'histoire contemporaine de la Tunisie pré et post indépendante. A travers des films, des livres et autres articles de presse publiés en Tunisie dans les quotidiens de la place : « La Presse », « Le Temps », « L'Action », « Le Renouveau » et en France dans « Jeune Afrique », il y réagissait à chaud à des faits de l'actualité nationale et internationale ou répondait à des points de vue sur tel ou tel sujet. Le parcours d'Omar Khlifi a été exceptionnel. Son sourire et son rire éclatant ne quitteront pas la mémoire de ceux qui l'ont aimé et côtoyé durant des décennies. Notre dernière rencontre avait eu lieu le 20 mars 2017 à la maison de la culture Ibn Rachik à l'occasion de la célébration du cinquantenaire du cinéma tunisien, le jour même où avait été projeté au « Mondial » le premier long-métrage tunisien : « Al Fajr » (L'Aube) d'Omar Khlifi. Une exposition de photos de films et de plateaux de tournage et de documents appartenant à Omar Khlifi y était organisée. Notre réalisateur y avait témoigné sur scène sur l'époque de la fin des années cinquante et le début des années soixante du siècle dernier quand il avait commencé en autodidacte à mettre la main à la pâte, voire à la caméra pour tourner des petits films au sein de l'Association des jeunes cinéastes tunisiens qui avait précédé de quelques années la création de la FTCA. Et fait du hasard, Omar Khlifi a réalisé cinq longs-métrages et publié cinq livres. Pour les films, il s'agit d': « Al Fajr » en 1966-67, « Al Moutamarred » (Le Rebelle), en 1968, « El Fallagas » (Les Fellagas), en 1970, « Sourakh » (Hurlements) , en 1973 et « Attahaddi »(Le Défi), en 1985-86. Quant aux livres, ce sont : « Histoire du cinéma en Tunisie », « Moncef Bey- Roi martyr », « Bizerte, la guerre de Bourguiba », « L'assassinat de Salah Ben Youssef » et « Le Changement, pourquoi ? Comment ? » Et au cours de l'un de nos rencontres, je lui avais lancé, pour le taquiner que l'année où il ne sortait pas un film, il sortait un livre ! Il avait accepté tout sourire cette remarque. Et qu'est-ce qui nous restera encore en mémoire d'Omar Khlifi ? C'est cette fougue et cette passion qui l'habitait pour dire et raconter, par la plume et la caméra en n'abandonnant jamais devant aucun obstacle, aussi dur soit-il.