2024 a été une année difficile pour One Tech Holding, avec certains imprévus ayant impacté ses performances. L'année 2025 s'annonce d'ores et déjà sous de meilleurs auspices, laissant entrevoir de belles réalisations. C'est globalement ce qui ressort de l'Assemblée générale ordinaire pour l'exercice 2024, tenue vendredi 23 mai 2025 à l'hôtel Acropole, sous la présidence de Moncef Sellami, président du conseil d'administration, et en présence du directeur général, Hédi Sellami.
Moncef Sellami a indiqué que 2024 a été marquée par un travail de fond axé sur la rentabilité, la réduction des charges et la recherche de partenariats stratégiques susceptibles d'apporter de nouvelles technologies ou un savoir-faire complémentaire. Il a expliqué que l'activité de la société permet une projection à moyen et long terme. Et de souligner : « Nous produisons de l'électronique qui nécessite beaucoup de travail d'ingénierie et de conception, ainsi que beaucoup d'efforts. Nous n'avons pas la même stratégie que d'autres entreprises ».
Conjoncture Hédi Sellami a d'emblée évoqué la conjoncture mondiale ayant affecté l'entreprise. Il a rappelé que l'année 2024 avait été marquée par une baisse de la demande, une volatilité des prix des matières premières, notamment le cuivre et l'aluminium, ainsi qu'une forte fluctuation des taux de change, avec une appréciation du dinar face à l'euro. Il s'agissait, selon lui, d'une année d'adaptation et de compression des coûts pour atteindre les résultats espérés. 2024 a également été une année record en termes de bons de commande, atteignant 63 millions d'euros, dont 27 millions provenant de nouveaux clients (encore en phase de test, ndlr), contre 26 millions d'euros en 2023. L'entreprise totalise déjà 25 millions d'euros de commandes en 2025, espérant terminer l'année avec un chiffre supérieur à celui de 2024. À noter qu'une commande s'étale sur la durée de vie d'un projet, soit environ trois ans. Performances Dans ce contexte, la société a enregistré un chiffre d'affaires en baisse de 5%, passant de 1,1 milliard de dinars fin 2023 à 1,05 milliard fin 2024. Cela étant, le taux de croissance annuel moyen s'est établi à 10% entre 2020 et 2024. Dans le détail : * L'activité câblerie a généré 494 millions de dinars, * La mécatronique, 513 millions de dinars, * L'ICT, 31,7 millions de dinars. En 2024, la société s'est recentrée sur son cœur de métier, notamment via le désengagement de certaines activités. La cession de Helioflex, en avril 2024, s'inscrit dans cette logique. Elle a également optimisé ses coûts opérationnels afin d'améliorer la marge brute et l'EBITDA, tout en réduisant son empreinte carbone de 10%, en anticipation du Mécanisme d'ajustement carbone aux frontières (MACF), communément appelé taxe carbone. Sa trésorerie s'est également nettement améliorée. Concernant Fuba et ses difficultés, un partenariat stratégique a été conclu, apportant une valeur ajoutée technologique via une montée en gamme des produits, une réduction des coûts et une amélioration de la compétitivité. Aux termes de cet accord, la société chinoise Union Gain Electronics Technology s'engage à acquérir 33% de Fuba sur trois ans. Au niveau consolidé, les revenus de 2024 sont restés quasiment en ligne avec les prévisions (-1,5%), la société ayant anticipé la baisse de la demande dans les secteurs automobile, du bâtiment et de l'industrie. La marge brute consolidée a progressé de 2%, avec un taux passant de 24,1% à 26,1% entre 2023 et 2024 : * Pour la câblerie : de 16% à 17%, * Pour la mécatronique : de 31% à 32%, * Pour l'ICT : de 34,8% à 44%. Malgré la contre-performance de sa filiale Fuba, l'EBITDA consolidé a progressé de 1%, avec une marge EBITDA atteignant 9,7%. Le résultat net consolidé s'élève à 30,9 millions de dinars fin 2024 contre 42,4 millions fin 2023 (-27%), impacté par : * L'appréciation du dinar face à l'euro (impact de six millions de dinars), * L'augmentation de la pression fiscale (5,2 millions), * Les pertes liées à Fuba (-12,9 millions). En neutralisant ces effets, le résultat net aurait atteint 55 millions de dinars. Les investissements ont augmenté de 12%, notamment dans le pôle mécatronique. Sur les 32,4 millions de dinars prévus pour 2024, 86,4% ont été réalisés. Parallèlement, la dette a été réduite de 19%. Le DG a résumé : « La société investit mieux et plus intelligemment. » Perspectives Hédi Sellami prévoit que 2025 sera un peu meilleure que 2024. Le groupe vise : * Des revenus consolidés de 1,13 milliard de dinars (+8%), * Un EBITDA de 111,34 millions (+9,8%), * Un EBIT de 60,33 millions (+14%), * Un résultat avant impôt de 62,87 millions (+5,5%), * Un résultat net consolidé de 47,4 millions de dinars. Cette amélioration devrait résulter d'un meilleur mix produits, d'une meilleure maîtrise des charges d'exploitation et d'une nette amélioration de la performance de Fuba Tunisie. Le budget d'investissement reste aligné sur la moyenne historique, à 34 millions de dinars, répartis entre 21 millions pour la câblerie et 13 millions pour la mécatronique. Lamia Fourati, directrice stratégie et développement, a affirmé que le groupe ambitionne de devenir le leader technologique régional, avec une performance « best in class » et une excellence industrielle en adéquation avec les exigences de compétitivité et de proximité client. La société parie sur une croissance moyenne de 9% des systèmes électroniques automobiles d'ici 2035, ainsi que sur l'essor des véhicules électriques. Elle vise aussi des marchés porteurs comme : * Les vélos électriques (+10%/an), * Les machines agricoles (+3%/an), * Les pompes à chaleur/climatisation (+10%/an), * Les bornes de recharge, * Le gros électroménager, * L'aéronautique. Elle vise également le marché du câble énergie en Afrique et au Moyen-Orient (croissance attendue : 6 à 8% par an). À ce jour, 53% de son chiffre d'affaires est sécurisé à l'horizon 2028. Un projet d'extension est lancé au Maroc, avec une usine de 3.200 m², incluant l'intégration de l'électronique, ainsi qu'un projet de développement de Tunisie Câbles. Pour réduire sa consommation énergétique et son empreinte carbone, One Tech a installé des panneaux photovoltaïques sur les toits de ses usines (économie estimée à 16% du coût énergétique). Elle compte également investir dans un champ photovoltaïque de 10 à 20 mégawatts, réduisant sa facture de plus de 20%. Le taux de recyclage des déchets dangereux a progressé de 22% et les déchets non dangereux sont valorisés à 100%. Gouvernance et stratégie One Tech Holding souhaite renforcer ses partenariats internationaux et diversifier ses marchés d'application. Elle vise un chiffre d'affaires de 1,5 milliard de dinars d'ici 2028 (+50%) et un EBITDA de 12% grâce à sa stratégie de croissance, de diversification, d'excellence opérationnelle, d'engagement ESG et de digitalisation (robotisation, IA). Consciente que la performance ne se limite plus aux seuls résultats financiers, l'entreprise a présenté pour 2024 un rapport intégré incluant ses performances extra-financières ESG. Elle a lancé le programme de transformation durable « OneTech OneEarth », structuré autour d'objectifs ambitieux et mesurables en matière d'environnement (énergies renouvelables, recyclage, réduction des émissions), de progrès social (inclusion, sécurité, équité) et de gouvernance (éthique, conformité, transparence). Dialogue avec les actionnaires Comme à l'accoutumée, les actionnaires ont réclamé une hausse du dividende et/ou une augmentation de capital par incorporation des réserves. Moncef Sellami s'est opposé à la première proposition, avant de céder en proposant un dividende de 0,26 dinar par action (contre 0,25 initialement), qui sera mis en paiement le 13 juin 2025. Il a précisé que l'entreprise exerce une activité industrielle – et non commerciale – impliquant d'autres exigences, notamment en matière d'investissement, et a affirmé refuser le recours à l'endettement. Il a martelé : « Je défends 5.000 employés, des cadres et la Tunisie ». Il a ajouté : « One Tech est une entreprise saine et transparente », répondant aux critiques en précisant que sa passion pour le football est financée par ses fonds propres et que ni le DG ni le DGA ne disposent de voiture de fonction. Quant à la deuxième proposition, Hédi Sellami a promis une augmentation de capital par incorporation des réserves l'année prochaine.
One Tech Holding affiche donc de grandes ambitions pour l'avenir. Pour les atteindre, la société mise à la fois sur la transformation interne et sur des partenariats stratégiques. Affaire à suivre.