Le vice-président et député du mouvement d'Ennahdha, Ali Laârayedh, a déclaré, lors d'une interview accordée à la radio Shems FM, que le Front populaire cautionne et blanchit la violence. Pour l'ancien chef du gouvernement et actuel député, la coalition de la Gauche soutient et encourage tous ceux qui brûlent et qui vandalisent les biens d'autrui en affirmant qu'il s'agit là d'un acte de liberté. Ancien ministre de l'Intérieur, Ali Laârayedh a affirmé également que le Front continue, à ce jour, d'appeler aux confrontations directes et ce jusqu'à la chute du régime actuel. Pour lui, ce genre d'appels pourraient très bien exposés certaines personnalités à de sérieuses menaces de mort. Faisant donc allusion aux dernières protestations qui ont dérapé dans quelques régions du pays, Ali Laârayedh semble déterminer à faire porter le chapeau au Front. Un discours qui vient en continuité à un communiqué d'Ennahdha, publié lors des incidents en question, qui a tiré à boulets rouges sur ‘les forces de la Gauche du pays'. Cette annonce vient aussi renforcer l'accusation portée par le chef du gouvernement, Youssef Chahed, qui a directement cité le Front au cours de la même semaine. Ce qui est intéressant avec le cas d'Ali Laârayedh, c'est le fait qu'il n'ait absolument rien retenu des leçons tirées de sa période de règne. Personne ne peut en effet oublier son passage, en décembre 2012 lorsqu'il était ministre de l'Intérieur, sur la première chaîne nationale (Journal télévisé).Laârayedh avait alors accusé ouvertement et agressivement feu Chokri Belaïd, secrétaire-général du Parti unifié des patriotes démocrates (WATAD) d'avoir été derrière les protestations de Siliana. Selon le ministre de l'Intérieur de l'époque, Belaïd et son parti auraient donné de l'argent aux habitants de Siliana pour que ces derniers se révoltent contre le régime de la Troïka. Le passage d'Ali Laârayedh est resté dans les annales d'autant plus que Chokri Belaïd a été assassiné quelques semaines plus tard. Ennahdha qui nous a fait endurer, pendant les deux ans et quelques de son règne, des violences sans nom se permet aujourd'hui de donner des leçons en la matière : alors que le terrorisme commençait à mettre pied dans notre pays, Ennahdha, nous disait qu'il s'agissait de quelques cas marginaux et le porte-parole de l'Intérieur à l'époque nous avait même fait le récit d'une bande de jeunes qui auraient pris le Mont Chaâmbi comme parcours de santé pour y exercer du sport et éliminer le cholestérol de leur corps... Ennahdha n'était pas seul dans ses délires puisque son allié de l'époque, le CPR, nous bombardait avec ses théories du complot relatives au terrorisme : Samia Abbou, ancienne CPR et actuelle Courant démocratique, était parmi ceux et celles qui affirmaient, avec insistance, que le terrorisme n'était que l'outil employé par certains pour faire gagner la contre révolution. Aujourd'hui, cette même députée est directement menacée de mort et ses propos, et ceux de son parti d'ailleurs, ont totalement changé de bord... Ce qui est vraiment malheureux dans cette affaire c'est que certains, à l'instar de Youssef Chahed ou encore de Béji Caïd Essebsi, ont fait en sorte, consciemment ou inconsciemment, de donner à Ennahdha l'occasion de vider son casier de se présenter au grand public comme le grand moralisateur et élément conciliant et réconciliant de toute la scène politique. Un statut qui pourrait aider le mouvement islamiste à faire oublier une bonne partie de ses dérapages pour que l'électeur ne garde que les bons souvenirs pour les prochaines élections...