La centrale syndicale bouge dans tous les sens pour tenter de réanimer la Compagnie des Phosphates de Gafsa (CPG), qui se meurt à petit feu sous l'effet de protestations sociales organisées par les recalés d'un concours de recrutement controversé. Après s'être ouvertement désolidarisé des protestations sociales qui secouent le bassin minier depuis 20 janvier dernier, l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) a décidé de peser de tout son poids afin de sauver la CPG, qui est l'un des plus gros employeurs du pays. Les syndicats de base de la compagnie rattachés à l'UGTT ont organisé, hier, un rassemblement de protestation devant le siège social de la compagnie, pour inciter les autorités de tutelle à trouver une solution urgente à la paralysie de l'activité dans les différents sites de production. Ce rassemblement se situe dans le cadre d'une campagne lancée depuis une semaine sur les réseaux sociaux pour sensibiliser les autorités de tutelle au blocage de la situation dans les délégations du bassin minier, à Mdhilla, Redeyef, Om Larayes et Metlaoui et ses conséquences sur les équilibres financiers de la compagnie et sur le ralentissement de l'activité des entreprises partenaires, dont notamment le Groupe chimique tunisien et la société tunisienne de transport de produits miniers. Les syndicats de base de la CPG ont annoncé, jeudi dernier, la suspension du travail au siège social de la société, en signe de protestation contre la dégradation du secteur de phosphate suite à l'arrêt des activités de production depuis plus de deux semaines. Ils ont aussi regretté à cette occasion «le laxisme des autorités régionales et centrales à chercher des solutions à la crise que traverse le secteur». D'autre part, le secrétaire général-adjoint de l'UGTT, Bouali M'barki, présidera, aujourd'huui, un conseil sectoriel des syndicats des mines qui sera consacré à l'examen de la situation de la CPG. Ce conseil qui se tiendra à Tunis devrait se solder par l'adoption d'une série de mesures et de recommandations visant à préserver la pérennité de la compagnie et à impulser sa contribution à l'emploi et au développement de la région. La situation de la CPG a été aussi au centre d'une réunion tenue jeudi dernier au siège de la centrale syndicale, à la Place Mohamed Ali, entre le ministre de l'Energie, des Mines et des Energies renouvelables, Khaled Kaddour, et le secrétaire général de l'organisation, Noureddine Taboubi, en présence du secrétaire d'Etat chargé des Mines, Hachemi Hemidi. Rien n'a filtré sur le contenu de cette réunion. L'accès aux sites de production de phosphate dans la région de Gafsa est bloqué, depuis le 20 janvier 2018 par des demandeurs d'emplois qui ont dressé des tentes pour contester les résultats du concours de recrutement par la CPG de 1700 agents d'exécution. De ce fait, la production est totalement à l'arrêt, et les stocks de la CPG sont pratiquement à zéro. La production de phosphate n'a pas en effet dépassé 160 mille tonnes depuis le début de l'année 2018 contre 500 mille tonnes durant la même période de 2017. Habituellement prompte à soutenir et encadrer les manifestations contre le chômage et la manque de transparence des concours, l'UGTT n'a pas apporté son soutien aux recalés du concours de recrutement de 1700 agents d'exécution. «Nous refusons de cautionner les sit-in qui causent l'arrêt de la production du phosphate. Cette forme de protestation pourrait en effet causer l'effondrement de la CPG et fournir un argument fort à ceux qui cherchent à la privatiser», a souligné l'antenne régionale de l'UGTT à Gafsa. L'organisation a, par ailleurs, appelé à combattre la mentalité très répandue selon laquelle seule la CPG peut fournir des emplois aux habitants de la région, tout en soulignant la nécessité de diversifier le tissu économique à Gafsa.