Des couleurs, des ombres, des paysages, des regards, des larmes, du sang, du noir, du blanc, des rires, de l'espoir, des masques, des drapeaux, un rouge à lèvres, du feu, le sahara mais surtout une Tunisie qui bouge, qui vibre, qui rêve et qui avance malgré tout. Voici ce qu'il faut retenir de la première exposition individuelle de Amine Landoulsi, « Amen », qui se poursuit à la Maison de l'image jusqu'au 22 mars. Durant sept, Amine Landoulsi a sillonné la Tunisie du nord au sud, toujours accompagné de son plus fidèle ami, son appareil photo. Manifestations, festivités, élections, festivals, obsèques, spectacles, déplacements officiels, rencontres, matchs, il est partout où l'actualité le porte. L'homme arpente les rues, brave la météo, s'expose au danger et capture des moments de vie et d'Histoire pour les immortaliser. Bien que figées sur papier glacé, ses photographies dégagent beaucoup de mouvement et de bruit. Elles sont le témoin fidèle d'une époque agitée, d'une Tunisie parfois malmené, de citoyens désorientés. Une rétrospective haute en couleurs et forte en émotions qui secoue de l'intérieur et fait ressurgir une panoplie de souvenirs. Souvenirs d'un pays délivré, d'un dictateur chassé, d'une liberté pacifiquement acquise après avoir été trop longtemps réprimée, d'une démocratie naissante et rêvée et d'un peuple qui se cherche encore et toujours. « Amen » est un hymne à l'espoir et à la vie qui met en scène aussi bien les officiels que les citoyens, les jeunes que les vieux, les hommes que les femmes. Du Bardo à la Kasba en passant par les quartiers populaires, les scènes de crime, le désert ou encore les salles de conférence feutrées, « Amen » nous emmène en voyage dans cette nouvelle Tunisie, née à l'aube de 2011. C'est d'ailleurs cette année là que la carrière photographique d'Amine Landoulsi prend de l'élan et s'oriente vers le professionnalisme. Il le dit lui même, la photo, il n'a jamais pensé à en faire un métier. Cette passion l'a pris dès son plus jeune âge, quand avec son œil espiègle et curieux, il prenait en photo tout ce qui attirait son regard. Un jour, son père a agrandi la photo d'un lever de soleil qu'Amine avait prise à Hammamet et l'a accrochée sur l'un des murs du salon. Un geste paternel dénué de paroles, riche en symboles. Depuis ce jour, la photographie a pris une autre dimension pour le jeune homme qui a multiplié les prises et diversifié ses centres d'intérêt sans vraiment trouver ses repères. Le photographe a continué à se chercher jusqu'en 2010, où les soulèvements populaires en Tunisie qui secouaient le pays lui ont offert une opportunité en or de se professionnaliser en couvrant une actualité brûlante qui suscitait l'intérêt des médias étrangers et attisait leur curiosité. Ainsi commence l'aventure qui le mènera aux quatre coins du pays, couvrant l'actualité pour le compte d'agences de presse internationales telles l'Associated Press ou encore Anadul ou encore des médias étrangers de renom. Parmi ses plus célèbres clichés, celle de Rachid Ammar, ancien chef de l'armée, illustrant l'enquête de Jeune Afrique, intitulée « L'homme qui a dit non ». Amine Landoulsi a été sélectionné pour la biennale des photographes du monde arabe contemporain en 2015 et a exposé dans le cadre d'expositions collectives en Tunisie, en Europe et ailleurs. Depuis 2017, il a retrouvé son statut de photographe indépendant et se consacre à des projets individuels sans toutefois renoncer à partager sa passion avec les amateurs de la photographie, notamment dans le cadre du Club Photo, qu'il a co-fondé avec l'un de ses précieux amis, le photographe Hamideddine Bouali, qu'il représente d'ailleurs dans un des clichés d'«Amen» et qui signera un des textes accrochés aux murs. Dans son texte hommage, il témoignera, toute en pudeur et en retenue, également de toute l'affection qui porte à ceux qu'il aime, à commencer par son épouse, à ses enfants, à sa famille, aux amis et à tous ceux qui l'ont encouragé sur la voie de la passion. Puisse cette passion durer encore et encore et cette flamme artistique ne jamais s'éteindre. Amen !