Des photographies minutieusement sélectionnées d'une archive qui remonte à dix ans où se mêlent, comme il le note, «la grande histoire, celle qui a eu lieu dans la rue, dans les palais ou dans les amphithéâtres ; chez moi avec ma famille, mes amis, mes connaissances et maintenant vous...qui êtes là». Amine Landoulsi a déroulé la «bobine», une bobine où cohabitent le personnel et le commun, où se chevauchent de grands moments historiques qu'a connus le pays, des moments d'émotions, de révolte, de rage, de drame, de joie, mais également son vécu personnel de l'artiste, l'expression de son affect et de ses rencontres en «hors-champs». Il arpente le temps, nous propose des «arrêts sur moments» de 1998 à 2018, pour s'attarder plus sur la révolution et les événements de l'après 2011. Et cela est visible à la Maison de l'image à travers sa première exposition personnelle «Amen». Oui les photos de Amine Landoulsi sont là pour témoigner, transcrire une part de l'histoire commune mais elles sont là pour nous raconter Le photographe et l'homme... Un travail cathartique, la somme de l'évolution (la révolution) personnelle de l'artiste, «la photographie est une thérapie», nous dit-il. Des photographies minutieusement sélectionnées d'une archive qui remonte à dix ans où se mêlent, comme il le note «la grande histoire, celle qui a eu lieu dans la rue, dans les palais ou dans les amphithéâtres ; chez-moi avec ma famille, mes amis, mes connaissances et maintenant vous...qui êtes là». Une grande part est accordée au récit de la Tunisie de l'après 14-Janvier 2011, de l'après-«révolution» (toujours en marche souligne Amine) : 7 ans durant, où il a arpenté les villes et les rues du pays, assistant à des manifestations, des rassemblements, des événements culturels, se déplaçant sur des lieux aux odeurs funestes, à l'instar du Bardo et de Sousse. Des moments poignants qui ont marqué la mémoire collective qu'il nous fait revivre à travers «Amen». Ses photographies sont aussi autant de rencontres, de connexions avec l'autre, des personnes rencontrées au gré de ses déplacements, des émotions partagées, des gens qui voyaient en lui une sorte de «sauveur», lui livrant leurs soucis personnels, leurs revendications. «Je ne suis pas dans une approche esthétisante, je vois et je transcris. je ne me suis pas trahis», nous confie l'artiste, qui veille toujours à l'authenticité de son travail. Une authenticité que l'on peut que relever en visitant «Amen». Une authenticité faite de grands moments d'émotion, de larmes, de la joie, du son, de la texture, de la lumière, du sang, des mouvements, de la texture, des couleurs et du noir et blanc. Amine informe, rapporte, certes, mais pas que cela, Amine a le regard intelligent et empathique, il est sensible à ce qui l'entoure, il fait parler le temps, il sait investir l'espace et raconter des moments de partage. Et, outre, l'émotion ressentie au contact de ses moments communs qu'il dépoussière faisant remonter à la surface des vécus personnels, c'est l'émotion esthétique, l'expérience plastique qui nous saisissent, le langage des détails et la force du récit photographique. La force de cette passion qu'il a pour la photographie depuis son jeune âge, une passion nourrie, comme il le dit, par son ouverture sur le monde en compagnie d'amis d'enfance du club d'enfants du Bardo, d'enseignants valeureux du lycée Khaznadar, d'animateurs de Club photo à la maison de jeunes du Bardo, mais aussi de livres, de théâtre et de cinéma...Plusieurs photos prises, une est agrandie par son père, celle d'un lever de soleil et accrochée au salon. «Il fut mon premier galeriste. J'ai eu sa bénédiction d'être photographe», note-t-il. Et l'aventure a commencé depuis ! La photographie commença à prendre une place de plus en plus importante dans son quotidien, il l'aborde d'abord en amateur pour finir à en son métier à partir de 2011 travaillant pour différentes agences internationales, à l'instar de l'Associated Press. Merci et bon vent Amine! Une exposition à voir absolument jusqu'au 22 mars à la Maison de l'image.