Lors d'une interview accordée, dimanche soir, à la première chaîne nationale, le chef du gouvernement, Youssef Chahed a assuré que son équipe ministérielle ne connaîtra pas de changement imminent. Estimant que le pays a un besoin vital de stabilité politique, Chahed a expliqué que les sept ou huit gouvernements post-révolution qu'a connus le pays ont été largement suffisants. Mettant en valeur le bilan de son équipe au niveau des secteurs du textile, des IME et du tourisme, Youssef Chahed a assuré qu'il fait souvent des reproches à ses ministres lors des conseils ; des reproches qui sont pris en compte par les concernés selon le chef du gouvernement. La déclaration de Youssef Chahed répond aux récents propos du secrétaire-général de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) qui, au cours d'un meeting populaire à Sidi Bouzid, a appelé à un remaniement partiel pour apporter du sang neuf au gouvernement d'union nationale. Pour Noureddine Taboubi, un remaniement partiel est aujourd'hui nécessaire pour que les différents ministères puissent travailler en meilleure harmonie et répondre plus aux attentes du peuple. Avant d'être convié au palais de Carthage pour rencontrer le président de la République, Béji Caïd Essebsi, le secrétaire-général de la centrale syndicale a précisé, au cours d'une déclaration radiophonique, son appel en expliquant qu'il est devenu impératif aujourd'hui d'établir une vraie évaluation objective du rendement du gouvernement Chahed en prenant en considération toutes les difficultés auxquelles fait face ce dernier. Et d'ajouter que l'UGTT a déjà dressé sa propre évaluation. Le lendemain de la diffusion de l'interview de Youssef Chahed, le ministre auprès du chef du gouvernement chargé des Relations avec les instances constitutionnelles, la société civile et les organisations des droits de l'Homme, Mehdi Ben Gharbia, a expliqué que bien que l'UGTT soit un important partenaire du gouvernement, son avis ne peut pas forcément toujours pris en compte. Pour Ben Gharbia, « le gouvernement sait ce qu'il fait et où il va » et ne peut donc pas être perturbé par des appels pareils. Le gouvernement le sait, en effet, et Youssef Chahed a profité de son interview du dimanche soir pour nous y préparer ; alors que certains observateurs sont quasi-certains de l'évincement de l'équipe gouvernementale actuelle, le chef du gouvernement a préféré anticiper tout déclin en annonçant que son équipe sera en effet dérangée mais pas pour « les bonnes raisons ». En effet, Chahed a évoqué l'affaire du plus grand dossier de corruption que la Tunisie n'ait jamais connu (selon lui) à savoir le dossier de la Banque franco-tunisienne (BFT) ; traînant depuis 1989, ce dossier serait sur le point d'être réglé après que Chahed en ait fait une priorité. Un dossier qui compromettrait plusieurs parties qui tenteraient, elles mêmes, de nuire au chef du gouvernement. Comme il le fait depuis mai 2017, Youssef Chahed a beaucoup focalisé sur le dossier de la lutte contre la corruption pour arriver à affirmer que « la moitié de ceux qui critiquent son travail le font parce qu'ils sont opposés à cette lutte »... Bien que cette lutte soit très importante pour le pays actuellement, elle ne peut plus être le seul argument fort pour un chef du gouvernement parce que le pays souffre de plusieurs autres maux.