Le président de la République, Béji Caïd Essebsi, a récemment appelé à une réunion des signataires du pacte de Carthage. Des signataires qui représentaient, au début de l'initiative en 2016, neuf partis politiques et trois organisations nationales. Depuis, Afek Tounes, Al Machroû ou encore l'Union patriotique libre (qui a toutefois repris les réunions), se sont désengagés du document. Parmi les signataires qui se référent le plus à l'accord de Carthage figure l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) et son secrétaire-général Noureddine Taboubi qui, il y a, à peine un mois, semblait être le seul vrai soutien du gouvernement d'union nationale présidé par Youssef Chahed. Il vient de marquer, en début de ce mois, un revirement de position sans précédent. Après avoir appelé à un remaniement ministériel, le secrétaire-général de la centrale syndicale vient d'annoncer que la rencontre des signataires, qui se tiendra, selon lui, aujourd'hui, sera décisive et loin de toute forme de complaisance. De son côté, le secrétaire général-adjoint de l'UGTT, Sami Tahri, a affirmé que bien qu'il en soit à sa deuxième formation gouvernementale, Youssef Chahed n'a toujours pas réussi à apporter de vraies réformes et de sérieuses actions au pays. Pour Sami Tahri, le gouvernement de Youssef Chahed a pris son temps et la réunion des signataires du pacte de Carthage sera l'occasion pour l'UGTT de présenter son évaluation de l'action gouvernementale. Une évaluation qui sera, toujours selon le concerné, discutée par les intéressés avant qu'il ne leur soit demandé, à leur tour, de présente l'estimation du bilan de Youssef Chahed. Il est clair aujourd'hui que la centrale syndicale ne souhaite plus soutenir le jeune chef du gouvernement et elle serait même prête à pousser vers un éventuel évincement de tout le gouvernement. Chahed serait, en effet, évincé au profit d'un nouveau chef et d'une nouvelle équipe qui serait qui serait composée de technocrates et compétences qui auraient pour principale mission de diriger le pays vers la Présidentielle et les législatives de 2019 avec, bien évidement, une promesse ferme de ne pas s'y présenter comme l'avait demandé le chef du mouvement islamiste, Rached Ghannouchi, à Youssef Chahed il y a quelques mois de cela. Au-delà des calculs politiques de certains et des vrais problèmes que vit le pays, l'UGTT se trouve dans une position délicate où son soutien au gouvernement et à la présidence est devenu problématique pour certaines de ses bases ou encore de ses syndicats ; les secteurs de la santé et de l'éducation qui se déchaînent depuis des mois et attendent aujourd'hui un soutien ferme de la part de leur centrale, et ce indépendamment de la légitimité de leurs requêtes. Les dirigeants de l'UGTT ont-ils le choix ? Certainement pas et leur changement de position vis-à-vis du gouvernement actuel finira certainement par faire son effet et on sera soit amené à mettre en place une nouvelle équipe soit, au meilleur des cas pour certains, d'aller vers un large remaniement partiel. Entre temps, la situation économique continue de gravement déraper avec une inflation sans précédent qui nous guette dans tous les recoins.