Youssef Chahed et son équipe semblent avoir bien contenu la situation après l'annonce, samedi dernier, du remaniement ministériel partiel. Une rencontre entre le chef du gouvernement et le secrétaire-général de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), Noureddine Taboubi, a suffi à calmer les ardeurs de la centrale syndicale qui a préféré changer de situation en faisant primer le discours de la raison. Pour l'Union tunisienne du commerce, de l'industrie et de l'artisanat (UTICA), et même si elle persiste sur le fait que la nomination de Khalil Gheriani n'a pas été faite sur son quota, cette même nomination a été basée sur la compétence et l'expérience. Du côté des partis signataires du pacte de Carthage, les mouvements de Nidaa Tounes et d'Ennahdha ont temporisé leur positionnement après une réunion et une conférence de presse conjointe. Les deux premiers mouvements au sein de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) ont appelé le gouvernement à plus de communication et de négociation tout en maintenant leur soutien à Youssef Chahed et son équipe. Nidaa Tounes, présidé par son directeur-exécutif, Hafedh Caïd Essebsi, a rendu visite à l'UGTT afin de mieux contenir la situation. De son côté, Afek Tounes, de par son président, Yassine Brahim, a préféré ne pas réagir catégoriquement à ce remaniement même si la présidente de son bloc parlementaire, Rym Mahjoub, a exprimé son étonnement quant à sa rapidité et à son timing. Pour l'Union patriotique libre (UPL) et le Mouvement projet pour la Tunisie (Al Machroû), tous deux signataires du pacte de Carthage, la situation est toute autre puisque les deux présidents, Slim Riahi et Mohsen Marzouk, avaient déjà annoncé leur retrait du document tout en officialisation, pour le premier du moins, leur positionnement du côté des partis de l'opposition. Après avoir rencontré le secrétaire-général de l'UGTT, Mohsen Marzouk n'a pas mâché ses mots pour s'attaquer au remaniement ministériel en estimant que, désormais, il ne s'agit plus d'un gouvernement d'union nationale mais plus d'un gouvernement d'Ennahdha où Nidaa Tounes n'est qu'un voile utilisé pour camoufler la réalité de la situation. Pour le secrétaire-général d'Al Machroû, le fait que le gouvernement commence à parler de la privatisation des trois banques étatiques cela veut dire qu'il y a une « mafiatisation » de l'économie nationale. Pour les autres partis signataires du même pacte – à l'instar d'Al Jomhouri, d'Al Massar ou encore du Mouvement populaire – la priorité est donnée à une réunion urgente entre toutes les parties prenantes avec le président de la République pour clarifier la situation. Si les premières tensions ont vite été absorbées, le malaise de certaines parties continue de se faire sentir et la circonstance difficile de la situation économique n'aide pas à arranger rapidement la situation comme le souhaite Carthage et la Kasbah. Cela sans oublier qu'un autre round attend l'équipe gouvernementale ; une partie difficile qui se jouera au Bardo où quelques députés commencent déjà à appeler à la nécessité d'une séance de vote de confiance au profit des nouveaux membres de l'équipe donnant l'exemple, pour légitimer leur requête, de l'ancien chef du gouvernement, Habib Essid, qui s'est dirigé lors du remaniement ministériel qu'il avait effectué au sein de son équipe vers le Parlement.