Après une première séance plénière très tendue, l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) a repris, hier, ses travaux relatifs à la décision de la prolongation du mandat de l'Instance vérité et dignité (IVD). Devant les élus du peuple, la présidente de l'Instance, Sihem Ben Sedrine, a tenu un discours où elle a bien fait comprendre que la prolongation du mandat relève uniquement du Conseil de l'IVD et que l'ARP ne peut que demander des explications sans se donner le droit de valider ou de rejeter une telle décision. Sur Mosaïque FM, une information a été relayée selon laquelle Ben Sedrine aurait promis aux siens de poursuivre sa mission indépendamment de l'aboutissement du vote des élus. Des élus qui se chamaillent, depuis samedi, sur cette question qu'ils considèrent comme fatale, nous ont rappelé, peut-être sans faire exprès, la nature des scissions de la scène politique. Ainsi, le consensus a vite été oublié au profit d'un retour, au galop, de la nature : Ennahdha, dans son soutien inconditionnel à Ben Sedrine, a été accompagné par l'ancien CPR et actuel Irada, le Courant démocratique et le Front populaire. De l'autre côté, on retrouve le mouvement de Nidaa Tounes dans sa forme d'antan, avant qu'il ne soit divisé sur plusieurs autres blocs. Si les premiers cherchent désespérément à faire passer la prolongation de l'IVD en accusant les autres d'être hostiles à la justice transitionnelle, les seconds ont trouvé une alternative qui ne fera qu'envenimer encore plus la situation ; remercier Sihem Ben Sedrine et prolonger ledit mandat en procédant à la désignation, consensuelle, d'un nouveau président pour l'Instance. Une initiative violemment rejeté par les députés de la première catégorie dont l'un d'eux, Imed Daïmi, a pris la parole pour clamer que Ben Sedrine est l'IVD et l'IVD est Ben Sedrine. De leur côté les islamistes et leurs sympathisants n'ont trouvé mieux que de viser directement le président du Parlement, Mohamed Ennaceur, en expliquant qu'ayant travaillé pour le compte de l'ancien régime, il ne peut pas avoir un rôle dans cette polémique. Certains élus, à l'instar de Ghazi Chaouachi, ont même initié une pétition pour retirer la confiance à Ennaceur et à l'évincer de son siège de président. La séance d'hier a totalisé plus de huit heures d'interventions de la part des députés, qui, pour leur majorité, n'ont à aucun moment su faire passer leurs messages sans passer soit par la violence soit par le dénigrement de leurs adversaires respectifs. Après que le député du bloc démocratique, Mabrouk Herizi, ait affirmé, samedi, être un kamikaze prêt à se faire exploser sur le président du Parlement, il faut dire que les attentes relatives aux discours des élus ne volent plus très loin. Entre temps, certains, comme Mustapha Ben Ahmed, ont prédit que les polémiques continuelles provoquées par l'IVD et sa présidente, finiraient, très bientôt par causer un réel chamboulement dans la rue tunisienne.