- Les enseignants ont maintenu leur grève, suivie selon la Fédération, à 99,9 %, montrant que les dernières décisions du ministre de l'Education sont tombées dans les oreilles d'un sourd. La situation tourne à la catastrophe, avec un ministre de l'Education intransigeant qui ne veut pas commencer les négociations sous la pression, et un syndicat beaucoup plus intransigeant qui s'entête à considérer que la rétention des notes des pauvres élèves va lui permettre de satisfaire la totalité des revendications qui, le moins que l'on puisse dire exagérées, au vue de la conjoncture actuelle dans le pays. Tout le monde perd son latin, dans ce bras-de-fer entre le ministre de l'Education, Hatem Ben Salem, et le secrétaire général de la Fédération nationale de l'enseignement secondaire, Lassaad Yakoubi, donnant l'impression que le conflit est devenu politisé de belle manière, surtout que ce dernier prend comme paravent son second, le secrétaire général-adjoint, pour faire passer ses messages. Maintenant, la situation a pris une grave tournure, avec cet entêtement des deux parties, au grand dam des élèves et de leurs parents, et avec, pour objectif pour chacun de ne pas plier le premier et de sauver la face... mais le problème est plus profond, avec un dialogue de sourds qui ne peut conduire qu'au désastre, avec une année blanche qui se profile à l'horizon et des élèves dégoutés de l'enseignement, des syndicats et des politiciens. Le premier à avoir perdu la face est le secrétaire général de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) qui avait joué le médiateur, avec une éclaircie attendue pour mardi dernier, mais qui avait été trahi par le syndicat de l'enseignement et son secrétaire général, ainsi que par le gouvernement qui, on peut le penser, devait avoir promis une reprise des négociations. Le second à l'être est le chef du gouvernement qui avait donné carte blanche au ministre de l'Education pour résoudre le problème. Mais Hatem Ben Salem aurait pu entamer les négociations, appliquer la loi et poser ses conditions concernant la remise des notes, dans un face-à-face direct avec ses vis-à-vis, tout en les sensibilisant aux dégâts qui vont découler de l'entêtement des deux parties. Loin de là, le ministre de l'Education a réitéré le refus de son département d'entamer des négociations avec la Fédération générale de l'enseignement du secondaire avant l'annulation de sa décision de retenir les notes. "Le ministère va appliquer la loi et prendra toutes les mesures administratives contre la décision de retenue des notes, mais nous sommes disposés à négocier avec la fédération hors des pressions et des menaces et à condition de lever la confiscation des notes", a déclaré le ministre, mardi à l'agence TAP à la veille de la grève décidée par le syndicat. "L'appel lancé par la fédération à la grève mercredi est une escalade qui nous a surpris et qui a nui aux efforts de négociations entre le ministère et l'UGTT", a déploré le ministre. Il a indiqué qu'un échange de points de vue s'est déroulé pourtant de façon positive lundi entre le secrétaire général de l'UGTT, les ministres de l'Education et des Affaires sociales, sur instructions du chef du gouvernement Youssef Chahed. "Cette réunion s'inscrivait dans le cadre de l'initiative du secrétaire d'Etat et non dans le cadre de négociations mais visait à trouver des compromis garantissant les intérêts et la dignité de l'Etat et assurant les droits des éducateurs et des professeurs", a précisé Hatem Ben Salem. La fédération générale de l'enseignement secondaire a maintenu sa décision et a observé, hier, une grève générale devant les sièges des commissariats régionaux de l'éducation. "Le syndicat réclame à l'autorité de tutelle de fixer une date pour une séance de négociation "sans conditions", a indiqué à la TAP, le secrétaire général adjoint de la fédération, Morched Driss. Selon lui, la grève a connu un taux de réussite de 99.9%, soulignant que cela démontre que les bases se sont mobilisées autour de leur structure syndicale pour réclamer la satisfaction de leurs revendications "légitimes". L'objectif de cette grève, a-t-il dit, est de montrer au ministère de l'Education et au gouvernement que la Fédération générale ne renoncera pas à ses revendications et ne se soumettra pas aux conditions de l'autorité de tutelle qui refuse de s'assoir à la table du dialogue. Et d'ajouter que la fédération générale de l'enseignement secondaire tiendra dans les prochains jours une commission administrative afin d'évaluer la situation et discuter des prochaines décisions à prendre. Toutefois, les faits font douter de la véracité de ces affirmations, puisque le directeur général de l'enseignement au ministère de l'Education a affirmé, pour sa part, que 35 % des enseignants ont remis les notes à l'administration de leurs établissements.