Située à Tunis et plus précisément au quartier de Mutuelleville, la Maison de l'AUF (Agence Universitaire de la Francophonie) a été inaugurée, hier, en présence de nombre d'officiels et de directeurs d'universités ainsi que du ministre de l'Enseignement supérieur, Slim Khalbouss, du recteur de l'AUF Jean-Paul de Gaudemar et de l'Ambassadeur de France en Tunisie. Abritant l'Institut de la Francophonie pour l'ingénierie de la connaissance et la formation à distance (IFIC) et le Campus numérique francophone (CNF) de l'AUF, cet édifice se veut être un espace francophone d'échange, de partage, de collaboration et de connectivité entre les universitaires de Tunisie, du Maghreb et de la Méditerranée. La preuve ? Bon nombre de projets d'envergure qui n'attendent que d'être concrétisés et un réseau de partenaires qui ne cesse de croître. Créée en 1961, l'AUF est une association internationale d'universités francophones déployée aux quatre coins du monde et qui recense près de 850 établissements universitaires. L'inauguration de la Maison de l'AUF en Tunisie s'inscrit dans le cadre du renforcement de la présence de l'Agence au Maghreb et pas seulement en Tunisie. Cette décision a été prise suite à la croissance exponentielle du nombre d'institutions membres dans la région. En Tunisie, le réseau AUF est actuellement fort d'une collaboration avec 17 universités et établissements universitaires. D'autres partenariats sont en cours de mise en place. « Ce n'est pas tant l'Agence qui compte mais ses membres et la dynamique qu'ils créent tout autour. Sans eux et sans leurs efforts continus, l'AUF n'aurait pas de sens », affirmait lors de son allocution Jean-Paul de Gaudemar. Continuant sur sa lancée, le recteur de l'AUF déclarait : « On ne peut plus penser et concevoir l'enseignement comme au 13ème siècle. Il faut avancer et surtout innover. Nous devons être au cœur du développement et du changement et nous ne pouvons donc pas nous passer d'un enseignement de qualité, d'un transfert de technologies et d'une recherche de haut niveau. L'idée, à travers l'AUF et notamment à travers la Maison de l'AUF, c'est de créer une solidarité active à travers laquelle les établissements universitaires les plus performants et les plus riches pourront faire profiter aux autres de leurs expertise et ressources. » Les grands axes de collaboration Prenant la parole à son tour, Slim Khalbouss, ministre de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique a rappelé que la Tunisie était, depuis quelques années, un grand chantier à ciel ouvert et que l'enseignement supérieur à l'instar d'autres secteurs était en pleine réforme. « La Tunisie a depuis toujours misé sur le savoir et sur l'excellence et nous nous devons de continuer sur cette lancée. C'est pourquoi nous avons besoin du soutien de tous nos partenaires et l'AUF en est un dont nous ne pouvons pas nous en passer. Nous portons conjointement des projets en matière d'enseignement universitaire numérique qui ne peuvent qu'être bénéfiques à l'ensemble de la communauté universitaire aussi bien enseignants, chercheurs qu'étudiants», a-t-il affirmé. Le ministre a ensuite passé en revue les quatre grands axes de collaboration avec l'AUF à commencer par l'employabilité des diplômés du supérieur. Selon les dernières statistiques de l'Institut Supérieur de la Statistique (INS), la Tunisie compterait plus de 270.000 chômeurs parmi les diplômés de l'enseignement supérieur. Pour faire face à ce problème persistant et handicapant, le ministre a évoqué le projet SALEM, l'une des initiatives mises en place en partenariat avec l'AUF. Basé sur l'idée de l'étudiant entrepreneur, ce projet sera lancé à la rentrée prochaine dans deux universités, celle de Carthage et de Sfax, pour un essai pilote avant d'être généralisé un peu partout dans le reste des universités. Autre grand axe de coopération entre le ministère et l'AUF, l'accréditation des établissements tunisiens d'enseignement supérieur. Ce n'est pas un choix,concède le ministre qui explique que les établissements universitaires européens ont fait le choix de ne plus nouer de partenariat, à l'horizon de 2020, qu'avec des établissements accrédités, ce qui oblige les universités tunisiennes à se structurer et se mettre aux normes afin de ne pas se retrouver mises au ban de la dynamique universitaire internationale. Le troisième axe de collaboration portera sur la recherche scientifique. Dans son allocution, le ministre a rappelé que la Tunisie était classée première en Afrique en terme de recherche universitaire et de publications. Mais si la qualité est toujours au rendez-vous, l'impact de ces recherches et études reste faible, ce qui creuse un grand fossé entre le domaine scientifique et l'opportunité économique. Le ministre a déclaré à ce propos : « Pendant longtemps, les chercheurs ont été conditionnés pour ne pas quitter la sphère académique, condamnés à devenir enseignants dans le public, point barre. C'est une erreur stratégique. Il faut réorienter la recherche scientifique de manière à ce qu'elle devienne rentable et ait un impact plus conséquent sur la société. Pour cela, un changement des mentalités s'impose mais aussi une restructuration de la recherche scientifique, avec toujours les mêmes moyens dont disposent les établissements d'enseignement supérieur et le ministère. » Un lieu de partage, dans l'ère du temps Le quatrième axe de coopération et non des moindres est la digitalisation. Dans un monde qui avance à vitesse grand V et où toutes les informations sont à portée de main sur le web, nul besoin désormais de se déplacer pour y accéder et en bénéficier. C'est dans ce cadre que s'inscrit le projet Bibliothèque Numérique qui sera très prochainement mis en place et qui mettra à la disposition de la communauté universitaire, en Tunisie et ailleurs, nombre de ressources scientifiques nécessaires pour faire avancer la recherche et pour enrichir les connaissances de chacun. Cet échange d'informations et cet esprit de partage sans conditions est à l'image de l'AUF et plus particulièrement de la Maison de l'AUF telle qu'elle a été pensée. Cet espace n'a-t-il pas été conçu afin d'être un lieu d'accueil moderne et pédagogique pour échanger et collaborer autour de projets universitaires pour la formation comme pour la recherche, ouvrant ses portes aussi bien aux étudiants comme aux enseignants chercheurs ?