Depuis le 21 avril et jusqu'au 11 mai, la galerie Aïn aux Jardins de Salammbô abrite une exposition collective à laquelle participent des artistes plasticiens, fidèles à cet espace, issus de générations différentes. Plus d'une trentaine d'œuvres récentes décorent les cimaises de la galerie, appartenant à dix artistes-plasticiens dont Mohamed Ayeb, Bady Chouchène, Mustapha Denguezli, Mokhtar Hénène, Zohra Larguèche, Hechmi Marzouk, Mohamed Njah, Habib Saïdi, Fatma Samet et feu Manoubi Boussandel à qui est dédiée cette exposition où se tiendra la semaine prochaine une cérémonie en hommage à cet artiste illustre. Bady Chouchène, toujours fidèle au thème du patrimoine et de la Médina, est présent avec quatre œuvres, sauf que cette fois, l'artiste se focalise sur les personnages et les métiers du quartier populaire en illustrant les marchands de poissons, la vendeuse de malsouka ou encore la vendeuse de tabouna, des œuvres de peinture à huile où il faut admirer la gamme chromatique, la composition des éléments, le jeu du clair-obscur et surtout le mouvement dû aux touches tantôt épaisses ou minces, tantôt claires ou sombres. L'artiste Zohra Largueche, doyenne des aquarellistes en Tunisie, qui fait partie des premières promotions de l'Ecole des beaux-arts, nous offre à voir ses magnifiques tableaux en aquarelle qui donnent à rêver, si bien qu'on s'attarde à contempler son œuvre intitulée « Aïn Draham », cette ville montagnarde avec ses beaux paysages et ses maisons en toits de tuiles rouges, une couleur qui s'harmonise merveilleusement avec la verdure de la forêt environnante Les tableaux en aquarelle de Mustapha Denguezli sont respectivement intitulés « Minaret », « La Médina sublimée », « Marine », « Pause Café » et « Nostalgie. On y relève la magie des couleurs et des lumières. L'artiste Habib Saadi nous offre à voir cinq œuvres, huile sur toile et gouache sur papier dont le tableau « Martyrs » qui présente des femmes mortes en martyrs, tombées à même le sol et d'autres encore vivantes, représentant l'espoir et l'avenir. Mokhtar Hnène, artiste plasticien chevronné faisant partie de la première génération de l'école des Beaux-arts de Tunis des années 60, nous donne à voir trois toiles de peinture à huile, à savoir « Rue Ben Nejma », « Rue de la carrière » et « Sbil de la Médina » où il se concentre sur un aspect architectural de la Médina : la rue, cet élément névralgique du quartier arabe qui évoque une certaine nostalgie des temps passés. La sculpture est présente dans cette exposition avec Hechmi Marzouk, sculpteur renommé de la génération des années 60-80, réalisateur de la statue de Habib Bourguiba de la Goulette. Il présente trois travaux, sculptures sur bois et sur bronze représentant des femmes « Danseuse », « Ballerine » et « Femme voilée ». Il y a également les deux ouvrages de tapisserie de Mohamed Njah « Machmoum » et « Traces de minuit » où l'on peut apprécier les techniques artisanales, artistiques et décoratives et contempler où l'harmonisation des couleurs et des motifs. Quant à Fatma Samet, elle est parmi la génération des années 80, élève de Safia Farhat, ne cessant de rénover l'art de la tapisserie. Elle nous présente deux ouvrages de tapisserie appelés « Mkhabla fi Chourha », allusion faite à Jazia Hélalia, et « Au vent » où l'on constate une certaine recherche plastique dans la conception et la réalisation des tapis. Le visiteur s'attarderait devant les deux œuvres récentes de l'artiste-photographe de Mohamed Ayeb, qui grâce à des manipulations numériques, a réussi à nous présenter des photos transformées en toiles picturales. Ces œuvres ont dû passer par un processus infiniment complexe et une approche plastique nouvelle de la photo, sans oublier une charge de sensibilité de la part de l'artiste. Deux tableaux en acrylique sur papier de feu Manoubi Boussandel, ce grand artiste de talent, à qui est dédiée cette exposition, sont exposés. Il s'agit de « Nature morte » et de « Le penseur ».