La galerie Aïn abrite depuis le 23 mars et jusqu'au 06 avril une exposition de groupe, réunissant différentes générations de plasticiens tunisiens. A l'occasion, six artistes, 26 œuvres aux multiples techniques ont investi les cimaises de la galerie Aïn où se mêlent la peinture à huile, l'aquarelle, l'acrylique, le pastel et la tapisserie. « Les travaux exposés, nous a dit Mohamed El Ayeb, maitre de céans, couvrent différentes étapes de l'histoire des arts plastiques en Tunisie, période qui s'étend des premiers diplômés de l'Ecole de beaux-arts jusqu'à nos jours, mettant l'accent sur l'évolution esthétique progressive des différents genres de l'art plastique » Commençons par la tapisserie de Fatma Samet dont les deux ouvrages occupent tout un mur de la Galerie et qui frappent par leurs lignes, motifs et couleurs: « Horizons insulaires » et « Camaïeux de blanc » sont les deux œuvres de tapisserie où l'on peut lire tout le savoir-faire de cette artiste tapissière bien ancrée dans les traditions artisanales et toujours fidèle à ses origines, à son île natale : Kerkennah. La tapisserie de Mohamed Njeh présentée par deux ouvrages, révèle un autre style de tapisserie où la fonction artistique le remporte sur la fonction décorative et où s'harmonisent nuances de couleurs et motifs simples et complexes. Ses œuvres « Lever du jour » et « Ecritures » sont chargées de motifs et d'écritures où l'on peut voir évoluer les techniques traditionnelles qui sont imprégnées avec l'air du temps. On y trouve des bas-reliefs, des points noués, de la calligraphie, des compositions géométriques ainsi que des motifs berbères. Le patrimoine y est toujours scrupuleusement respecté et à la fois enrichi. Victor Sarfati, le maitre incontesté en Tunisie dans l'aquarelle, participe à cette exposition avec 10 tableaux d'où se dégagent une extrême vitalité et une grande maitrise de cette technique que la majorité des peintres ont tendance à éviter pour la précision, la méticulosité et les contraintes qu'elle exige de la part de l'artiste. Dans les tableaux exposés, on remarque l'omniprésence de la femme et des scènes de la vie quotidienne peinte toujours avec beaucoup de dextérité et de sensibilité, comme dans ces titres : « Adolescente », « La Mariée », « Promenade », et « La Petite sœur », mais aussi ses autres tableaux nous rappellent la prédilection de l'artiste pour le cheval, comme dans « Cavaliers de face » et « Fantasia » où se révèlent toute l'élégance et toute la puissance de cet animal. Les tableaux de Sarfati procurent un grand bonheur aux visiteurs grâce à la richesse, la transparence et la luminosité des motifs et des couleurs utilisés. Bady Chouchène, quant à lui, il nous présente cinq toiles en peinture à huile portant sur le patrimoine et la tradition où la démarche expressionniste est manifeste et où le mouvement et la gestualité sont explicites. Les toiles « Porte bleue », « Femmes de Kairouan », « Bazar », « Médina » et « Nahj El Bey » séduisent par le jeu chromatique adopté par l'artiste qui se distingue par son harmonie et sa fluidité. Habib Bida s'associe à cette exposition avec ses cinq toiles à acrylique qui attirent l'attention du visiteur par cette explosion de couleurs qui tantôt se combinent et se marient, tantôt s'éloignent et se dissocient, pour enfin donner une entité cohérente, consistante et élégante : c'est la complémentarité dans la différence. Ses œuvres sont remarquables par leur valeur esthétique et thématique et leur niveau plastique élevé. Parmi ces titres, on peut citer « Transmutation » qui révèle le souci de l'artiste d'aller avec son art vers des horizons inconnus, là où l'on peut dévoiler un certain secret et atteindre le sublime, le beau, le parfait. Fethi Zbidi nous propose deux compositions aux techniques mixtes « Composition I » et « Composition II » où se mêlent l'écriture, les formes, les signes, les symboles et les couleurs qui, outre leur richesse, leur diversité et leur complexité, dénotent d'une certaine spontanéité créatrice, propre à l'artiste.