La Fédération générale de l'enseignement secondaire a, encore une fois, donné du fil à retordre à la direction de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT). Alors que tout le monde croyait qu'une sortie de crise se profilait après la décision de la reprise des cours demain dans le collèges et les lycées et la remise des notes à l'administration prise par la commission administrative nationale de la centrale syndicale, la fédération dirigé par l'impétueux syndicaliste Lassâad Yaâcoubi a appelé, lundi soir, les enseignants à ne pas appliquer à poursuivre la suspension des cours et la rétention des notes. «La suspension de la grève ouverte et la remise des notes n'est autre qu'une proposition de la commission administrative nationale. La décision de suspendre effectivement les activités revendicatives dans le secteur de l'enseignement secondaire ne peu être prise que par la commission administrative sectorielle de l'enseignement secondaire», a expliqué un membre de la fédération. Dans le même temps, le secrétaire général de l'UGTT, Noureddine Taboubi, a déclaré à radio Mosaïque FM, que «la décision de la commission administrative nationale doit être respectée par toutes les structures vu qu'il s'agit de la plus haute instance de la centrale syndicale». « Au niveau de l'UGTT, le front interne est uni », a-t-il encore martelé, hier, lors d'un rassemblement d'enseignants venus participer à une rencontre des représentants des régions organisée par la Fédération à la Place Mohamed Ali. De son côté, le secrétaire général adjoint de l'UGTT chargé du secteur privé, Mohamed Ali Boghdiri, a indiqué, hier, la fédération générale de l'enseignement secondaire allait se soumettre à la décision de la commission administrative nationale. Outre la reprise des cours et la restitution des notes, la commission administrative nationale de l'UGTT avait décidé de confier le dossier de l'enseignement secondaire au bureau exécutif tout en laissant ses travaux ouverts, jusqu'à ce que le gouvernement réponde aux demandes des enseignants et entame les négociations. Le secrétaire général de l'UGTT Noureddine Taboubi avait affirmé à la radio Mosaïque FM que les négociations entre la fédération générale de l'enseignement secondaire et le gouvernement devaient débuter mardi. Désolidarisation Pour rappel, la fédération générale de l'enseignement secondaire avait lancé dimanche une «initiative» dans laquelle elle a promis une suspension de la grève des enseignants «dès le début de négociations sérieuses responsables et sans conditions avec les ministères de tutelle». Mais le gouvernement a rejeté lundi cette initiative, indiquant qu'elle ne comporte que des conditions et que les négociations ne pourraient en aucun cas se dérouler de cette manière. Le mouvement de protestation vise à satisfaire un certain nombre de revendications, dont la revalorisation de certains indemnités pour restaurer le pouvoir d'achat des enseignants et l'adoption d'un départ à la retraite à 55 ans, l'enseignement ayant été classé parmi les métiers à forte pénibilité. Mais le gouvernement, qui s'est fixé pour objectif de réduire les dépenses publiques, juge ces revendications excessives et estime leur impact financier à plus de 500 millions de dinars par an. A noter par ailleurs que la direction de la centrale syndicale s'était déjà désolidarisée par le passé de plusieurs mouvements de protestation encadrés par des syndicats qui lui sont rattachés. Fin décembre dernier, la direction de l'UGTT avait désavoué deux grèves décrétées par les syndicats de base des recettes de finances et des bureaux de contrôle des impôts, allant même jusqu'à les qualifier de «mouvement suspect». En mars 2017, le Bureau exécutif de l'organisation ouvrière avait refusé de donner son feu vert à la suspension des cours dans tous les établissements scolaires du pays décidée par le syndicat général de l'enseignement secondaire. Ce dernier avait alors indiqué que le refus du bureau exécutif de la centrale syndicale de la suspension des cours s'inscrivait dans le cadre des « luttes démocratiques» qui ont toujours eu lieu au sein de l'organisation.