Le syndicat général de l'enseignement de base et du syndicat général de l'enseignement secondaire ont finalement décidé de jouer la carte de l'apaisement à l'issue des réunions tumultueuses de leurs commissions administratives sectorielles tenues le week-end dernier. Les deux puissants syndicats rattachés à l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) ont en effet chargé le Bureau exécutif et le secrétaire général de la centrale syndicale, Noureddine Taboubi, de poursuivre les négociations avec le chef du gouvernement à propos du limogeage du ministre de l'Education, Néji Jalloul. Ainsi, la menace de suspension des cours longtemps brandie par les syndicats ne sera jamais exécutée, et l'année scolaire est sauvée. Le principal artisan de ce triomphe de la raison sur l'emportement est le secrétaire général de l'UGTT qui a pesé de tout son poids et usé de toutes ses qualité d'habile négociateur pour tempérer les ardeurs de ses impétueux lieutenants, Lassaâd Yaâcoubi et Mastouri Gammoudi, dirigeants respectifs du syndicat général de l'enseignement secondaire et du syndicat général de l'enseignement de base. Les membres de la commission administrative du syndicat du secondaire ont en effet été tout au long de la réunion favorables à une suspension des cours jusqu'au limogeage du ministre Jalloul. Un peu moins radicaux, les membres de la commission administrative du syndicat général de l'enseignement de base se sont prononcés, quant à eux, pour une grève administrative, c'est-à-dire la rétention des notes des examens du second semestre. Mais alors que les deux syndicats s'apprêtaient à se concerter pour décider d'une action commune, Noureddine Taboubi, a convoqué Lassaâd Yaâcoubi et Mastouri Gammoudi pour les informer d'un accord secret qu'il aurait conclu avec le Chef du gouvernement et les convaincre de renoncer à la suspension des cours à quelques semaines de la fin de l'année scolaire. La proposition de charger le Bureau exécutif de la centrale syndicale de poursuivre les négociations avec le chef du gouvernement à propos du limogeage du ministre de l'Education a été approuvée, non sans accrocs, par les membres des commissions administratives des deux syndicats. Selon des sources syndicales, M. Tabboubi aurait tapé du poing sur la table et expliqué aux dirigeants de ces syndicats qu'une suspension des cours en ce moment ne pourrait que ternir l'image de l'UGTT auprès de l'opinion publique et provoquer des dissensions internes au sein de l'organisation. Pour rappel, le bureau exécutif de l'organisation ouvrière avait décidé de ne pas cautionner la décision du syndicat de l'enseignement secondaire d'arrêter les cours dans les collèges et les lycées à partir du 27 mars dernier. Il avait cependant appelé le chef du gouvernement à «trouver une alternative à la tête du ministère de l'Education afin de garantir un climat éducatif sain», faisant porter «la responsabilité de la dégradation de la situation à l'actuel ministre Néji Jalloul». Quoi qu'il en soit, la nouvelle direction de l'UGTT a prouvé, encore une fois, sa capacité à recadrer les syndicats rebelles et confirmer sa réputation d'organisation patriotique qui place l'intérêt du pays au dessus de toute autre considération.