La grève sauvage de cinq jours décrétée lundi dernier dans les recettes des finances et les bureaux de contrôle des impôts par syndicats de base relevant de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) continue à faire des vagues. Dix-neuf syndicalistes ont annoncé, dans un communiqué rendu public hier, avoir présenté leur démission collective en signe de protestation contre «le refus de la direction de la centrale syndicale de cautionner des mouvements de protestation émanant de la base». Les responsables syndicaux démissionnaires ont également menacé de «se retirer définitivement de l'UGTT » et de «chercher de nouveaux cadres pour s'organiser si la centrale syndicale continue à marginaliser la base». La direction de l'UGTT avait désavoué deux grèves décrétées par les syndicats de base des recettes de finances et des bureaux de contrôle des impôts, allant même jusqu'à les qualifier de «mouvement suspect». La Fédération générale de la planification et des finances rattachée à la centrale syndicale a en effet indiqué que le mot d'ordre de ces grèves ne l'engage pas vu qu'il n'a pas été lancé par les instances légales. Les statuts de l'UGTT stipulent que tout mot d'ordre de grève dans un secteur bien déterminé doit être lancé par la commission administrative du syndicat général ou de la fédération générale regroupant l'ensemble des syndicats de base de ce secteur et avalisé par le Bureau exécutif de la centrale syndicale. Or, le mot d'ordre de la grève a été lancé par les syndicats de base des recettes des finances relevant de l'UGTT en vue de faire pression sur le ministère des Finances pour le pousser à appliquer les accords conclus précédemment dont notamment ceux relatifs à la promulgation du statut des agents de recouvrement des impôts. Les syndicats de base ont également exprimé leur rejet des décrets N°1156, 1157 et 1158 portant sur l'organisation et les attributions des services extérieurs de la direction générale des impôts au ministère des Finances ainsi que les conditions d'intervention de la direction des moyennes entreprises. Lundi dernier, le secrétaire général de l'UGTT, Noureddine Taboubi, avait haussé le ton contre les syndicats de base des recettes des finances. «Ceux qui violent les statuts et le règlement interne n'ont pas de place au sein de la centrale syndicale », a-t-il lancé. Mettant ses menaces à exécution, la direction de la centrale syndicale a gelé les activités de 12 dirigeants de syndicats de base des recettes des finances pour «dépassements graves et insubordination aux décisions de l'organisation». La fédération générale de la planification et des finances a précisé le motif de la grève est devenu caduc suite là l'adoption par l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) d'une loi prévoyant la mise en place de l'instance générale de la fiscalité, de la comptabilité publique et du recouvrement, ce qui permettrait la promulgation d'un statut spécifique aux salariés du secteur, toutes catégories confondues. La direction de la centrale syndicale s'était déjà désolidarisée par le passé de certains mouvements de protestation. En mars dernier, le Bureau exécutif de l'organisation ouvrière avait refusé de donner son feu vert à la suspension des cours dans tous les établissements scolaires du pays décidée par le syndicat général de l'enseignement secondaire. Ce dernier avait alors indiqué que le refus du bureau exécutif de la centrale syndicale de la suspension des cours s'inscrivait dans le cadre des « luttes démocratiques» qui ont toujours eu lieu au sein de l'organisation.