La calligraphie, art ancestral, retrouve ses lettres de noblesse grâce à une nouvelle génération soucieuse de conserver ce patrimoine culturel. Plusieurs tunisiens se distinguent au sein de cette nouvelle génération. Lassaâd Métoui, est un artiste tunisien qui s'est formé très jeune à la calligraphie. Il expose ses calligraphies « le pinceau ivre » à l'Institut du monde arabe du 11 avril au 30 septembre 2018. Lassad a un don et une passion pour la calligraphie depuis son enfance. Il a fasciné par cet art ancestral et authentique qui a gardé une richesse esthétique intemporelle. Il a pris conscience très tôt de la force d'expression plastique que peut avoir la calligraphie arabe. Il a saisi son potentiel expressif tantôt riche, tantôt complexe et d'une simplicité graphique hautement contemporaine. Il en est devenu un artiste majeur tout en faisant évoluer son art vers une modernité qui transcende les cultures, s'inspirant de la peinture occidentale. Ses aptitudes en dessin et son sens aigu d'observation et d'analyse lui ont permis de pratiquer la calligraphie de façon originale créant ainsi sa méthode personnelle qui lui a permis de maitriser en peu de temps les styles majeurs de la calligraphie arabe. Il explore à travers sa calligraphie de nouveaux horizons, laissant libre cours à la peinture, tantôt moderne, tantôt contemporaine, toujours affranchie et délicate. Sa pratique témoigne de la quête d'une modernité plastique qui emprunte plusieurs voies : des livres, où ses œuvres dialoguent avec les textes de Khalil Gibran, Roumi, Victor Hugo, Andrée Chedid, Yasmina Khadra ou Alain Rey, des expositions et des performances au cours desquelles le public assiste à la genèse de la pensée, du geste et des formes. Sur papier ou sur toile, les compositions de Lassaâd Metoui conjuguent les ondulations des lettres de l'alphabet arabe avec des motifs ancestraux ou issus de la nature. Elles sont nourries par la vision d'artistes qui ont interrogé le regard porté sur le réel – Delacroix, Matisse, Picasso, Giacometti, Hartung ou Soulages. Alain Rey, lexicographe amoureux de la langue et des signes, dévoile ici ses affinités électives avec l'œuvre du calligraphe au pinceau ivre. Son « Pinceau ivre » donne forme et couleur au langage et incarne les sons et rythmes de l'oralité. L'artiste réalise régulièrement des performances à travers le monde entier et a collaboré avec de nombreux écrivains dont la romancière Amélie Nothomb (Le Mont Fuji) et le linguiste et lexicographe Alain Rey (Le Voyage des mots). De ce dernier, depuis longtemps son complice, Jack Lang écrit que « Lassaâd Metoui a su rendre visible et palpable la délectation que génère la lecture de ses textes érudits et amusés ». Les oeuvres présentées dans l'exposition sont à l'image du parcours artistique et personnel du calligraphe. Elles font découvrir la flexibilité de la lettre arabe qui se fond dans le temps, et la dimension esthétique revêtue dans ces créations qui expriment une vision artistique exceptionnelle et une expérience pionnière dans le maniement de la lettre arabe et de la calligraphie. Lassaâd Métoui navigue sans cesse entre la rigueur du passé de la lettre, fidèle au précepte ancestral de la calligraphie traditionnelle arabe, et l'attrait de la culture picturale. Dans son style contemporain, la calligraphie mêle la beauté de la lettre arabe sinueuse à l'éclat des couleurs. Le mélange et le brassage de ces deux états aboutit à un tableau artistique.